vendredi 29 mai 2015

Grand Tour du Bugarach

Grand Tour du Bugarach

L'envie était là : partir sur les sentiers, autonome, sans trop savoir où s'arrêterait ma journée et où je dormirai. Dès le départ je savais que ce dernier point me poserait problème. Un sac de couchage ok, mais où le poser ?
En attendant, il me restait à imaginer une boucle, ma boucle. Je ne voulais pas d'un parcours tout fait, comme une portion du Sentier Cathare ou le Tour du Fenouillèdes qui pourtant m'attirait bien.
Alors j'ai pris les cartes, je les aies étudiées, j'ai tracé sur Openrunner un tour qui me plairait, m'attirerait. Mélange de portions des parcours précités et de sentiers inconnus, mais sur le papier bien intéressants.

Et puis créer un parcours qui ait du sens, avec cette grande boucle qui partant de Rennes les Bains ferait le tour du Pic de Bugarach, en allant chercher les très jolies Gorges de Galamus. Le tracé était là, il me restait à prévoir le matériel nécessaire, en réfléchissant et en m'aidant du blog de Sylvain Bazin, à acheter un nouveau sac à dos et quelques autres babioles, pour retrouver l'excitation de l'écolier avec sa nouvelle trousse une veille de rentrée.

Finalement je décalais le départ prévu le lundi 25 au lendemain, pour profiter d'un jour de plus en famille et pour attendre que la météo soit un peu meilleure.




Jour 1

Rennes les Bains, 9h20

L'étude préalable des cartes me permet de ne pas chercher le départ longtemps et de prendre le bon chemin du premier coup. Première bonne surprise, les quelques habitants que je croise ne me regardent pas comme un clochard errant, mais au contraire ils sont souriants et on échange même quelques mots. Un bout de route passant devant le camping me permet de m'échauffer. Je marche d'un bon pas jusqu'au premier départ de sentier, un peu caché dans la végétation. Mais je suis vite rassuré, c'est un sentier propre doté d'un très bon balisage. Et ce sera une constante tout le long du parcours, même les petits sentiers moins connus sont nettoyés et ont toujours un petit panneau fait main aux croisements cruciaux. Un plaisir pour le randonneur qui navigue en terre inconnue.





















Pour ce début de parcours les sentiers sont donc très jolis, mais une paire d'endroits nécessitent quand même une étude de la carte au 1/25 pour m'orienter correctement. Ce sera plus simple ensuite.
Je laisse vers le km4 une piste moins intéressante pour retrouver un bon et joli sentier qui m'amène à l'intersection menant au pont romain. Cinq minutes de descente pour aller voir ce joli vestige, et une côte à remonter ensuite. J'en profite pour faire une pause et grignoter un peu (2h de marche). Boire aussi, car le sac n'est pas pratique pour cela et les gourdes placées sur les côtés sont inaccessibles. Je dois donc le retirer à chaque fois, ce qui fait que je boirai peu, même pas un litre dans la  journée.















Passé le pont romain, toujours sur un joli sentier je finis par apercevoir au loin le phare qui va guider mon orbite, le Pic de Bugarach. Superbe, avec évidemment quelques nuages accrochés à son sommet.
La météo est d'ailleurs bonne, nuageuse jusqu'à 11 heures comme annoncé, puis avec un soleil timide et un vent très fort, plutôt froid.







Un propriétaire accueillant...







Une descente toujours agréable m'amène aux abords des premières maisons de Bugarach (3h de marche). Un peu plus loin, je croise un couple avec qui j'échange un bonjour. Puis en poursuivant sur le chemin je croise une femme qui promène son chien . Derniers êtres humains avant bien longtemps. Je pensais rencontrer ici ou là un randonneur, notamment sur le célèbre Sentier Cathare.  En fait je n'aurais vu absolument personne durant ces kilomètres de chemins, plongée profonde dans un monde solitaire (ce qui ne me déplait pas).



























