dimanche 29 mars 2020

Confinement, chapitre 2

Dimanche 29 mars, J13

Et oui, déjà 13 jours... Ça passe vite quand même, et les jours se ressemblent un peu, voire beaucoup. C'est peut-être pour ça que je n'ai rien posté de la semaine, ici.




Sur Facebook c'est toujours vivant. Je suis parfois inspiré pour pondre une connerie, et j'assiste plutôt amusé aux délires de certains. La page des fans du professeur Raoult  est d'ailleurs assez fabuleuse. Certains sont vraiment persuadés qu'il a le remède miracle qui va les sauver, que l'état ne veut pas les soigner, etc. Je me suis mal placé pour savoir ce que vaut la chloroquine, même si ça semble marcher et si c'est utilisé en Italie, mais j'essaie de ne pas voir des complots partout. Même si l'on se doute que le labo qui va sortir le bon vaccin va se faire des couilles en or, comme dit cette élégante expression.

A part ça la maladie avance. Je n'ai pas les chiffres sous les yeux, mais de tête on a passé les 10 000 morts en Italie, 6000 en Espagne, 2000 en France, et les Etats Unis viennent de nous doubler et sont bien partis pour être rapidement les premiers de la classe. Là bas comme ici, il y aura fort à dire sur la gestion de la crise, la non anticipation, et les manquements que cela aura entraîné en nombre de masques, de tests, et plus généralement en moyens pour la santé. A la fin de la guerre il y aura quelques tribunaux d'exception qui devront se mettre en place.


Pendant ce temps je mène ma vie de confiné. Lever sans sonnerie du réveil, un oeil sur ce qui se passe par la lucarne d'internet, une heure de sport, généralement course à pied mais parfois marche ou gainage. Du temps passé ou perdu à ne pas faire grand chose, mais aussi un grand rangement dans mon appart. Je ne compte plus les sacs poubelles balancés, les paires de chaussures et les sacs de fringues emmenés à la borne de récupération. Cette période n'aura pas été vaine.






Lundi Edouard Philippe nous précisait les nouvelles règles de sortie pour l'exercice physique : à 1km du domicile maximum, et pas plus d'une heure. Ajouté à cela l'arrêté préfectoral interdisant les berges, les zones vertes et les sentiers balisés, le choix de sorties s'est bien restreint.

Mais j'y arrive cependant en tournant dans le quartier. Et bien sûr en règle, avec l'attestation bien remplie. Dès le lendemain je subissais d'ailleurs mon premier contrôle, sans souci puisque j'étais dans les clous.



Mais il ne faut pas négliger la mauvaise ambiance qui règne par endroits, avec des dénonciations de voisins qui sortent trop, des lettres anonymes qui demandent à des infirmières d'aller habiter ailleurs car par leur métier elles présentent trop de risques.
Quand après l'allocution de Castaner parlant de "bon citoyen" j'évoquais la collaboration je ne pensais pas être dans le vrai. Malheureusement...



Je lis aussi, Marianne, Le Point, pour avoir d'autres analyses que celles des chaînes infos qui tournent beaucoup en rond.

Sur ce je crois avoir rapporté ici toutes les conneries imaginées dans la semaine, à peu près.

J'ai aussi compris, en rentrant des courses avec les bras chargés, à la limite de la tendinite, que les personnes âgées avec leur beau chariot à rayures étaient en fait les maîtres du monde.




Et puis j'ai aussi recommandé de ne pas négliger les bienfaits d'une vieille eau de vie, à mon avis bien plus efficace que toutes les chloroquines du monde.



Et pour terminer (mais je l'avais peut-être déjà écrit la semaine dernière) je me suis remis à la guitare. Surtout les premiers jours, là c'est peu plus de temps en temps, quand j'en ai envie (la mauvaise foi serait de dire que je n'ai pas le temps).




***

Jeudi 02 avril, J17

Quoi de neuf ? La routine, qui est quand même plus agréable quand il fait soleil, ce qui n'est pas le cas. Je ne suis pas très sportif cette semaine, un peu de footing, un peu de gainage / abdos, le minimum.

Par contre déjà deux apéros téléphoniques pour cette semaine, et ça ce sont des moments qui apportent de la joie dans la journée.




Dont un suivi d'un morceau de Wasp joué et chanté à la guitare, que j'ai aussitôt balancé sur Facebook. Ca se fait beaucoup ces temps-ci, par des inconnus ou des gens célèbres comme Cabrel qui en publie un chaque soir.

Ce n'était pas évident d'oser, mais l'accueil a été très bon, malgré quelques maladresses dans le jeu.




Mais avant ça je m'étais offert une petite compétition le dimanche 29 mars. Compte- rendu :


Le dimanche c'est compétition. J'aurais préféré être sur le Trail de Quillan, mais le monde entier en a décidé autrement.
Me voici donc en coureur / organisateur engagé sur les 60 minutes chrono de Pech David.

Dans la semaine création de l'affiche, reco du parcours, approvisionnement du ravito.



Une boucle de 630m, avec 30m de dénivelé, hors sentier balisé, à moins d'un kilomètre du domicile, tout ça. Fuck les collabos.

Ce matin, nouvelle heure, ancienne heure, je ne sais plus, départ de la course. J'enchaîne les boucles, en perdant le compte, mais en n'oubliant pas de m'arrêter régulièrement au ravito.





