samedi 10 novembre 2012

- Hospitaliers 2012



Tous les chemins mènent à Saint Rome de Cernon, mais ensuite chacun choisit sa voie : celle de Millau et des Templiers ou bien celle de Nant et des Hospitaliers. Pour moi le choix est fait, ce sera le charmant petit village où la première chose que je vois en arrivant est une voiture avec des phares jaunes. Tout un symbole de résistance.



 Ce qui ont lu la Tour Sombre de Stephen King, comme je le fais en ce moment, ne s'étonneront pas qu'au Domaine du Roc Nantais ma chambre soit la 19.
Mais la nuit n'y est pas très bonne, du bruit jusqu'à assez tard, l'inconfort d'une chambre inconnue et un réveil matinal pour aller installer mon stand. Heureusement je ne cours pas l'ultra.



9h ouverture du salon, mon mini stand est prêt . Les buffs restant des années précédentes ont du succès et le motif du Tshirt 2012 plaît toujours.



Le cadre est sympathique dans cette ancienne église, même si il fait froid.


Beaucoup de rencontres et de discussions autour du salon ou bien dans les rues de Nant, l'ambiance est bonne , chaleureuse, nous sommes bien ici.



Je mange vers 11h,  pour un départ à 14h, mais je n'ai rien prévu de spécial et je prends ce qui me fait envie à la boulangerie voisine : brioche noix/roquefort, quiche avec la même composition et brownie en dessert.
Ce ne sera pas la meilleure idée de la journée.


Dehors le soleil brille et la distribution de flyers se poursuit.


Un peu après 13h je vais me changer et effectuer un bref échauffement.


Il sera trop court mais je tiens à pénétrer avec les premiers dans le sas de départ afin de ne pas être coincé dans le peloton.



L'attente est un peu longue et j'en profite pour discuter avec David Andrieu, lauréat 2012 du Challenge des Trails du Sud Ouest et futur vainqueur ici.



 Vers 14h15, le départ est donné. Je pars en tête mais pas trop vite, je n'ai de toute façon pas de grosse ambition ici, je m'estime devoir finir dans les 20/30 premiers.



Après la traversée du village, ce sont 2 bons kilomètres de route qui nous attendent puis un chemin plat. Je vais vite mais sans m'épuiser, ce n'est pas un 10km route, et je me fais dépasser par pas mal de coureurs. 




 Mais dès la première côte, alors que je continue à courir, je dépasse pas mal de coureurs qui se sont mis à marcher. Je tiens en courant aussi longtemps que je peux, puis pour ne pas m'épuiser trop tôt j'alterne course et marche. Je progresse ainsi très bien en mode cabri, continuant à gagner quelques places.


 Dès la fin de la côté, on s'engage sur des pistes plates parcourues à bonne allure. Il y a pas mal de spectateurs aux abords des Liquisses, pas mal de têtes connues et d'encouragements et on m'annonce dans les 25 premiers.





 Passé le hameau, c'est le début d'une très longue partie roulante sur le causse du Larzac. On alterne de larges chemins avec des zigzags entre les arbustes et quelques toutes petites bosses. C'est nerveux, ça va vite et il faut faire attention à quelques parties parsemées de cailloux.


Aux alentours des 50 minutes de course, j'ai un coup de moins bien. J'ai depuis le début quelques remontées de mon lourd repas du matin et en ce moment j'ai envie d'aller au toilettes, ainsi qu'un petit point de côté.
Je serre les dents sans trop baisser le tempo et tous ces soucis finiront par disparaître.
J'arrive ainsi au ravito où je passe sans voir le célébrissime José Bové qui était pourtant là. J'avale très vite un demi verre de coca (pas bon, une imitation) et poursuis ma course sur le causse.



Fini cette longue partie roulante,  voici venir une première belle descente. 
Nous sommes un groupe de cinq ou six coureurs en file indienne,  lancés à vive allure sur quelques superbes monotraces à travers buis et arbustes.
Placé en seconde position, j'ai juste une distance de sécurité par rapport au premier qui me permet de voir les difficultés du terrain.
C'est pour moi le moment fort de la course, je suis pleinement conscient de vivre un instant mémorable, enchaînant avec ce groupe soudé les virages et les relances. Un régal.



 Après quelques passages plus glissants et délicats, on aborde une courte montée qui nous amène aux abords de St Sauveur. Toujours beaucoup de spectateurs pour nous encourager et toujours environ à la vingtième place.