Bugarach passé, je me trouve en terrain connu, pour avoir fait le sommet récemment et pour avoir couru par là déjà plusieurs fois. Je trouve un endroit un peu abrité du vent pour faire une pause casse croûte légèrement plus conséquente (4h de marche). Puis je repars, fuyant les nuages qui semblent s'accumuler aux alentours du pic, pour aller vers le ciel bleu du Fenouillèdes.










Je bascule derrière le petit col pour retrouver les ruines de la Bergerie de la Couillade et des panneaux indicateurs. Je m'étonne de ne pas y trouver l'épave du vieux tracteur, mais je ne réfléchis pas plus longtemps et je pars à droite, pour éviter l'erreur que j'avais faite il y a longtemps, en partant sur le col de Péchines.
J'aborde la descente sur piste, avec vue sur le Canigou. Je marche, un bon quart d'heure, commençant à me poser des questions en essayant de me rappeler de ce terrain déjà parcouru. Mais quand la piste part trop vers l'ouest je doute vraiment, et je m'arrête pour étudier la carte. L'erreur est évidente, j'ai effectué ma bifurcation sur la droite trop tôt, en me trompant de ruines. Je recharge mon sac sur le dos, il ne me reste plus qu'à remonter ce que je viens de descendre. Je râle, je m'en veux, et si parfois dans la vie on s'énerve contre quelqu'un d'autre pour passer sa colère, ici je ne peux m'en prendre qu'à moi et assumer mon erreur. Passées ces vingt minutes de mauvaise humeur à remonter la pente, je retrouve auprès de la ruine le bon chemin et mon état d’esprit zen.














 Une courte descente m'amène auprès de la bonne ruine de Campeau, de son épave de tracteur toujours présente et de quelques chevaux qui broutent en paix. Plus d'erreur possible maintenant, je suis sur le Sentier Cathare fraichement balisé en rouge et blanc, depuis qu’il a été  introduit dans le cercle des sentiers de grande randonnée. A titre personnel, je préférais son balisage personnalisé, ce point orange surmontant traits jaunes et bleus. Mais c'est sans doute un détail, qui ne m'empêche pas de me diriger d'un bon pas vers le Roc Paradet.


















 Je suis toujours sur d'excellents sentiers, d'abord dans les bois puis à découvert alors que la nature du terrain change, avec plus de rocaille et de prairies. Je suis également à la merci du vent violent qui sévit sur le secteur. Çà ne se voit évidemment pas sur les photos, mais le vent et les rafales plus ou moins violentes n'ont pas cessé durant ces deux jours en extérieur.
A l'approche du Roc Paradet, très exposé, je renonce d'ailleurs à porter ma casquette qui risquerait de me quitter pour prendre une direction différente, et je me protège de la fraicheur grâce au dernier buff des Citadelles.
Au sommet je prends quand même le temps d'admirer le panorama sur le Canigou, la plaine du Fenouillèdes, et je jette un dernier coup d’œil sur le sommet du Bugarach avant de le perdre de vue pour quelques heures.






Saint Paul de Fenouillet











Roc Paradet







Je descends une bonne piste en direction de Camps sur Agly, une portion que je connais un peu pour l'avoir montée en courant il y a quelques années avec David, lors de ma première sortie découverte dans le coin. Le balisage est toujours parfait et je laisse Camps sur ma gauche. Un peu plus loin je tombe sur un petit panneau indiquant Galamus. Je décide de suivre ce sentier qui parait plus direct, au lieu d'aller visiter le col de Lenti comme c'était prévu. Ce sera pour une autre fois.
Encore une fois, ce sera un super sentier. Peut être pas trop fréquenté mais en tous cas très bien entretenu. Un peu technique par endroits, ce qui m'oblige à regarder où je pose mes pieds, ce que j'ai fait la plupart du temps pour éviter de déranger une vipère sur ces sentiers rocailleux. Il n'y a plus de balisage puisque je suis hors des grands sentiers, mais la trace est toujours bonne.







