mercredi 2 septembre 2009

- Grand Raid des Pyrénées 2009 : le Talisman de Torreilles

Le Talisman de Torreilles



J'avais prévu d'appeler cette seconde partie le Talisman de Torreilles car j'étais persuadé que viendrait un moment où j'irais beaucoup moins bien.




En prévision de cette baisse de forme, alors que je bullais sur la plage de Torreilles en lisant l'Ultrafondus Mag qui causait de l'abandon, j'avais récupéré une jolie petite pierre rosée qui me relierait à ce moment et m'aiderait à terminer.



Le Talisman était avec moi sur le GRP mais je n'en ai jamais eu besoin. A moins qu'il ait agi sans que je le sente...










Après la première partie de course, Au royaume des lacs, je repars d'Artigues en 144ème position, après 5h33 de course.









Le début de la montée s'effectue dans le brouillard mais il fait chaud et je retire les buffs de la tête puis du tour du cou. Ici comme ailleurs, les randonneurs croisés sont très sympas et généreux en encouragements.





Deux spectatrices attentives ?






En fait non, plutôt deux vigiles chargés de la surveillance du balisage.







On sort assez rapidement de la brume pour attaquer les vertes prairies qui montent vers le col de Sencours.

Je suis toujours en grande forme et je monte bien, à mon rythme, sans me cramer. Il est raisonnable de vouloir arriver à mi-parcours "frais" afin d'envisager la suite sereinement. Comme dans la montée du col de Bastanet, je reprends du monde sans me mettre dans le rouge.







Il commence à faire chaud et je remets le buff sur la tête pour me protéger du soleil. Pas le temps d'enlever mon sac pour récupérer la casquette, je pense le faire au ravito mais je l'oublierais.

















Je rattrape Laurent, le pote de Caroux, qui m'explique en détail leur départ différé suite à un téléphone déchargé qui n'a jamais sonné. On reste un moment ensemble à causer puis je poursuis jusqu'au ravito.













Un Vttiste lancé dans la descente.







Col de Sencours, km37, 127ème en 7h35

Je bois un peu de coca frais, quel bonheur, et j'en mets aussi dans le camelback pour donner du goût à l'eau.





Seule déception : je comptais revoir ici le bénévole qui m'avait "dorloté" en 2008 quand j'étais au fond du gouffre, tout près de l'abandon, mais il n'est pas là.





Je repars en courant dans la descente qui mène vers Tournaboup. Le retard de trente minutes pris au début me suit et je suis extrêmement régulier par rapport à mon plan, sans forcer ni retenir mon allure.










Je descends côtoyant deux Réunionnais, dont un habillé version hiver, avec casquette épaisse, gros gants et collant long sous le soleil !
La mer de nuages est à nouveau devant nous, le sentier est bon et la progression rapide même dans la brume.







Making of.







Superbes photos prises par les photographes officiels, Cap Action Nature.










A nouveau dans la brume.








Tournaboup, km45, 115ème en 8h38

A Tournaboup, je recharge en eau pour affronter la longue portion sans ravito qui m'attend. Je revois les gars de Saverdun, venus en supporters, et je cause un peu en mangeant une compote. Je vais toujours bien, ni envie, ni besoin de pâtes.





Je repars d'ailleurs en trottinant du ravito, un peu pour gagner du temps, beaucoup pour faire le cake devant le public assez nombreux ici.







Je suis de loin un petit groupe, toujours à un bon rythme, en attaquant la montée vers Aygues-Cluses.





Une petite pause "analyse d'urine" me permet de voir à la couleur, trop jaune, que je ne suis pas assez hydraté. Je mange et je bois régulièrement, peut être pas assez. Je passe donc de quelques gorgées bues toutes les 10 minutes à une fréquence de 5 minutes.








Sorti de la brume le soleil commence à taper et le sentier technique monte plutôt fort par endroits.




Je me sens un peu moins bien et je croque une tranche de saucisson avec du fromage. J'ai même embarqué une moitié de part de pizza, mais elle est inaccessible à l'arrière du sac.




Après ce ravito en vol, Laurent me rejoint à nouveau et le fait de monter en discutant avec lui me fait oublier la baisse de forme.











On se rafraîchit souvent en croisant des ruisseaux et je prends à nouveau une bonne allure.









Les sympathiques trailers de Portet, en pleine pause Snickers pendant leur Ultra.






