lundi 30 mai 2016

Trails Cathares - Challenge Cathare

Le Relais des Corbières

Challenge Cathare jour 1

Marion :

Prendre la route de ce nouveau relais a pour moi ce soir une saveur particulière.  Ce chemin vers Saint Paul a un parfum de souvenir. Du temps où je croyais les majestueuses Citadelles cathares peuplées de fantômes de chevaliers. Demain si je croise là-bas des revenants ce sera peut-être des échos d' enfance pas tout à fait révolue.


Cucugnan.  Il est temps de revenir ici et maintenant.
Le vent est fort comme souvent.  C'est l'heure des retrouvailles,  des découvertes.  Les sourires sont partout. Une belle épreuve nous attend.



Samedi,  les derniers préparatifs dans des accords classiques de circonstance. Quelques pas de danse.
L'équipe de bénévoles accueille les coureurs dans des arômes chaleureux de café noir. C'est bon de bavarder, de serrer des mains amies, d'échanger des plaisanteries et des encouragements.
Le départ va être donné.  L'ambiance est détendue, l'excitation monte.






Concentration.



Décontraction (pour le moment).



Château de Padern.





Michel : Avec Yvan et Maël nous montons jusqu'au château nous poster pour voir passer les coureurs et prendre des photos. On calcule nos cadrages respectifs, mais malheureusement le soleil ne sera pas longtemps de la partie.







8h départ de Padern.





Passage des premiers du Challenge. Marion qui effectue le premier relais a déjà pris de l'avance sur les autres relayeurs, principalement des filles pour cette partie plus roulante que la seconde (21km 900m+).





Marion : 
Feu. Première montée. Premier château : Padern.  Je pars devant, déterminée à courir le plus vite possible,  le plus longtemps possible. Je me sens euphorique et en forme.  Envie de me défoncer. Jolie chapelle à droite, ça continue à monter. Un replat herbeux où sont postés les supporters ( trices). Un joli sentier en sous-bois, quelques rochers pour agrémenter le parcours. Nous rejoignons rapidement une piste que nous voyons se dérouler devant nous. Le paysage est agréable,  garrigue, reliefs.  Je suis déjà reprise par Elodie,  qui va pourtant parcourir seule les 95 kms du challenge.  Sur la partie roulante et descendante j'allonge la foulée.  J'accélère pour tenter de réduire l'écart avec les coureurs devant. Le rythme est soutenu. On se croirait partis pour un 10 km Ffa !! Rien à faire, j'ai beau m'appliquer,  les écarts sont stables. J'apprécie énormément cette partie, très agréable à courir à vive allure. Je décide de me caler sur l'allure d'Elodie et Lieven. En plus d'être des " lièvres" (inaccessibles) pendant toute la course, ils m'encourageront à maintes reprises.







Nous reprenons un monotrace le long d'un cours d'eau asséché. Que nous traversons un peu plus loin. Coucou les photographes ! Père et fils. Merci pour les encouragements. A ce moment un coup d'œil à ma montre m'indique que nous avons parcouru 12 km. Je me sens fatiguée d'un coup. Obligée de ralentir un peu l'allure pour me reconcentrer et recharger un peu les batteries. 
Heureusement le coup de mou ne dure pas. J'ai du mal à accepter ces défaillances en relais. Une montée en lacets sur une piste roulante me permet de reprendre ma position.  Et mes deux lièvres n'ont pas disparu. 







Petit coup d'œil en arrière du haut de la côte.  Apparemment pas de poursuivant(e)s....  Pour autant il ne faut pas faiblir. Si je pouvais passer un bon relais à Michel, il partirait plus serein. Deuxième ravitaillement.  Descente technique et caillouteuse qui dure peu.  Mais je prends soin de laisser passer les coureurs plus rapides et qui ont moins d'appréhension. 



Michel :
Château d'Aguilar, avant l'effervescence. Venu directement depuis Padern, j'ai le temps de préparer mes affaires, mes mixtures (Nutraperf) et de m'échauffer un peu en faisant un tour dans le château.