Sur la fin j'accélère pour essayer de caser quatre dernières boucles, puis voyant que ça ne passera pas je fais au contraire la dernière tranquille.

Au final, la montre donnera 9,94km et 370md, et bien sûr une victoire.


On notera également la coupe aérodynamique. Ne riez pas, avant la fin du confinement vous passerez aussi par la case auto-coiffure.





A part ça les jeux et les chaînes se multiplient sur Facebook pour passer le temps. Ce n'est pas comme ça que mon rangement avance, mais tant pis. De toute façon c'est parti jusqu'à au moins fin avril pour le confinement.

Donc voici deux archives, moi à 20 mois, et encore moi sur mon premier trail, aux Citadelles 2006.





Sinon c'est toujours la guerre. Les complotistes sont partis en vrille, on lit de tout et  du lourd.



Le professeur Raoult et son médicament créent la polémique, les chercheurs ne sont pas d'accord entre eux, et pendant ce temps on manque de tout, tests pour savoir qui est malade, masques pour protéger le personnel médical et tous ceux qui peuvent être au contact des malades,  et plus largement l'ensemble de la population. Enormément d'entreprises, de commerces, sont à l'arrêt, la catastrophe ne sera pas que sanitaire.

Des comptes devront être rendus après la crise sur tout ce qui a été mal fait, non anticipé. On perd le compte, les chiffres se banaliseraient presque.
De mémoire, hier nous en étions à plus de 3000 morts en France, 11000 en Italie, plus de 10000 en Espagne, alors que les Etats Unis où Trump a fait le malin jusqu'au bout peuvent se préparer à des dizaines de milliers de morts, 4000 pour le moment.
Ici nous suivons toujours l'Italie, donc on sait où on va, on va passer de 500 morts quotidiens au double. Et pour le moment les personnes décédées au domicile ou dans les maisons de retraite ne sont pas prises en compte....
L'addition sera très lourde.

Allez pour finir quelques images plus joyeuses.






***

Mercredi 08 avril, J23

Pas de pleine lune à aller voir ce soir, pas d'apéro qui fait plaisir et embrume l'esprit, me voici donc disponible pour écrire quelques lignes.

J23, déjà, et en même temps ça passe assez vite. Ca fait un moment que l'on a compris que le confinement irait au moins jusqu'à fin avril, nous aurons confirmation des nouvelles dates lundi prochain par l'intermédiaire de Macron qui passera à la télé. Je parie sur une annonce allant jusqu'au 4 mai, mais nous ne devrions pas en sortir avant la mi-mai.



Résultat d'une journée auto-coiffure et autoportrait pour le trombinoscope de l'entreprise, et pour le plaisir.


Pas de boule de cristal pour prédire, mais toujours l'Italie devant nous, confinée jusqu’au 2 mai.
L'Italie justement. Je pourrais aller chercher les chiffres officiels en ce 8 avril, mais je donne de l'à peu près. Ils doivent en être à près de 18000 morts là bas, ici on frôle les 11000 en prenant enfin en compte les maisons de retraite. Pas mieux en Espagne qui suit de près l'Italie.  Au Royaume Uni ça monte très vite et le premier ministre Johnson qui faisait le malin il y a un mois est en réanimation.
Aux Etats Unis, pays habituel de la démesure, l'épidémie prend des proportions énormes. 2000 morts rien qu'en un jour et New York, état le plus touché, a un chiffre quotidien équivalent à celui de la France.




Il l'a vraiment dit...


La catastrophe est partout, et pourtant la vie continue. Se lever sans sonnerie du réveil, prendre son rythme lentement, rien ne presse, pas d'urgence dans la journée.
Arriver à décrocher de ce putain d'écran entre forums et Facebook, lieux de toutes les polémiques, surtout quand on est coureur et désigné comme celui qui apporterait tous les maux. Nul doute que notre footing solitaire fait plus de morts que l'absence de masques, de tests, et de mesures efficaces. Hein ?






Donc la journée continue, un peu de sport, manger, un œil sur les infos, caler une sieste.

Essayer de trouver la motivation pour ranger un bout de pièce, faire un peu de ménage, pour avoir fait un truc utile dans la journée.

Et puis, pas tous les jours mais de plus en plus, passer un très bon moment en partageant un apéro téléphonique.



Apéro !

Puis le soir est là, des écrans encore, fil rouge de la journée, un peu de lecture avant le sommeil et une autre journée. Sans doute tout cela manque t il d'un planning, de buts, d'un emploi du temps plus rigoureux, mais bof...

Il reste chaque jour ou presque le plaisir d'une sortie, en courant ou en marchant, jamais très vite, en prenant le temps de profiter du soleil, des fleurs qui s'épanouissent.








Le Valier, vu de Toulouse


Ici les horaires restent libres. A Paris il sont eu l'idée "géniale" d'interdire l'activité physique en extérieur entre 10h et 19h. Résultat auquel l'on pouvait s'attendre, il y a encore plus de monde entassé avant 10h et après 19h.
Des putains de génies décisionnaires.