Une trouée dans la végétation m'offre une nouvelle fois une très belle vue sur Saint Paul de Fenouillet, la plaine et au delà des barres rocheuses un secteur que j'irai sans doute découvrir en détail une prochaine fois.
L'après midi s'avance et mon pas est toujours léger. De temps en temps, sentant venir un peu de faiblesse je grignote un petit bout, mais  rien de nouveau le principe est le même que celui appliqué sur un ultra. Le seul défaut, déjà évoqué, est l'accès impossible à mes gourdes qui fait que je boirai très peu, mais ce sera sans conséquence.

La question du "Où vais je dormir ?" est toujours sous-jacente, mais une chose est sûre ce ne sera pas dans les bois que je traverse et où j'aurais trop peur d'être dérangé par quelques animaux plus ou moins sympathiques, même s'il n'y a pas de prédateur dans le coin. Je ne vais pas non plus faire passer  le Fenouillèdes pour la jungle équatoriale.





Et puis perdu dans mes pensées mais pas dans les bois qui m'entourent, je découvre d'un seul coup les gorges de Galamus en dessous de moi lors de la traversée d'un mini pierrier. La vue est magnifique et englobe tout le site, assez différente de l'arrivée habituelle par la route. Les connaisseurs reconnaitront sur la photo le parking sur la droite, l'ermitage au centre, et tout au fond la crête de la Quille où passe la Course des Seigneurs.

Le sentier est toujours bon, mais une angoisse m'a gagné maintenant : est ce que je ne vais pas déboucher sur quelques parties aériennes qui surplomberaient d'un peu trop près les gorges vertigineuses ? Impossible à savoir, donc je poursuis ma descente, bien planqué dans les bois. Les arbres s'écartent de temps offrant de nouvelles vues sur les gorges, mais le sentier est toujours sûr, même si il descend très fort. Mon nouvel ami le bâton m'évite d'ailleurs plusieurs glissades dues à des pierres roulant sous les pieds.







Et puis je finis par rejoindre l'Agly qui s'écoule tranquillement au fond des gorges en n'ayant rencontré aucun passage à risque. Ouf.
Mais je découvre ici un autre problème, car la passerelle un peu détruite posée sur la rive semble avoir souffert d'une crue et en tous cas ne plus assurer son rôle. Je vais me renseigner auprès du premier être vivant rencontré depuis un bon moment, en l’occurrence une monitrice de canyoning assise dans un bâtiment. Elle m'explique la situation, soit traverser à gué un peu plus loin, soit faire un détour de 8km pour remonter sur Galamus. Je la remercie et je vais donc chercher l'endroit où la rivière est moins profonde pour pouvoir traverser. Ce sera vite fait et sans me déchausser, encore une fois aidé par mon bâton pour garder l'équilibre.
De l'autre côté il me reste à remonter un sentier très raide avant d'atteindre le parking où trainent quelques rares touristes.











Après 8h de marche, j’atteins mon objectif en cet endroit magnifique et quelque peu mystique. Je descends par le sentier bien  sécurisé pour rejoindre l'ermitage. Des années que je n'étais pas venu là et je redécouvre avec plaisir ce superbe lieu. La petite chapelle coincée dans la roche, de jolies statues, une pierre gravée expliquant les motivations du premier ermite ayant vécu ici, et puis un peu plus haut un bassin et d'autres statues. Je passe sans m'arrêter auprès du bar/vente de cartes postales et par l'escalier et la route je reviens au premier parking.





















L'heure est maintenant à la pause avec une excellente crêpe au Nutella. Je parle un peu avec la charmante serveuse et son père, leur exposant rapidement mon parcours de la journée et mon projet de dormir dans le coin. Pas de solution miracle à me proposer, l'heure est donc à la réflexion et à la décision que je devrai prendre seul. Le lieu est bien, assez civilisé pour qu'il n'y ait pas d'animaux et assez loin de la civilisation pour qu'il n'y ait pas d'empêcheurs de dormir sur deux pattes. L'autre paramètre est de trouver un endroit abrité du vent violent.