Puis je poursuis mon échauffement  sur la piste, enchaînant les aller-retours en encourageant les premiers et en surveillant de loin l'arrivée prochaine de Marion.






Marion :
Il doit rester 5 kms environ. Une belle montée s'annonce.  La vue est bien dégagée et on voit le château d'Aguilar où s'effectuera le relais. J'ai envie de faire un beau final. Par fierté ou imprudence.  Cependant je sais ce qui m'attend demain.  Et j'arrive provisoirement à modérer mon envie de sprinter.....   






C'est chouette d'être accompagnée des encouragements de Michel juste avant le parking du château.  Une petit aller- retour pour se recueillir dans ce lieu historique,  tout en courant et en souffrant. Des crampes subites me saisissent.  Et je suis soulagée qu'il ne reste que quelques dizaines de mètres....... Allez Michel ! C'est à toi! Courage!






Michel :
Marion arrive en environ 2h comme elle l'avait estimé. Je fonce derrière elle jusqu'à la voiture, prenant sac et dossard pendant qu'elle effectue la montée et la descente au château.




Dix heures environ, me voici parti pour la deuxième partie (25km 1500m+), avec l'avantage de bénéficier d'un super premier relais de la part de Marion qui est arrivée largement en tête.
Je m'attends bien sûr à ce que Pascal Massou me reprenne, mais autant que cela soit le plus tard possible. Je sais aussi que ça devrait être chaud avec Gaby, et je ne connais pas les autres relayeurs (juste une dizaine d'équipes engagées).
Je pars donc plutôt fort, même si il faut gérer pour assurer les 25km et si il faut penser à garder des forces pour le lendemain. 
Comme annoncé par ceux qui étaient là l'an dernier le début est assez roulant, des bordures de vignes, des sentiers ouverts pour l'occasion et de petites bosses, le tout bien sympathique.
Je double peu à peu coureurs et connaissances que j'ai vu passer à Aguilar, en échangeant encouragements et quelques mots. C'est comme ça que l'on se retrouve à quatre ou cinq, lancés sur un sentier sans voir de balisage depuis un moment. Le doute nous gagne, mais on poursuit quand même jusqu'à retrouver une rubalise. Apparemment cette partie là avait été débalisée par quelqu'un de mal intentionné ou qui croyait bien faire en nettoyant, toujours difficile à savoir.
Pour ma part, et sur ces parties aux alentours de Ségure, j'aurais trouvé le balisage insuffisant par endroits, doutant au niveau de plusieurs intersections.





Peu à peu j'ai repris presque tous les coureurs en tête du challenge, jusqu'à trouver celui qui a la même allure que moi. J'apprendrai plus tard qu'il s'appelle Philippe et nous allons partager toute la fin de course ensemble.
Terminées les parties roulantes, nous attaquons maintenant de grosses côtes bien raides. On discute un peu, je lui apprends qu'il doit être environ dans les cinq premiers et que pour ma part je suis toujours en tête du relais. On parle aussi de l'Alberatrail qu'il a également couru. Bon il ne faut pas croire que l'on a passé notre temps à discuter, on  a aussi pas mal forcé pour grimper ces petits sentiers et pour relancer dès que la pente s'adoucissait.
En tout cas la montée sur le Mont Tauch est un vrai monument, c'est du costaud. Peu à peu on revient sur un coureur qui semble accuser le coup. Je suis le premier à le talonner puis à le dépasser dans un grosse pente où il semble un peu scotché. Et autant Philippe est sympathique, autant Nicolas Jalabert est égal à lui-même, froid et antipathique. Ni un mot ni un signe pendant que je le dépasse. Soit il est très réservé, soit... Passons.