Voila pour ce jour. Je ne vois pas grand chose d'autre à raconter, je vais juste rajouter quelques photos d'illustration et vous dire à bientôt. Je passerai sans doute à un chapitre 3.
Et vérifier aussi s'il y a des fautes, sinon je vais avoir des remarques de ma lectrice du côté de Bélesta  😉





En cherchant bien, on trouve autre chose que des moineaux à Toulouse.
Ici un milan noir.




Allez, plus que deux mois...

***

La suite :

Chapitre 3

***

dimanche 15 mars 2020

Coronavirus, chronique d'une survie annoncée


Dimanche 15 mars 2020, 5h24 du matin


Réfugié dans mon blockhaus, j'écris, en attendant la fin. Non je déconne, je suis dans mon appart, tout va bien même si un petit rhume me fait tousser de temps en temps, il va faire beau et tout à l'heure j'irai courir avant d'aller voter.



Mais l'insomnie créatrice m'a rattrapé et je ne pourrai pas dormir tant que je n'aurai pas commencé l'écriture de cette chronique au jour le jour du Coronavirus. J'aime écrire et je sais qu’actuellement  nous vivons l’Histoire, celle dont on parlera encore dans des dizaines d'années, comme la célèbre grippe espagnole qu'avaient connue nos ancêtres.








Ici tout a commencé en janvier me semble t il. On a parlé de ce virus apparu en Chine qui faisait des centaines de morts. Wesh, intéressant mais c'est loin la Chine. Bon, quand il a débarqué en Italie c'est devenu un peu plus inquiétant. Mais c'est encore loin l'Italie, puis ce sont des branleurs qui ne font pas ce qu'il faut. Ici on de vrais hôpitaux, le virus ne nous fait pas peur et de toutes façons, nous, français, sommes meilleurs en tout.


Le premier choc, côté français, est venu le dimanche 8 mars quand le ministre de la santé a annoncé l'interdiction des rassemblements de plus de 1000 personnes. Personnellement je me doutais depuis un moment de la gravité de la chose. Pas tout de suite non plus, car j'étais sceptique devant les mesures prises au boulot, interdisant de se serrer la main ou se faire la bise suite aux recommandations gouvernementales. C'est peut-être la lecture régulière de la vie d'un italien, sur Kikourou, un forum de course à pied, qui m'a ouvert les yeux. Là bas l'épidémie a environ quinze jours d'avance sur la France et sa description de leur vie quotidienne montre bien la gravité de la situation.
J'ai écrit avant ce fameux 8 mars que mon dossard sur le Trail des Truffières risquait d'être le dernier avant un bon moment, et je ne me trompais pas.



Après la déclaration du ministre Véran, j'ai tout de suite compris qu'organiser le Trail des Citadelles allait être compliqué avec cette limitation à 1000. Le soir même j’envoyais un mail aux plus proches de l'orga et après un coup de fil le lendemain matin la décision d'annuler était prise.
Je rédigeais un communiqué et annonçait sur Facebook et notre site l'annulation de la course. 

"Amis des Citadelles,
Suite à la décision gouvernementale d’interdire les rassemblements de plus de 1000 personnes, nous nous voyons dans l’obligation d’annuler le Trail des Citadelles qui devait se dérouler le dimanche 12 avril 2020.

Nous n’avons pas plus d’informations à donner pour l’instant. Le comité d’organisation va se réunir prochainement pour évoquer les suites à donner à cette annulation.

Dans un premier temps il était important de vous en informer sans tarder.

Et pour l’instant, comme vous, nous essayons de digérer la déception que cela engendre. "






Globalement cela a été très bien compris et les coureurs ont accepté la décision. Malheureusement on trouve toujours un pourcentage de gens qui savent tout et ont donc trouvé que la décision était prématurée ou bien encore ont écrit que dans un mois ce serait fini. Sans compter sur ceux qui ne pensent qu'à leur gueule et demandent de suite le remboursement sans aucune autre considération envers les organisateurs. Des gens énervants mais à qui répondre équivaudrait à perdre son temps et leur donner de l'importance, raison pour laquelle j'ai décidé de ne pas le faire.



Mais en France, toujours pas grand chose de visible. On parle de clusters, ces poches où les malades sont nombreux. L'Oise, le Haut Rhin, ca ne parait pas plus inquiétant que la Chine. C'est loin. J'évoque ici le sentiment perçu, celui que l'on peut capter sur les réseaux sociaux, Facebook pour ma part. De mon côté, les écrits du coureur italien continuent à m'ouvrir les yeux. Ils arrivent au seuil des 1000 morts, les hôpitaux sont débordés, les écoles fermées, les déplacements limités.

Deux jours après le premier communiqué, au calme, j'en rédige un second pour la page des Citadelles. Ici pas de rebelle en mousse pour venir nous reprocher d'être des moutons tombant dans le panneau du complot gouvernemental, uniquement des réponses de coureurs calmes, compréhensifs, et solidaires.

" Suite à notre première communication quelques précisions s’imposent. Nous l’avons déjà écrit mais il est sans doute bon de le rappeler, l’équipe d’organisation va se réunir pour voir quelles suites donner à l’annulation. Nous ne pouvons donc pas répondre à vos questions pour l’instant, nous communiquerons quand nous aurons pris des décisions.