Je finis par me poser  devant une sorte d'ancienne chapelle qui pourrait être un lieu accueillant pour la nuit. J'y poursuis ma réflexion et un autre paramètre vient perturber mes pensées : la route sera fermée demain pour travaux, entre 6h et 15h. Ce qui veut dire que je devrais faire un long détour à l'est par le GR36 avant de repartir vers Rennes les Bains. Or, mon but atteint je pense déjà au retour, qui pour tout dire me pèse. Un peu comme pour l'alpiniste qui atteint l'Everest, but de toute une vie, et tout à sa joie se préoccupe peu de la redescente. Comme le dit  le philosophe ariégeois : "Peu importe le but, l’important est de se lancer pour l'atteindre".
Toujours est il que je veux faire court pour mon retour et je décide donc de reprendre la route des gorges, quittant cet endroit abrité sans savoir où je vais bien pouvoir poser mon sac de couchage pour la nuit. Il est environ 18h, j'ai quelques heures de jour devant moi pour marcher encore et trouver l'endroit idéal.















La traversée des gorges est belle. J'y croise très peu de voitures et les trois ou quatre conducteurs que je vois me saluent. C'est sympa.
Je prends quelques photos mais en dehors de ça je préfère me tenir loin du parapet et du vide qu'il y a derrière, surtout avec les fortes rafales de vent qui poussent dans tous les sens et m'empêchent presque d'avancer à certains endroits.
Je progresse toujours d'un bon pas, même après 9h de marche, et j’atteins assez vite la sortie des gorges. Mon équation n'est toujours pas résolue, trouver un endroit pour poser mon sac de couchage, un lieu  à l'abri du vent, des animaux et des humains qui peuvent parfois être plus dangereux. L'idéal serait par exemple la terrasse couverte d'une maison inhabitée, mais autant attendre qu'une princesse arrête son carrosse près de moi et m'invite chez elle.











Je poursuis donc ma route sur le Sentier Cathare, hésitant sur plusieurs endroits qui pourraient convenir mais ne me satisfont pas tout à fait. Je ne suis pas loin de Cubières et en avançant encore je pense que je pourrai atteindre Camps sur Agly et son gîte d'étape. Mais dormir dehors la première nuit fait partie de ce voyage, des règles que je me suis fixées et ne pas aller jusqu'au bout de ce projet gâcherait à coup sûr la finalité de l'ensemble. Je crois profondément qu'une des pires choses que l'on peut faire est de se mentir à soi-même. Et ce n'est pas ce soir que je vais le faire.





Je finis donc par trouver l'endroit idéal, bien qu'il n'y en ait aucun pour dormir dehors, en tous cas pas en étant seul. A deux ou trois copains cela aurait été simple, on aurait discuté, on se serait sentis forts et protégés, et la nuit serait passée sans problème.
Dans le cas présent je m'installe dans la petite clairière que j'ai trouvée, pas loin d'une piste en terre et qui semble rassembler tous les critères demandés. Je me change et me couvre car même si je suis à l'abri des fortes rafales, le vent froid arrive quand même jusqu'à moi.
Je grignote vite fait le même menu qu'à midi et je me glisse ensuite dans mon sac de couchage avant que la nuit arrive. Bien couvert, avec juste le nez qui sort pour respirer, je ne souffrirais pas du froid. Pour autant, et comme je m'y attendais, la nuit sera mauvaise. La pleine lune éclaire les bois durant les premières heures, mais une amie m'a assuré qu'il n'y avait pas de loups garous dans l'Aude. Je peux donc dormir tranquille.

Rien ne viendra troubler ma tranquillité, mais mon sommeil sera quand même en pointillés, avec de longues périodes d'éveil. J'y pense parfois, quand je dors dans le confort et la sécurité de ma 306 break, quel enfer doivent être les nuits pour les SDF qui dorment seuls en ville, à la merci des premiers agresseurs venus.

C'est donc une satisfaction de voir arriver vers 5h les premières lueurs de l'aube. Je me lève peu après, déjeune d'eau, d'un tube de Nestlé concentré et de quelques biscuits. Il me reste à plier ma chambre, remettre mes affaires de marcheur, ranger mon sac et reprendre la route.