Sur le haut du Mont Tauch la végétation se raréfie, tout comme le soleil. Il y a beaucoup de vent, le ciel est bouché, et je supporte bien mes deux couches. Le terrain devient minéral et derrière nous je vous revenir un maillot rouge. Attention, Pascal Massou en approche.
Je donne pas mal pour reculer le moment où il me dépassera et j'arrive, petite fierté, à tenir jusqu'à l'arrivée sur le haut et la piste du Mont Tauch vers les éoliennes. Pascal me rejoint et on discute un peu en courant, encore un coureur plus que sympa.
Puis il s'éloigne sur cette partie bien roulante, peu à peu plongée dans la brume. Les bénévoles et les rares spectateurs ont l'air de se geler. J'effectue un arrêt rapide au ravito pour remplir mon bidon et prendre un peu de salé.
Suit une belle descente, un peu technique puis agréable dans les bois. 400md à descendre avant d'en remonter 200. Après le creux suit une longue piste montante. Je cale un peu et Philippe que j'avais distancé me rejoint. On reprend nos discussions.
Mais derrière, au loin, je vois un maillot orange qui descend bien et se rapproche. Pascal m'a parlé d'un relayeur rapide, ce doit être lui.




Avec Philippe nous poursuivons sur les pistes, d'abord en faux plat montant puis en légère descente après la bascule. Le tout avec un fort vent qui semble toujours être de face, même après une épingle à 180°, comme l'avait écrit Romain un an plus tôt. Bizarre...
Les kilomètres défilent, 21, 22, et comme j'ai mal étudié le profil je les trouve longs. On finit par basculer dans la descente hyper technique où j'étais posté en 2015 pour faire des photos. Elle passe finalement assez vite et si j'ai distancé Philippe, moins à l'aise sur ce terrain, je me fais doubler par un relayeur qui descend super vite. Me voici troisième.









Sur le bas de la descente j'ai le plaisir de retrouver Yvan, qui réalisera un beau reportage photo durant les deux jours. Puis c'est Maël qui est là et me suit un peu.






Plus bas c'est Marion qui m'attend pour prendre une photo et m'encourager. C'est bienvenu car même si l'arrivée est proche je commence à caler et la voir me rebooste.
Pendant que je suis les balises, elle coupe avec Maël pour me devancer par ce que je pense être un raccourci. En fait ils auront bien galéré au milieu des broussailles, et arrivé en bas sur le chemin je les verrai toujours très haut au-dessus de moi.






Je recroise aussi Marc, posté en tant que bénévole à un embranchement.




Il ne reste plus qu'à dérouler jusqu'à l'arrivée, mais j'ai du mal. Philippe qui m'a rattrapé me propose de finir ensemble, mais je lui dit de filer pour ne pas perdre de temps. Il terminera troisième de cette première étape en solo, mais reculera au classement le lendemain.





Après un final dans les petites ruelles de Tuchan, j'arrive enfin à franchir la ligne d'arrivée, ému par l'accueil chaleureux des autres équipes de relayeurs. Je récupère les bouteilles de vin offertes et je m'assois, un peu vidé. Pas très bien, il est temps de boire beaucoup et de manger à nouveau un peu de salé.







Le temps que je me refasse un peu, Marion, Yvan et Maël qui ont réussi à s'extraire des broussailles me rejoignent. Entre temps Gaby est arrivé, mois d'une minute après moi.
Nous sommes donc bien troisièmes de cette première journée, et celle de demain s'annonce d'ores et déjà passionnante.


Marion :
Je suis heureuse,  vraiment,  à l'arrivée de Michel.  Il a fait un relais formidable,  sur un parcours difficile, et a résisté vaillamment pour nous offrir une belle troisième place.
Pendant que mon coéquipier souffrait j'ai eu le temps de bien me reposer, de marcher, trottiner.  J'ai expérimenté diverses boissons protéinées sensées garantir une récupération optimale.
J'ai envie d'être en forme demain.
Michel a la gentillesse de sacrifier nos velléités de podium : je ne connais pas la première partie de la course des seigneurs.  J'ai très envie de la découvrir. 