Je passe à la cabane d'Aygues Cluses où de chaleureux supporters nous encouragent à l'aide de leurs voix et d'une cloche.






De suite après, c'est la grosse montée sur le col de Barèges et je reprends un à un de nombreux coureurs que j'avais croisés en arrivant à Tournaboup, environ 10 minutes devant moi.











Passage rapide au col, juste le temps de voir que le SL (Sentier Libre) que j'avais dessiné avec des cailloux lors d'une reco n'est plus là.







J'enchaîne aussitôt avec la descente, toujours fringuant, et je continue à remonter dans le classement.





Aux abords du lac, je ralentis pour faire quelques nouvelles photos, sans perdre trop de temps car le sentier est à nouveau technique.






Je bascule ensuite vers le laquet et la cabane métallique.





Je suis suivi par une femme que j'invite à me dépasser, mais elle me dit qu'elle s'accroche, qu'elle ne veut pas courir seule.





Elle me connaît mal, je suis un solitaire en course.





Au niveau de la cabane rouillée, elle prendra un raccourci (honte à elle) et par la suite on se doublera plusieurs fois, sans chaleur particulière.










Je vais toujours super bien et il est vrai que je suis tellement passé sur cette portion qui mène au lac de l'Oule, que j'ai l'impression d'être un peu chez moi.





Le moral est excellent, je sais de toute façon que la partie est gagnée.







Lac de l'Oule, km58, 85ème en 11h44 (40 minutes de retard sur mon plan)

Au point d'eau de l'Oule, j'ai la surprise de trouver du Coca, ce qui est toujours un bonheur, et le plaisir de rencontrer Jacques, venu en bénévole, puis Emmanuel, le rédac chef d'Ultrafondus.






On en repart ensemble et on trottine bien sur la piste qui longe le lac.





Mais quand le faux plat s'accentue je cesse de courir et je le laisse filer devant, direction le col de Portet.







La montée de la piste de ski, sous la chaleur, est un peu pénible. Je me rafraichis au ruisseau plusieurs fois et heureusement je sais que cette côte ne sera pas très longue.





Guerrier en route pour la victoire.






Le longs des poteaux, la montée est ensuite régulière et moins pentue. Je discute avec un coureur à qui j'avais annoncé mon objectif de 14h. Il me dit qu'on est sur des bases de 15h, pas de 14.





Ca me plombe un peu le moral, c'est sûr que je traine toujours cette demi-heure "photographique" de retard et qu'arriver en 14h semble impossible.







Col de Portet, km62, 85ème en 12h41 (34' de retard)

Au ravito, je retrouve Emmanuel avec Sandrine, on cause un peu et il repart avant moi.




J'engage la conversation avec un autre Kikou, JC Duss, et on démarre la descente finale ensemble.














Le sentier descend peu et est très roulant. On avance à un bon rythme, tout en discutant de choses et d'autres.




Ce faux plat descendant dure et quand commence la vraie descente, un coup d'œil sur le chrono me laisse espérer une arrivée sous les 14h.






Je commence à accélérer, je double Emmanuel qui n'a plus de cuisses et je dévale les sentiers.




Je rattrape le "douteur" et je lui dis que 14h c'est possible. Il emboite ma foulée, mais je le sème en faisant une descente de malade dans la grande pente qui amène à Soulan.
Je traverse Soulan, il reste une demi-heure, je sais que c’est réalisable, j'ai fait le même coup pour finir sous 16h en 2008.
Je galope, je bois et je double plusieurs concurrents qui doivent se demander d'où vient cette énergie en fin de course.
Déception au dessus de Vignec, le sentier qui va tout droit est barré et il faut faire un détour par la route. Je joue le jeu, même si cet écart peut me coûter cher au chrono.
Traversée de Vignec, il ne reste que la portion de route jusqu'à Vielle Aure. J'envoie toujours, un œil sur le chrono, je peux le faire !


















Belle entrée dans Vielle Aure, barrières de sécurité, public et arches d'arrivée, on est loin de l'arrivée quasi anonyme de 2008.

Je passe la ligne, vite je fais bipper mon dossard alors que mon chrono annonce 13h58'55". Il était temps, le chrono officiel sera de 13h59'59" !!!

72ème sur 304 arrivants (335 partants).








Un bon chrono, mais je vais le payer plutôt cher : alors que j'ai fait une course parfaite, toutes les montées en marche rapide, toutes les portions plates ou descendantes en courant, sans aucun souci de santé ou de nutrition, cette descente finale m'a complètement vidé.
Je n'ai pas faim, je bois un peu de coca au ravito puis je commence à avoir froid.