L’annulation est actée. Le seuil des 1000 participants peut varier d’un jour à l’autre. Les mesures d’hygiène imposées seraient sans doute compliquées à mettre en œuvre. Et d’ici quelques semaines, services de sécurité, secours, médecins, auront certainement des préoccupations plus urgentes que l’encadrement d’une course. Si vous en doutez, jetez un œil du côté de l’Italie. En ce sens, il nous paraissait correct de vous prévenir au plus tôt, en pensant notamment aux participants qui viennent de loin.

Et pour terminer nous vous remercions pour vos messages de soutien, empreints bien sûr de déception. Il est bon de sentir une communauté soudée autour du Trail des Citadelles. Et comme cela a été fait dès le départ, nous préférons ignorer les messages déplacés ou polémiques.

A bientôt ici, dès que nous en saurons plus. "




Jeudi 12 mars, 20h00, le président Macron prend la parole. On ne  peut pas dire que je le soutienne vu la politique qu'il mène envers les plus démunis. Il aura suffi de sa mesure supprimant cinq euros aux APL pour voir à qui l'on avait affaire. Mais ce soir dans son discours, en direct, il est bon, très bon, à la hauteur de l'événement que nous vivons. Il semble avoir compris l'importance des services publics, l'avenir nous dira ce qu'il en est. Mais à la fin de son discours on sait une chose, la situation s'aggrave et le seuil des rassemblements autorisés tombe à 100.

"Il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors des lois du marché", a-t-il ajouté, en disant vouloir "construire plus encore que nous ne le faisons déjà une France, une Europe souveraine".


Juste après j’écris un petit texte sur ma page, l'évolution de la situation confortant la décision prise d'annuler la course.

"C'est un détail par rapport à l’ampleur de la crise, actuelle et à venir. Mais je suis aujourd'hui encore un peu plus convaincu d'avoir pris la bonne décision avec l'équipe des Citadelles.

Tant pis pour les sceptiques, les critiques, et ceux qui refusent de comprendre qu'il y en a pour un bon bout de temps.
Faites attention à vos anciens. Et bon courage à ceux qui vont devoir supporter leurs enfants H24  😉 "






Vendredi 13 était la date prévue pour la réunion des bénévoles des Citadelles. La Dépêche a annoncé l’annulation, Facebook a fait son travail d'information, et ils sont peu nombreux à être présents. Les avertir tous aurait été compliqué, raison pour laquelle nous avons maintenu la réunion. Mais c'est malheureusement l'occasion de voir que les gens croient plus au complot qu'à la gravité de la situation. La plupart continuent à s'embrasser et se serrer la main chaleureusement, quand on nous répète à longueur de journée qu'il faut éviter les contacts et la proximité, principaux vecteurs de la diffusion du virus. Mais nous sommes français, plus forts que tout le monde." La grippe tue bien plus de monde, et pendant ce temps on nous passe le 49.3", et gna gna gna, et gna gna gna. C'est affligeant, alors qu'en Italie ils en sont à 200/250 morts par jour. Exceptionnellement on a un moyen de voir l'avenir en regardant là bas et la plupart des gens se concentrent sur la vue de leur nombril. Désespérant.


Stade 3


Le vendredi à 13h, Edouard Philippe le premier ministre a également annoncé la fermeture des écoles pour au moins quinze jours. Voila une autre mesure concrète qui va bouleverser la vie de millions de gens. Mais à côté de ça le constat est le même, beaucoup ne prennent pas la menace de la maladie au sérieux. C'est ainsi que hier soir, samedi quatorze, un nouveau stade a été franchi avec l'annonce de la fermeture des bars, restaurants, et autre lieux non utiles à la vie de la nation. Mesure aussitôt critiquée bien sûr sur les réseaux, et parfois pas par des lumières : et pourquoi les mosquées restent ouvertes ? Réponse intelligente : parce qu'ils ont peur des représailles.

Autre perle, pourquoi les tabacs restent ouverts ? Réfléchis un peu et tu comprendras que des millions de gens en manque ne seraient pas un super facteur de calme dans la société.






Tout ferme donc, mais les élections auront bien lieu. C'est bien sûr paradoxal. Mais ceux qui crient au report des élections en ce samedi soir, sont ceux qui étaient prêts à hurler au scandale et au vol de la démocratie si Macron avait annoncé cette mesure deux jours plus tôt. Bel exemple de girouettes politiques en pleine action, suivis par leurs disciples qui prennent rarement le temps de réfléchir. Comme l'écrivait Trust à une époque où leur musique était intéressante "Tu préfères avoir tort dans le parti, plutôt qu'avoir raison en dehors de lui".

Voici donc où en est la situation à l'aube de ce dimanche matin. Côté sport, les annulations se sont succédées dans la semaine, et les courses à pied reportées ont envahi un mois d'octobre qui n'en demandait pas tant. Pas plus que les organisations qui avaient leur date là, après l'établissement réfléchi d'un calendrier parfois compliqué à mettre en place.

Un mot aussi sur l'économie avec un crack boursier en plusieurs vagues qui restera historique. L'expression habituelle dit qu'il faut toucher le fond pour rebondir. Pour l'instant les planchers s'effondrent les uns après les autres et bien malin sera celui qui sait où est le fond. Ca fait rire pas mal de gens comme s'ils n'étaient pas concernés, oubliant sans doute qu'ils doivent avoir trois sous sur un PEL ou un livret A, un crédit en cours ou autre, et que forcément cela nous concerne aussi plus ou moins directement.