Quelques heures de sommeil réparateur à peine interrompues, des massages à l'Arnigel pour récupérer des jambes neuves......  Et direction Cucugnan pour profiter de la soirée.
Je ne tarirai pas d'éloges pour Béa.  Le repas, la musique, les organisateurs.... Tout contribue à ajouter du plaisir au plaisir.  A faire de ce week-end des heures intenses et mémorables.








Challenge Cathare, jour 2

Dimanche.  Lever aux aurores. Je me réveille avec un grand soleil dans le cœur.  La journée sera belle.
Départ prudent. Je n'ai jamais enchaîné deux jours consécutifs de course.  Je ne sais pas comment va réagir mon corps. J'apprécie de descendre cette année le fameux dernier mur du trail de Quéribus où j'ai tant souffert. Le sol est glissant et j'ai un rythme prudent. Michel n'attend aucune performance extraordinaire de ma part. " Fais toi plaisir,  profite". Et c'est ce que je ferai.  J'ai adoré le parcours. Du début à la fin. Les premiers kilomètres passent vite : les sentiers sont superbes,  les coureurs heureux et détendus devisent gaiement........






Les sentiers entre Cucugnan et Rouffiac,  montées, descentes, relances, petits lacets sont un vrai plaisir à courir. Dans une descente de Vtt je me laisse aller à divers sauts par-dessus les obstacles.  Des sauts de joie. .....  Portion plane avant de rejoindre le ravitaillement.  J'allonge au cas où Michel serait posté là pour m'encourager.  Et surtout parce que cela fait du bien d'avoir de bonnes sensations physiques et de pouvoir profiter pleinement de la beauté du parcours. 
La montée au château de Peyrepertuse est telle qu'on me l'avait décrite. Pour corser le début on progresse dans ce qui paraît être le lit d'un ruisseau asséché.  Et même en Ultraraptor je glisse un peu. Il faut s'aider des mains pour progresser ! A ce niveau un grand sourire dans mon champ de vision. Coucou Michel ! Tout va bien !..... 




Dans le château de Peyrepertuse (Phototrail)

La montée passe bien,  me voilà déjà sous les murailles du château.  Nouveaux encouragements bienvenus du photographe officiel et de ses acolytes.  Jusqu'ici tout va bien.  J'aborde la descente avec circonspection.  Un coup d'œil sur le profil qui orne mon dossard,  un autre à ma montre.  La partie est loin d'être finie.......  Mon rythme prudent me permet de profiter de la vue magnifique sur la vallée. 






Au ravitaillement de Duilhac,  Michel est toujours là. Il me dit de foncer. Je sprinte.  Ce qui me vaut quelques glissades et des passagers indésirables dans les chaussures.  Petite halte. Mieux vaut ne pas se lester de cailloux avant la dernière ascension que j'imagine terrible.






Deux kilomètres en fond de vallée.  Ici le paysage est sauvage. La végétation luxuriante.  Quelques passages boueux ne manquent pas d'évoquer d'autres Citadelles.
Avant le ravitaillement,  je me sens faiblir brusquement.  Pas de douleur.  Une grosse fatigue. J'attaque la montée au mental.  Mais je dois me rendre à l'évidence : plus d'énergie. Je ne sais plus si j'avance ou si je recule. La crête me paraît inaccessible. Je mange tout ce que j'ai. Je bois. Je râle intérieurement  (cela durera peu). Ouf : la pente s'adoucit.  Puis les coureurs qui m'ont doublée ne sont finalement pas si loin que ça.
Je suis contente de découvrir cette partie du parcours.  Malgré les nuages, la vue est fantastique.  Je n'avance pas vite. Il y a des cailloux, des petites relances. Et je me prépare à un final qu'on m'a annoncé grandiose.










Ça y est : deux kilomètres de franche rigolade,  glissades, sauts de buis en buis, recherche permanente d'équilibre.....  Pas une chute!!!! Et voici la fameuse piste de ski. Je vois le point de relais de très loin. Je me sens à la fois euphorique et soulagée........ 
J'ai envie de prendre Michel dans mes bras. Je crois que je le fais. C'était tellement....  Tellement tout ça.......