Avec Emmanuel, arrivé un quart d'heure plus tard.


***


Je rejoins la voiture, me change et roule jusqu'aux douches. Je suis toujours en short et le froid me saisit dès que j'ouvre la portière.



Tout mon corps se met à trembler, je claque même des dents. Je suis mal, très mal.



Je reste assis, récupérant un peu, avant de trouver la force d'aller me doucher.



Je retrouve là Laurent qui a bien fini sa course, puis même sous la douche j'ai froid.



Je reviens à la voiture, bien couvert, et je reste là, mangeant enfin ma portion de pizza, arrosée de Coca et de St Yorre.


Je somnole un peu et je retrouve peu à peu un état normal.











Je reviens en ville où je croise Thomas qui a très bien fini sous les 16h, je vois aussi arriver les compagnons du matin Sébastien ou le Kikou Manu, je discute avec Jym qui est de toutes les belles courses, tout ça en attendant l'arrivée de Francis et d'Yvan qui ne se sont pas quittés.




Ils arrivent finalement sous les 18h, main dans la main et en bonne forme.




Trop crevé, je vais me coucher sans boire un coup ni attendre Romain qui lui aussi en terminera en 19h et des poussières.









Le lendemain la fête est belle sous le soleil, avec une grande remise des prix suivi d'un excellent buffet pour combler mon appétit revenu.






Que dire de plus après cette réussite ? J'ai parfaitement géré mon affaire, parti sur une base de 14h établie grâce à l' Estimateur de performances et à l'ami Rodio, qui avec ses chiffres m'avait remis les pieds sur terre (je n'ai pour le moment pas le niveau de 13h sur cette course).
Cette estimation associée à l'outil Softrun m'avait permis d'établir un plan de marche qui m'a paru aisé, je me suis souvent senti aussi à l'aise que lors des sorties d'entraînement, ce qui est nouveau pour moi sur longue distance.

En terme d'organisation, je me souviens de ma conclusion 2008 qui disait qu'une fois ses défauts de jeunesse gommés, le Grand Raid des Pyrénées deviendrait une grande course.



Et bien c'est fait, et très bien fait.

Tout était parfait, un accueil à la fois pro et convivial, des ravitos au top, un parcours toujours aussi sublime et le point noir du balisage parfaitement corrigé.

Et donc cette année j'ai à nouveau un souhait, celui que rien ne change, que la course reste à cette échelle, avec une ambiance aussi chaleureuse, loin du fric et des paillettes.

J'ai un copain qui a fini l'UTMB® et qui m'a dit au téléphone :



"C'était bien, mais là bas il y a tout ce qu'on n'aime pas."



***


Annexes


Le matos :



- mention spéciale aux Brooks Cascadia, de vrais chaussons et aucun souci sur ces 75 bornes.


- mon nouveau sac/veste Salomon, idéal pour quelqu'un comme moi qui suis toujours en train de manger. Seules les poches filets sur les côtés arrières sont difficiles d'accès (réservées aux gels, moins fréquents)



- pas de bâtons (il devrait y avoir un classement sans bâtons, je pense qu'avec Yvan on serait dans le Top10...)



- pour tout le reste je n'ai pas innové, tous les secrets de réussite sont dans





D'autres récits :



Yvan : Grand Raid des Pyrénées 2009 Le récit

Francis : Grand Raid des Pyrénées 2009

Romain : Grand raid GRP 2009: Que c'est bon!

Thomas : GRP 2009: Yesssss!!!!!


Emmanuel, qui n'est pas rédac chef pour rien :





Tous les récits et photos à voir sur Kikouroù.

Et un très joli diaporama réalisé par Yvan :
YouTube - GRP2009 Le Grand Raid des Pyrénées par Yvan11


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Un grand salut à tous ceux que j'ai eu le plaisir de croiser là bas (il faudrait un troisième chapitre pour tous vous citer), un grand merci à l'organisation dans son ensemble, un grand merci à Rodio pour son boulot d'évaluation des forces en présence, un grand merci à ceux qui nous ont soutenu, sur place ou derrière leur ordi et un grand merci à mon corps revenu au top, après m'avoir laissé croire que c'était fini lors de la phlébite de Novembre 2008.


A bientôt sur les sentiers (après la récup !)


Photo Akuna.