Jour 2

Aux alentours de Cubières, 6h48










Marcher sous la belle lumière du soleil matinal est un bonheur, d'autant que les sentiers menant vers Camps sur Agly sont absolument superbes, traversant de jolis bois sur de souples sentiers. Le Pic de Bugarach refait son apparition et il ne disparaitra quasiment plus de ma vue.









J'arrive assez vite à Camps où je ne croise qu'un chien et un honnête travailleur parti pour accomplir sa tâche quotidienne. Je remplis ma gourde au point d'eau jouxtant la route et me dirige d'un pas sûr en direction de la Bastide, autre gîte d'étape où j'avais envisagé de passer ma deuxième nuit, selon le temps nécessaire à ma progression.
Cette partie peut être pénible pour un coureur, car elle se déroule pendant un bon moment sur route. Pour le marcheur que je suis ça ne pose pas de problème particulier. Je peux même ainsi progresser sans surveiller où je pose les pieds.
Je me ferais juste une grosse frayeur quand un gros animal planqué dans les taillis s'enfuira à mon passage. Il faut voir le bon côté des choses, ce sanglier ou ce chevreuil supposé aura sans doute eu plus peur que moi.



















Dans la Bastide je n'aperçois de loin que deux agriculteurs affairés à leurs tâches, et une superbe épave de 403. Dommage, à voir son état il semblerait qu'elle puisse être facilement restaurée.









C'est encore une longue portion de route qui m'amène jusqu'aux maisons des Pastressis. Le Sentier Cathare ne passe plus ici mais part vers le col de Péchines. Je ne souhaite pas retrouver le sentier fait hier et les cartes indiquent un tracé par ici. Les aboiements de quelques chiens m'inquiètent à l'approche des maisons, mais je les découvrirai finalement derrière leurs grillages et le propriétaire, d'un abord plutôt froid, me confirmera gentiment que je suis bien en direction du col du Linas.

Voila déjà plusieurs heures que je marche et je fais donc une petite pause pour boire et grignoter quelque chose. Malgré le grand soleil que l'on voit sur les photos, le vent froid est toujours là et je supporte aisément mes deux couches de vêtements.













J'arrive assez vite au col du Linas, retrouvant là le parcours fait il y a peu de temps lors de la sortie au Pic de Bugarach. La montagne découvre ses formes bizarres au fur et à mesure que j'en fais le tour.

Puis une belle descente me ramène au village dans lequel je ne rentre pas, attaquant aussitôt une grosse montée vers la Pourteille. C'est un sentier assez large, identifié comme itinéraire équestre, mais les pentes sont plutôt raides jusqu’au col.





















Col de la Pourteille.
Je traverse la piste pour découvrir de l'autre côté une superbe descente en direction de Sougraignes. Un très joli sentier dans les bois, des tapis de feuilles mortes, voila une partie qu'un jour je viendrai dévaler en mode coureur. Pour le moment je marche et je profite de l'endroit, apercevant entre les arbres le village, mon prochain but.











Arrivé à Sougraignes, je m'arrête pour m'alimenter à nouveau et étudier la carte. Il est aux environ de 11h et je commence à penser très sérieusement à la pizzeria de Rennes les Bains. Plusieurs sentiers partent du village et après avoir écarté l'option du retour par la route je choisis de passer par le col de la Salso et de terminer (vite avant que la pizzeria ne ferme !)  par mon itinéraire de départ.
C'est aussi au plafond de cet abri bus que je découvre ce graffiti tellement rempli de sens : "Cueille ta vie".













Me voici donc reparti de Sougraignes avec la surprise désagréable d'avoir une nouvelle rivière à traverser à gué. Toujours pas de temps à perdre à me déchausser, je me plonge dans l'eau fraiche et rejoins l'autre rive. Cette partie principalement composée de pistes n'est pas d'un grand intérêt et je rejoins bientôt l'embranchement où j'avais bifurqué à l'aller pour aller vers Bugarach. La boucle est bouclée.