Michel :
J'ai pu voir Marion et l'encourager aux endroits que j'avais prévus et garé au bord de la route il est maintenant temps que je me prépare. Quelques heures sont passées depuis le petit dej' et je mange un peu de salé tout en m'habillant.
Du parking improvisé il faut monter à pied par une piste pour rejoindre le point de relais. C'est un peu brouillon, sans indication, et ceux qui n'ont pas étudié la carte s'y tromperont parfois, comme ce relayeur qui a suivi les flèches de la rando et est finalement arrivé sur le point de relais après avoir couru plusieurs kilomètres, déjà fatigué et sans eau.
Pour ma part je m'échauffe en enchaînant les aller-retours sur la piste, un oeil sur ceux qui arrivent pour ne pas rater Marion et voir les relais concurrents s'éloigner. Marion met environ 4h pour ces 25km 2000m+, comme elle l'avait estimé. Quasiment tous les autres relayeurs ont fait courir cette partie plus dure par les hommes, mais pas nous. Marion a fait plusieurs fois le Trail de Quéribus et c'était beaucoup plus sympa pour elle de découvrir toutes ces jolies parties de la Course des Seigneurs. Stratégiquement ce n'est peut-être pas le bon choix, mais
on ne le saura jamais et on s'en fout.
Pour l'instant il me reste à reprendre deux filles, le relais du couple Péré et du tandem Gaby/Isabelle pour conserver la troisième place. Les deux premiers sont inaccessibles.
Je pars raisonnablement fort  sur les trois kilomètres de piste, reprenant comme hier les coureurs du Challenge en solo, plus ceux de la Course des Seigneurs. Tout va bien, je suis en forme et je n'ai pas de douleur suite à la course de la veille.


Petite descente souple avant d'attaquer  la grosse et belle montée en direction du château de Quéribus. Je la passe bien, montant majoritairement en marche rapide avec quelques relances, sans me mettre dans le rouge.




Encore de beaux sentiers où courir, avant d'apercevoir le donjon et de plonger sur le parking et son ravito. J'ai le plaisir d'y retrouver Marion, son sourire et ses encouragements, puis Yvan derrière son appareil photo.


J'effectue un arrêt express, le temps de manger et de prendre un peu de salé tout en remplissant mon deuxième bidon de Nutraperf.
Pas le temps de souffler, je poursuis la montée, mi marche mi course. J’atteins le pied du donjon, il reste à grimper le bel et vieil escalier en pierre. Je pénètre entre les murailles, un salut à Romain posté là, encore quelques marches puis la traversée d'une salle avant de plonger dans un escalier en colimaçon.


Je ressors du château pour attaquer la célèbre crête technique qui suit. Je n'y suis pas super rapide, comme d'habitude, mais je suis prudent pour sauter de caillou en caillou.
La descente suivante se passe bien, puis je relance sur les sentiers qui suivent à une bonne allure. Mais pour l'instant il n'y a toujours aucune relayeuse en vue...
Peu à peu et comme hier j'ai cessé de doubler pour me retrouver avec des coureurs à l'allure équivalente à la mienne.


Aujourd'hui c'est avec Kevin que je vais effectuer une bonne partie partie du parcours. On parlera peu, mais on ne sera jamais très loin l'un de l'autre.
Je reconnais des parties que j'avais eu le temps d'observer en 2015 dans mon rôle de serre file. Puis arrivent de nouveaux et jolis sentiers, pour la plupart en crête avec de beaux paysages. Et c'est après une partie un peu technique et rocheuse que j'aperçois enfin Alexandra Péré devant moi. Je la rejoins rapidement, nous échangeons quelques mots et elle m'apprend qu'Isabelle l'aurait doublée il y a peu, "dans les cassines".
N'ayant ni Google ni un dictionnaire Lot et Garonnais/Français avec moi, je poursuis sans savoir ce que sont les cassines. J'imagine que ce sont les sentiers de bord de falaise que l'on vient de passer, et que donc Isabelle n'est pas loin. Mais les sentiers s'enchaînent et je ne la vois pas.