Voila, pas loin d'une heure que j'écris, le matin est là et le sommeil ne reviendra pas de suite. La sieste n'en sera que meilleure.



A suivre. 



Un nouvel épisode de temps en temps, quand l'envie d'écrire sera là, et jusqu'à la fin de l'épidémie que je situe au minimum courant juin. En même temps ce sera facile à savoir : l'Italie, toujours regarder du côté de l'Italie pour connaitre l'avenir.


***

Dimanche soir, 15 mars 2020

La journée a été belle, du soleil, un run solitaire sur les coteaux toulousains. Beaucoup de promeneurs qui profitaient tant que cela reste possible. Ailleurs, à d'autres moments, c'est du n'importe quoi. Les mesures d'éloignement ne sont pas respectées, les gens se collent, les rebelles en mousse sont fiers de ne pas suivre les moutons.
Télé, émissions mi politiques mi scientifiques d'après élections municipales. L'heure est grave, le confinement total est dans tous les esprits, le second tour à l'évidence sera reporté. Un détail.

Un spécialiste indique que le confinement ne portera ses fruits que dans dix, quinze jours. Il est urgent de l'imposer. Mais avant ça, le nombre de malades, de morts, va exploser. Comme en Italie, une fois de plus, nous en compterons plusieurs centaines par jour. Et pas forcément que des gens très âgés.

Pendant ce temps quelques ... (nom approprié à choisir) nous prennent la tête, à nous organisateurs des Citadelles et de toute course ayant annulé, parce que le remboursement n'est pas prévu, ou pas à 100%. Pauvres &#*%@€ , heureusement rares, qui ne savent sans doute rien de l'organisation, des frais engagés, et ne pensent qu'à leur gueule. Cette fois on espère que ce ne sera pas les meilleurs qui partiront en premier.

La soirée s'avance, vers un nouveau jour qui pourrait bien être le dernier libre, avant un bon bout de temps. Tout à l'heure j'entendais parler d'un pic dans 100 jours. Faudra t il attendre l'été pour pouvoir sortir la tête de l'eau ?


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Lundi 16 mars 2020

Ai je croisé la mort hier ? En allant voter, à pied, tranquille sous le soleil, j'ai croisé un homme pour le moins étrange. A quelques mètres de moi il s'est plié en deux, pris par une quinte de toux, il a craché par terre avant de se redresser et repartir, son mouchoir à la main. Le regard un peu hagard, pas très net.



Bon, j'ai croisé un autre mourant ce matin en arrivant au boulot. Quand on enchaine à longueur de journée cigarettes et cafés, on ne peut pas avoir une très grand espérance de vie.
Ici beaucoup seront absents pour garder leurs enfants et même pour les autres, donc moi, le télétravail est la solution envisagée à très court terme.

Sinon les discussions sont toujours aussi paradoxales. Les gens sont impressionnés par les 374 morts d'hier en Italie, mais n'ont pas envie qu'on leur impose le confinement. Les images d'hier de gens entassés sur les pelouses ne les choquent pas.
Pourtant le confinement permettra détaler le pic, comme l'explique fort bien ce diagramme.








Côté Citadelles il est toujours compliqué de rester calme face aux cons, entre ceux qui évoquent le code civil et ceux qui nous traitent de voleurs parce que l'on ne rembourse que 66%. Je me contrains à ne pas répondre. De toute façon c'est le lot de tous les collègues organisateurs ayant annulé, comme Fontfroide ou le Roc de la Lune. Chacun a ses boulets.

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Vu aujourd'hui, avant le confinement probable donc :
Les études épidémiologiques publiées montrent pour la France en l'état de mesures prises (avant le confinement de ce soir) :
- 5 à 20 millions de personnes vont chopper le machin.
- 1 à 5 millions iront à l’hôpital
- 250 000 à 1 millions en réanimation
- 50 000 à 200 000 vont mourir

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Lundi midi je vais comme souvent au petit Carrefour Market voisin, pour acheter de quoi manger et quelques courses basiques. Je ne crois pas à la pénurie à venir.

A l'intérieur c'est la guerre. De longues files d'attente aux caisses, des chariots remplis à raz bord. Je croise des gens avec des masques, beaucoup d'autres portent des gants.


Le rayon du papier hygiénique a été dévalisé, pas un rouleau en vue. Ce n'est guère mieux aux pâtes, mais j'arrive à trouver des spaghettis au blé complet. Les gens ne savent pas ce qui est le mieux pour eux.

Après une longue attente en caisse je ressors, un peu déboussolé. C'est vraiment une période bizarre qui a commencé.



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En rentrant ce soir, je me suis arrêté acheter un programme télé dans un bureau de tabac, il faut bien préparer le confinement. Le proprio allait fermer, son magasin vidé de quasiment tous ses paquets de cigarettes.
Devant moi une femme prenait un stock de tabac à rouler. Avant de partir elle nous a dit que son mari était mort il y a quinze jours du Coronavirus. Étrangement elle n'avait pas l'air d'être effondrée. Affabulatrice ou bien sous calmants pour affronter le choc de la disparition ? On ne saura jamais.