Passé St Sauveur vient une grosse descente en lacets au milieu des buis, les mitaines sont bien utiles pour s'accrocher un peu partout. Mes souvenirs sont un peu troubles mais c'est assez court me semble t il.
On traverse ensuite un pont en pierre sur la Dourbie, le temps d'échanger un regard avec une jolie spectatrice, puis c'est parti en direction de Cantobre.
Le début de la montée est sur piste, en faux plat montant et j'y rencontre mon deuxième coup de mou du jour. Je suis bien quand ça monte franchement mais un peu lent sur ce genre de terrain quand la fatigue se fait sentir.


 Mais on parvient assez vite  au joli passage sous les falaises avant de plonger dans la courte descente technique. Je fais attention, pas envie de me blesser ici.


En bas, une petite passerelle  métallique nous permet de traverser le ruisseau avant d'aborder une montée très raide vers le village. Je m'y sens bien, j'ai même chaud et remonte mes manches, tout en dépassant un ou deux coureurs.






 Après la corde à noeuds qui me permet de me hisser sur la dernière partie, c'est la sortie au grand jour devant pas mal de spectateurs et de copains. On m'annonce 25ème je crois, je relance de suite en direction du ravito avec une stratégie claire en tête, que j'applique aussitôt : boire un coca en remplissant mon bidon d'eau, prendre un crêpe à la volée et foncer. Pas plus d'une minute.

Aborder la descente qui suit la bouche pleine et la crêpe à la main n'est pas évident, mais il était hors de question que je ne m'accorde pas ce plaisir. Elle est rapidement avalée et je peux m'aider des mains pour remonter le ruisseau asséché mais glissant en direction du petit pont sous lequel on passe.









 C'est dur mais je suis toujours motivé et en forme, environ 20ème maintenant après mon arrêt express au ravito.









Je fais par la suite une énorme montée  alors que les pentes sont assez raides, suivi par un seul coureur et certainement boosté par l'énergie apportée par la crêpe (?).
On double deux gars dont un à la dérive (lecteur du blog me semble t il). Je lui demande si ça va, il me répond "Non" et tout en poursuivant je lui propose à manger, vu qu'il n'a rien. Il accepte et je lui envoie une pâte de fruits, déjà éloigné de quelques mètres au-dessus de lui. Du coup, j'en mange la moitié d'une également.

Après cette belle montée, on arrive sur un sentier qui monte à travers de jolis bois. J'alterne course et marche, toujours suivi par un coureur, en 18ème position. Sur le plateau roulant qui suit, j'avale un gel coup de fouet pour essayer de maintenir un bon rythme. L'effet est immédiat alors que je trottine, je me fais dépasser d'un coup par quatre ou cinq coureurs...

Je suis prêt à me mettre à marcher, mais une visite mentale positive me donne l'énergie suffisante pour continuer en courant , même lentement.

Puis c'est enfin le début de la fabuleuse descente du Roc Nantais. Je sens bien que je n'ai pas assez de force en moi pour l'aborder aussi vite que je pourrais le faire en étant frais. Du coup je me fais encore reprendre par deux coureurs. Je poursuis et alors que j'en entends un autre juste derrière moi, je trouve un peu d'énergie pour accélérer et ne pas me faire doubler.



Mais il me passe dès les premiers mètres plats aux abords de Nant. Je ne lâche pas et encouragé par un public toujours chaleureux, je le repasse sur la petite côte du vieux pont.
Je déboule dans la descente de la petite rue, enchaîne la remontée en courant pour un final à une bonne allure.



Je double même un coureur au dernier moment, vu qu'il a eu l'étrange idée de se mettre à marcher à quelques mètres de la ligne d'arrivée.


Je termine 25ème, pile dans mes prévisions, en 3h07 pour ces 30km et 1200m+.

Je suis très content de ma course, la partie roulante sur le causse est longue mais il y a  vraiment de supers passages et on peut courir quasiment partout sans inquiétude par rapport à un terrain trop technique. Je connaissais toute la partie depuis Cantobre pour l'avoir parcourue plusieurs fois mais ça reste toujours un monument du trail, avec le petit plus des crêpes de Cantobre.


 Après avoir plié mon stand et pris une bonne douche, je retrouve les amis pour boire un coup avant d'enchaîner par un bon resto.
Manu se prépare pour sa course du lendemain, Steve a couru tranquille en filmant et Romain a dû abandonner avant de pouvoir apprécier les crêpes.