Il me reste à parcourir quelques jolis sentiers, avec un œil sur la montre en pensant à la pizza et en rêvant de rôtis en sauce et autres mousses au chocolat.
J'avance donc vite, ralentissant aux abords du village car je vois que je serai à l'heure pour manger. J'arrive donc au terme de cette grande boucle, ne sachant pas si je vais être submergé par l'émotion comme cela m'est souvent arrivé en terminant des courses longues et exigeantes. Les premières rues sont là mais il ne se passe rien, juste un habitant qui me salue, me surprenant encore une fois que l'on ne me regarde pas de travers.











Il me reste à me poser à table, prendre un bon demi citron et une excellente pizza. Encore une adresse à retenir, Chez Will, pizzeria hautement recommandable.
De là je rejoindrais ma voiture pour me poser, "siester" un peu et rejoindre le confort dont on oublie trop souvent comme il est précieux.



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Finalement que retenir de ce Grand Tour du Bugarach ? Forcément de très beaux paysages et très jolis sentiers.
Symboliquement, l'image qui me restera sans doute est cette magnifique arrivée en fin de journée au-dessus des gorges de Galamus, face à l'ermitage. Un grand moment, comme le but du voyage que pourtant je ne m'étais pas fixé. Mais j'ai bien senti qu'après ce passage j'avais basculé dans l'envie du retour.

La nuit bien sûr a été une expérience forte. Pas agréable c'est sûr, mais forte, comme une épreuve que j'aurais eu à passer. C'est fait, et si ça peut paraitre futile aux vrais aventuriers ou à ceux qui n'ont aucune idée de ce que cela peut être, je les invite à tenter l'expérience. Prévoyez quand même le coup de fil à un ami comme joker, car la partie n'est pas gagnée d'avance.
La nuit dehors c'est donc fait,  et je ne pense pas le refaire, pas seul en tous cas. Je me vois plus prévoir une nuit en gite d'étape lors d'une prochaine longue randonnée. Payer une fortune pour juste dormir m'est toujours apparu comme une aberration, mais un lit dans un dortoir pour 10 ou 20 euros me parait la bonne solution pour profiter de la nuit et faire que toute l'aventure soit belle.

Certains se demanderont sans doute si sur mon chemin j'ai trouvé la vérité ou les réponses à mes questions. Et bien non et cela pour une raison assez simple : je suis parti sans doute ni question, satisfait de ma vie et donc sans réponse à trouver. J'ai juste profité du chemin, j'ai adoré marcher durant ces longues heures, jamais lassé et avec l'impression de pouvoir encore avancer toute la nuit. Quelques fantômes m'ont bien visité par moments, mais ce sont des dossiers clos qui sans doute le resteront et mes pensées sont vite passées à autre chose.
Comme souvent j'ai l'impression d'avoir plus de musique que de pensées qui tournent dans ma tête. Et si j'écoute principalement du Metal, je n'ai pas souvenir d'en avoir "entendu" durant ces longues heures. Logiquement c'est plus un vieux titre de Cabrel et ses paroles lourdes de sens qui sont venus me hanter, Les Chemins de Traverse, un morceau qui avec l'album Cabrel Public tournait en boucle il y a quelques années dans ma chambre d'étudiant.

Voila, difficile de trouver une conclusion à ce long voyage, juste vous dire qu'il en appellera d'autres. Et puis vous inviter à laisser un message, un que j'aurai plaisir à lire et relire, comme ceux qui ornent la chapelle de Galamus ou l'abri bus de Sougraignes.

Cueille ta vie.

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Premier jour, 32km, 1620m+, 1460m-, 9h50 de marche
Deuxième jour, 23km, 820m+, 940m-, 5h36 de marche

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Coût de ce Grand Tour de Bugarach, en dehors du nouveau sac et de quelques babioles achetées avant le départ :

2,5 euros, soit une crêpe au Nutella

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Le lien vers le site de Sylvain Bazin, une bonne base pour le matériel à emporter, à compléter selon les préférences et les impératifs de chacun :




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Et puis une spéciale dédicace au bâton qui m'a accompagné et soutenu, des premiers kilomètres où je l'ai trouvé à l'arrivée,  sans jamais se plaindre ni se rompre. Il est reparti avec moi et je l'ai décoré aux couleurs des principaux balisages rencontrés.










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