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"Nous sommes en guerre"

C'est ce que l'on retiendra de l'allocution présidentielle de Macron en ce lundi soir. Même si l'on s'attendait à des mesures plus fortes, l'armée pour contrôler les déplacements, le confinement de 45 jours, la chance nous est laissée de nous discipliner seuls afin de contrer la progression du virus. Ce qui devrait porter ses fruits dans trois semaines selon des scientifiques entendus en suivant.

Mais la partie n'est pas gagnée avec ceux qui proposent déjà des sorties sportives à plusieurs, et les inévitables supporters du complot. Tout ceci n'étant fait bien sûr que pour contrôler les citoyens et imposer une dictature. 

Comme l'expression le dit, certains avaient oublié leur gamelle le jour de la distribution de cervelle.



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Mardi 17 mars 2020

Jour 1 du confinement qui ne dit pas son nom

Dernière heures au boulot ce matin, le temps d'avoir les instructions du service informatique avant de tout plier et de commencer une installation de l'ordi dans l'appart.

Et déjà le premier effet positif de la manip., un sac poubelle rempli de vieux papiers, de photos ou de souvenirs qui au fil du temps ont perdu le caractère précieux qu'ils ont eu. Un bureau nettoyé, et sans doute un coin de l'âme en même temps.

En tous cas je me sens bien et ce premier jour de télétravail est plutôt agréable. Je gère mon temps comme je le sens, avec toujours de la bonne musique en fond sonore.

Quinze jours à venir, j'aurai sans doute l'occasion de m'attaquer à d'autres rangements et remplissages de sacs poubelle que j'ai toujours repoussés.
Mais le temps paraîtra sans doute long à l'usage.

La bonne nouvelle est que parmi les excuses qui permettent de sortir (travail, courses, santé, visite à un proche en difficulté) il y a aussi la possibilité de faire de l'exercice physique. Avec le départ des sentiers toulousains très proche je ne vais pas m'en priver, même si la polémique est présente sur Facebook avec les partisans d'un confinement strict.

Mais sur Facebook tout est polémique. A votre avis, est il correct de mettre encore du fromage râpé sur les kilos de pâtes que l'on a stockés ?



Un coin de bureau nettoyé pour installer l'ordi du boulot, entouré de documents et photos ayant échappés à la poubelle.


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Mercredi 18 mars (ça passe pas bien vite...)

Bon, que dire. Les jours risquent de se ressembler beaucoup.
Je passe sur les heures passionnantes de télétravail. De toutes façons le travail risque de manquer prochainement, et ça va probablement finir en chômage technique ou en vacances (à vrai dire j'avais d'autres projets pour mes congés).







Ce matin, tôt, j'ai été courir sur les bords de la Garonne. Je suis con, l'activité physique est une des rares raisons qui autorise les sorties donc j'en profite. Débats sans fin sur Facebook entre les partisans du confinement strict et ceux qui comme moi sortent un peu puisque c'est autorisé, en solo et sans contact.
Et encore, le texte dit "à proximité du domicile" mais la rumeur dit que certains auraient pris la fameuse amende de 135 euros pour avoir été pris à 3km de chez eux. Qu'en penser ?

Si c'est vrai, si des policiers zélés verbalisent pour trois malheureux kilomètres, je vais finir par les suspecter de vouloir faire du chiffre pour compenser l'argent des radars qui ne rentre plus.




En fin d'après-midi je suis un peu ressorti (je peux aussi être un vrai rebelle en mousse), j'ai été faire un tour sur les sentiers voisins de Pech David.

Je suis juste allé marcher un peu, et j'ai croisé pas mal de monde qui marchait, courait ou roulait en Vtt, le beau temps et les températures douces appelant à sortir.

Tout ceci se passe dans les règles de l'art, croisements lointains et aucun contact. Il est sans doute plus dangereux d'aller faire ses courses. Ou encore d'avoir un métier où la proximité avec le public est inévitable.

Ma petite balade m'a inspiré au retour un logo qui est devenu ma photo de profil.




J'ai ensuite, et comme tous les jours même bien avant la crise, jeté un œil sur les infos. Plus de 400 morts en un jour en Italie. Situation critique dans l'est, notamment vers Mulhouse. Le pic devrait arriver sur toute la France d'ici dix jours.

Certains vous diront à cause de connards comme moi qui ne restent pas confinés. Je crois que nous étions prêts pour un vrai confinement strict et le couvre feu à 18 heures. Plutôt que de passer par une nouvelle étape souple il fallait alors y aller directement. Pour l'instant l'activité physique extérieure est autorisée et même recommandée pour augmenter ses défenses immunitaires, je vais donc la poursuivre.

Et comme dirait Patricia...





***

Vendredi 20 mars /  Jour 4

Je n'ai rien écrit hier ici, même si j'ai vécu pendant ce temps. J'ai commencé ma journée énervé par Castaner vu la veille au soir au journal télévisé. Le boucher des Gilets Jaunes n'a toujours pas inventé l'eau chaude.

En fin d'entretien voici ce qu'il a sorti :


" L'attestation de sortie doit être datée, et on peut y rajouter l'heure. C'est être un BON citoyen. "

Je me demande donc :

Est ce que pour être un citoyen encore meilleur on peut dénoncer son voisin qui est sorti un peu trop longtemps ?


Est ce que l'on peut constituer des milices de bons citoyens pour venir en aide aux forces de l'ordre débordées par tous les rebelles qui prennent l'air à plus de 300m de chez eux ?