Pour découvrir le parcours en presque intégralité, la vidéo de Steve :





 Après une nuit trop courte et bruyante (mon voisin ronfleur se reconnaîtra ;-)), je suis fatigué mais en spectateur au départ du 75km.





Avec Steve et Romain, nous irons nous poster à St Jean du Bruel pour voir les coureurs passer au lever du jour.















On arrivera ensuite juste à temps à Dourbies pour voir les premiers passer. 














 De bons moments passés à encourager des copains, des connaissances d'ici ou là et des  inconnus, tout en prenant des photos.














 Une vision différente et charmante du trail.



Le ravito de Dourbies, bières à volonté !
 








Je suis toujours très fatigué et abrité de la fine pluie qui tombe, je finis par somnoler au bord du chemin. Manu arrive plus tard, avec la tête des mauvais jours. Il a mal partout, n'a plus le moral sans doute et ne souhaite pas continuer. Il rentrera sur Nant avec nous.


On se retrouve donc tous les quatre pour partager le très bon repas d'après course proposé par l'organisation. Le retour est ensuite très long entre la pluie, la nuit et la fatigue. Une sieste à mi-chemin aura été nécessaire pour un voyage serein.

Nul besoin de préciser que je me suis régalé, on l'aura bien compris à la lecture de ce récit. J'avais testé les Hospitaliers l'an dernier, le Larzac Dourbies cette année, de très belles courses avec un nombre de participants raisonnablement limité et une superbe ambiance durant ces deux jours passés au sein de Nant. La légende du trail est toujours vivante.

***

La galerie des photos prises sur les Hospitaliers :

  
Merci à toutes celles et ceux qui m'ont fait passer des photos de ma course et à ceux à qui j'en ai piqué pour illustrer le tracé.




9 commentaires:

yvan a dit…

Bravo pour ta course.
Et effectivement on sent à te lire que l'Esprit est toujours présent à Nant.

pascal a dit…

bravo Michel une course bien gérée avec un beau résultat à la clé.
Et, je rejoins ton frère ton cr respire l'authenticité.

à bientôt

Anonyme a dit…

Super ton récit Michel, comme tout ceux que j'ai lu d'ailleurs.
Félicitation pour ta 25ème place.
A bientôt aux Citadelles : Etienne.

Francis a dit…

Et une belle course de plus avec un beau résultat à la clé...Qu'est ce que j'aurais voulu en être...si j'avais pu...Mais bon , ton récit me fait revivre ce parcours par "procuration".

Steve a dit…

Bravo Michel pour ton objectif atteint. Ce fut un plaisir de partager ces moments d'avant, pendant et après courses, que ce soit devant une assiette, un verre ou un sentier.
Vive l'esprit trail.

Anonyme a dit…

Bonjour Michel, je me permets de t'appeler par ton prénom...
Je suis le coureur un peu (beaucoup) à la dérive présent dans ton récit et effectivement lecteur de ton blog. J'ai cherché à te remercier à la suite de la course mais ne t'ayant pas retrouvé, j'attendais ton récit avec impatience.
Je me suis rendu compte que tu es aussi sympa en "vrai" que passionnant à lire au travers de tes écrits.
Peut-être à bientôt sur d'autres courses et pourquoi pas aux citadelles?
Encore merci pour ton aide qui m'a permis de finir tant bien que mal et bravo pour le partage de tes émotions.
A bientôt, Jean-Marie

laulau a dit…

T'avais prévu entre 20 et 30ème... plus précis, t'aurais pas fait mieux ! Bon hiver...et peut-être au début du printemps en Ariège !

Anonyme a dit…

Magnifique course!
Magnifique effort (jusqu'au bout du bout)!
Magnifique récit!
Ca donne envie de mettre les pompes et d'aller crapahuter dans les forêts!
A ce point que dès la fin du message je m'inscris sur mon Everest: le 40 des Citadelles (en caressant le secret espoir peut être de tenter un jour Le monstrueux 73 qui sait?)
Deux photos ont retenu mon attention:
1. J'ai adoré ta sortie des bois façon Sylvester Stallone du temps de sa superbe!
2. Le point de vue des spectateurices est pas mal non plus!

Bon courage pour l'orga du TdC et n'hésites pas à appeler les bras pour t'aider!
@+ Campeon
Seb del pueblo de Rieucross

Anonyme a dit…

Encore un joli récit de course!! Une bien belle place pour toi!! C'est vrai que cela reste toujours un régal de lire tes cr!!Cela donne envie de nouveaux objectifs pour les années à venir!! Merci
Dominique