De mon côté mon état se dégrade peu à peu. Je n'ai plus envie de sucré, je délaisse donc les pâtes de fruits pour grignoter des bouts de fromage, et boire le Nutraperf ne m'attire plus. Je passe donc quelques kilomètres sans bien m'hydrater, faiblissant un peu.
Le parcours est toujours superbe et peu avant le château de Padern je retrouve Steve, serre file, et les derniers du 20km.




J'arrive à Padern plutôt émoussé, le moral assez bas, et doutant sur le fait de pouvoir rejoindre Isabelle.


Marion est là pour m'encourager, mais je ne suis pas très bien, et un peu "ours" à vrai dire. Je vide ma bouteille remplie de Nutraperf par terre et j'en remplis une d'eau claire et l'autre mélangée avec de l'eau gazeuse. Je mange du salé et j'en reprends dans mes poches. Marion m'annonce qu'Isabelle n'est qu'à quatre minutes.
Ca peut paraitre peu sur le papier, mais je vois vite en repartant du ravito que je n'ai ni la forme physique ni le mental pour aller la chercher. De plus la chaleur est maintenant bien installée en ce début d'après midi, et elle n'est pas mon amie en course.
J'avance comme je peux, pas très positif. J'essaie d'oublier la poursuite de cette troisième place pour privilégier et retrouver le plaisir qui guidait le choix de notre stratégie de course, sans réel succès.

Je suis toujours plus ou moins avec Kevin, galérant sur la partie de route, puis nous arrêtant pour nous rafraîchir en traversant un ruisseau. On repart pour monter au-dessus des vignes et peu à peu il prend de l'avance.
Comme hier je rejoins Nicolas Jalabert, et comme hier il est super sympa, je dois même lui taper sur l'épaule pour qu'il se serre et me laisse passer. Soit il n'a pas entendu mon "pardon" avec ses écouteurs, soit c'est autre chose...
J'ai toujours le vague espoir d'apercevoir Isabelle, mais il n'en sera rien et elle m'aura même repris beaucoup de temps sur cette partie où j'ai bien galéré.
La dernière montée, l'énorme mur final que j'ai parfois bien passé est aujourd'hui en version calvaire. Je monte pas à pas, loin d'être frais. Je m'aide d'un bâton trouvé sur place qui se brisera quelques mètres plus loin.




Puis c'est enfin le col, il ne reste plus qu'à descendre jusqu'à Cucugnan. Je fais ce que je peux, toujours fatigué et sans beaucoup de moral.
Marion m'attend en bas, peu avant le cimetière. Je ne suis vraiment pas au top et j'ai du mal à trottiner dans la remontée vers l'arrivée.




Moment difficiles à passer, comme quand à la fin d'un ultra on arrive vidé, plus près du malade que du sportif en pleine forme.
Malgré tout je suis content d'avoir pu trouver ces photos, témoignage de notre belle arrivée main dans la main. La place est secondaire et nous aurons vécu et partagé un beau Challenge à deux. La route a été longue, avec quelques obstacles, mais nous les aurons surmontés pour voir ensemble la ligne d'arrivée.


Et puis l'orga étant généreuse et récompensant les six premiers duos, nous aurons aussi eu droit à notre passage sur le podium. A côté de ça nous aurons bien plaisanté et noué ou conforté nos connaissances avec nos adversaires et compagnons de chemins.
Il m'aura fallu un peu de temps pour me refaire le jour même, l'appétit revenant peu à peu, même si la bière offerte n'aura pas suscité mon envie. Mais le soir et le lendemain les festins proposés furent les bienvenus.




Alors voila, je n'ai pas encore relu notre récit d'un bout à l'autre d'un seul trait, mais je sais que nous avons pris beaucoup de plaisir sur ce Challenge Cathare, que les sentiers et les paysages étaient encore une fois superbes et que le tout baigné dans la chaleureuse ambiance de la course était à vivre et à renouveler.

Un beau souvenir de plus pour le Team XtreM Run.