Passé ce coup de sang, ma journée s'est articulée autour du télétravail, de la sieste et d'un petit footing. Dans les règles, pas trop loin de chez moi.

Et puis, il est maintenant mal vu par certains d'afficher que l'on est sorti courir, même si c'est seul dans un coin paumé. On sera bientôt brûlé en place publique comme diffuseur du virus, après avoir été rapidement jugé par un tribunal sur Facebook. Donc on n'en parle plus.

Entre deux occupations, je jette un oeil sur mes archives photos. Et je retrouve de belles  réalisations prises au reflex, du temps où j'étais fan de rallye.
Après la guerre j'essaierai d'aller en revoir un.






En fin de journée j'étais allé dans une supérette espérant trouver quelques trucs qui me feraient envie pour changer de ce que je sais avoir en stock. Peine perdue, la plupart des rayons étaient vides.

Je ferais bien un saut dans un grand supermarché, mais si c'est pour prendre 135€ dans la tête par un flic zélé qui me trouverait trop loin de chez moi...




Aujourd'hui, étant à 80% je ne travaillais pas. Mais ce problème est réglé, comme beaucoup je serai à partir de la semaine prochaine au chômage technique, donc payé à hauteur de 84%.
Financièrement ça passera, on dépense forcément moins en étant confiné.

Mais il va falloir trouver une certaine discipline pour occuper les journées, sinon ça va partir en vrille. J'ai énormément de rangement à faire, à grands coups de sacs poubelles, repoussé depuis des mois voire des années. Voilà un noble objectif, mais pour le moment je n'ai pas commencé.

Par contre j'ai repris, avec beaucoup de plaisir, ma guitare folk. J'espère que les voisins apprécieront mes enchaînements d'accords et ma belle (?) voix.




Pendant ce temps la maladie poursuit son chemin, et on alterne entre inquiétude et humour. On voit passer de bons trucs.






En Italie, toujours notre vision d'avenir à 9/10 jours, j'ai entendu qu'il y avait eu 600 morts en un seul jour. Les chiffres sont plus importants que ceux de la Chine où l'épidémie semble stabilisée, puisqu'il n'y a plus de nouveaux cas là bas.

Et puis pour terminer ce compte-rendu, ce qui aurait pu être une bonne blague est arrivé en vrai, des SDF ont été verbalisés car ils ne suivaient pas les consignes de confinement.
Dans ceux qui portent l'uniforme i
l y en a quand même des bons.



A bientôt. Le weekend est là, on va s'éclater...

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Samedi 21 mars 2020, Jour 5

Aujourd’hui j'ai envie d'écrire dès le matin, après le p'tit dej. Ce n'est pas forcément bon signe.
Il fait beau mais l’optimisme n'est pas là. Et dire que ça ne fait même pas une semaine que nous sommes confinés...

Les mesures dites d'urgence se multiplient. Et pour commencer en pensant à mon nombril, après tout ce blog est avant celui d'un coureur, les espaces où l'on va pouvoir faire de l'exercice se réduisent à vue d’œil.
Impossible de faire du trail maintenant à Toulouse, les sentiers, les espaces verts, les bords du canal sont interdits au public. Trop d'abus sans doute, de gens groupés ou en contact, c'est ainsi. La situation ne fait pas plus rêver ailleurs, les sentiers de randonnée, tous les lieux habituels de loisirs sont interdits par arrêtés préfectoraux.





Pour le moment, j'écris bien "pour le moment", courir n'est pas interdit. Je vais donc en profiter d'ici une heure pour aller parcourir les routes de Pech David. On verra quand ce sera interdit.

Côté interdits justement, on voit passer des choses pas très belles. Hier sur Facebook certains étaient prêts à appeler la gendarmerie  pour signaler quelqu'un qui pratiquait un sport interdit. Voila ce que Castaner appellerait sans doute "être un bon citoyen".

Je comprends mieux ainsi les mécanismes qui ont fait que dans les années quarante certains collaboraient avec zèle aux lois du régime de Vichy. Il va être temps de choisir son camp d'ici peu.

*

Du côté social ce n'est pas la fête non plus. La loi dite "d"urgence sanitaire" se prépare. Si elle a pour but de faciliter le travail des services de santé qui sont au front, elle prévoit aussi de mettre de grands coups de couteaux dans le volet social, en envisageant d'imposer les congés, de les raccourcir, de revoir l'attribution des RTT, de modifier la durée hebdomadaire du travail ou encore d'assouplir les règles sur le travail dominical.

J'ai bien peur que le virus serve d'alibi à de nombreux abus du pouvoir en place, au massacre du droit du travail.

Pendant ce temps, comme disent certains qui n'ont pas forcément tort, la racaille fait toujours la loi dans les territoires perdus de la république. Les quartiers seront peut-être le dernier endroit où l'on pourra courir, puisque l'on ne risque pas d'y croiser des flics pour nous verbaliser.


Putain, même pas une semaine et il va falloir tenir quatre, six, peut-être plus.
Côté bilan, il semblerait que l'on ait attaqué le début de la montée vers le pic, avec un total de 450 morts depuis le début en France. Dans une dizaine de jours ce sera probablement le nombre de décès quotidien.

Peut-être qu'à ce moment là mon souci sera de rester terré chez moi. Quelque soit le degré de confinement, il faudra bien cependant sortir de temps en temps pour acheter à manger.

Allez, à bientôt, et bonne journée.

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Toulouse, 21 mars, 20 degrés. Risque de verglas.

Les gens sont-ils assez crédules pour avaler tout ce que le gouvernement leur sert ? Croient-ils vraiment qu'un gars qui fait son footing seul sans toucher personne va les condamner à mort ? Ne feraient-ils pas mieux de se soucier du policier qui les a contrôlés sans aucune protection, passant allègrement le virus d'une attestation à l'autre ?

Bientôt le problème du footing sera réglé, les collabos n'attendent que l'interdiction de "l'activité physique à proximité du domicile" pour saisir leur téléphone et balancer les contrevenants.

Il reste dans tout ça une bonne nouvelle, les rares passants croisés, à distance réglementaire, ne sont plus avares de bonjours.

Un miracle a eu lieu à Toulouse.




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Dimanche 22 mars, J6

Discipline ?

On n'a pas encore atteint la semaine de confinement, et déjà des questions se posent, alors que l'on en a certainement au moins pour un mois.

Comment organiser ses journées, comment vivre cet enfermement du mieux possible, sans péter un plomb ?

Au début j'avais pensé ne plus me raser, me laisser pousser la barbe jusqu'à la libération. Cette idée n'ira pas plus loin qu'aujourd'hui. Je crois qu'il faut écarter tout ce qui tient du laisser aller.




Footing barbu dans une rue déserte.

J'ai mon appart à ranger, un peu chaque jour, de quoi m'occuper pendant un bon moment.

Sortir courir va devenir de plus en plus compliqué. Certains le font la nuit, d'autres dans un bois isolé.

J'ai eu des périodes où je pratiquais gainage, abdos et autres exercices assidûment. Là je n'en ai pas trop envie, mais comme le gars enfermé dans sa cellule ça devenir la seule option.

Et ensuite ? La Playstation un peu, la lecture, et puis quoi ? Je vais éviter de perdre mon temps devant Facebook, et encore plus dans cette période où l'ambiance est tendue. Chacun a sa vérité, certains s'en tenant à la parole sacrée du gouvernement. Peut on sérieusement croire qu'un coureur isolé va faire plus de dégâts que les milliers de supporters agglutinés lors du Saint-Etienne / Rennes du 5 mars ou encore que tous les électeurs qui se sont côtoyés lors des élections du 15 mars ? Et que dire des marchés de plein air encore autorisés et où la distance de sécurité n'est pas toujours respectée ?


Des rumeurs circulent à nouveau d'un durcissement du confinement, jusqu'au 25 avril, avec couvre feu, et sorties uniquement pour courses alimentaires.
On verra bien. De toutes façons le pic est devant nous. Hier en Italie il y a eu 800 morts dans la journée, 4800 au total, plus qu'en Chine.
C'est ce qui nous attend d'ici 9 à 10 jours. On le sait.

Sur ce, l'heure est à enfiler un tshirt et un short, avant d'attaquer quelques exercices d'intérieur.



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Ce matin j'ai marché. Dans les règles, attestation et carte d'identité en poche, sans dépasser le périmètre décrété par la Kommandantur. 

Les rues sont désertes, une rare voiture de temps en temps. Les seuls survivants sont les runners, mais bien moins nombreux que lors des premiers jours.
Quelques promeneurs aussi, avec ou sans chien, souvent âgés. Le bonjour est systématique presque pour tout le monde.


Il y a quinze jours à Toulouse cela était encore impensable. Si tu disais bonjour à quelqu'un soit tu étais fou, soit tu draguais, mais dans tous les cas il y avait peu de chances d'avoir une réponse.

Les temps changent.




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Lundi 23 mars, J7

Un petit mot pour terminer cette première semaine de confinement.

Rien de spécial, journée un peu banale. Un détail qui n'en est pas un, cela fait 31 ans aujourd'hui que je suis rentré  dans la boîte où je suis toujours. Et hasard du calendrier c'est la première fois depuis toutes ces années de travail que je suis en chômage technique. Pas assez de boulot pour pouvoir continuer le télétravail.

A part ça aujourd'hui c'était mission ravitaillement. S'il y a des jours de laisser aller passés en pantalon de survêtement, là il fallait faire un effort pour aller en ville. Fringues correctes et chaussures cirées.

Les rues sont toujours aussi désertes. Quelques rares coureurs, quelques passants allant ou revenant des provisions. Et toujours aussi surprenant, quelques bonjours échangés.

Certains nous les brisent menues avec les risques que font courir les joggers à la société, mais aller faire ses courses est autrement plus risqué : toutes les portes touchées, les produits en rayon, la monnaie rendue. Autant de possibilités de ramener le virus chez soi, contrairement à mon footing où je ne touche à rien et ne croise des gens qu'à distance respectable.

A part ça je serai bien incapable de vous dire quelle tête avait la caissière, protection oblige.






Demain une nouvelle semaine commencera et un nouveau chapitre également pour que celui-ci ne soit pas trop long.

Et pour finir, au grand désespoir des intégristes, le premier ministre a parlé ce soir, annonçant que le jogging était toujours permis, mais à 1km de chez soi et pour une heure maximum. Ca va, je prends.

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A suivre ici :

Semaine 2