mercredi 21 mai 2014

Course des Seigneurs 2014




Deux ans plus tard, je retente l'enchaînement Cap de Creus / Course des Seigneurs qui m'avait plutôt bien réussi, j'avais terminé 8ème. Entre temps j'ai pris deux ans (scoop), je l'ai sans doute moins préparé et le niveau du trail en général ne cesse de monter. Un petit top20 m'irait bien, mais il va falloir aller le chercher...



Bonne nouvelle en fin d'après midi le samedi, après le retrait du dossard l'apéro a fait son retour. Il fait bon et c'est un grand plaisir de partager de bons moments et une paire de Ricard avec tous les copains. La pasta qui suit est aussi à la hauteur, bonne, copieuse et se terminant par d'excellents gâteaux offerts par le renommé boulanger pâtissier du moulin. Il n'y a plus qu'à passer une nuit classique de veille de course, donc agitée, dans la 306 camping car et me voila prêt.




Le temps de dire bonjour à tout le monde, de me préparer, je suis un peu court pour faire un vrai échauffement mais je ne compte pas partir vite. La course va être très longue, 48km pour 3200m+ annoncés, les sentiers sont techniques et il va sans doute faire chaud.


A 7h30 c'est donc parti, tranquillement pour moi. Je marche dès que ça monte vraiment, je gère, me répétant à de multiples reprises de faire comme si j'étais sur un off ou en sortie longue, et que la course ne commencera vraiment qu'à Quéribus.


Petite partie de piste avec en point de mire le château de Peyrepertuse qui nous attend.



Je vais faire tout le début de course avec Thierry et c'est bien sympathique. On a le même rythme raisonnable, on prend le temps de discuter, de faire des photos, tout va bien.


On évite toute l'ancienne partie sur piste en empruntant de jolis sentiers au-dessus des gorges de la Verdoube. Et puis il faut redescendre par quelques parties déjà bien techniques.




Une courte portion roulante nous amène au premier ravito de Rouffiac. J'ai peu bu jusque là et j'effectue une pause rapide pour rajouter juste un peu d'eau sur ma boisson énergétique. On en repart par le lit d'un ruisseau asséché, encore une nouvelle et intéressante partie.


C'est ensuite la montée progressive vers le château de Peyrepertuse. Je préférais l'ancien tracé avec une énorme montée et une arrivée superbe sous les murailles, mais le sentier officiel de rando est maintenant tracé ailleurs, c'est donc  la voie à suivre.


Il est encore tôt mais la chaleur commence à se faire sentir et la casquette est donc de sortie. Avec cette nouvelle arrivée à Peyrepertuse, on effectue un aller / retour jusqu'à l'intérieur du château, l'occasion de saluer les connaissances et de prendre les écarts. Je mesure ainsi environ 5 minutes de retard sur Gaëtan.





Peyrepertuse, environ 2 heures de course.


J'aborde la descente après le château toujours tranquillement, d'autant que ce petit sentier en direction de Duilhac est par endroits assez piégeux. J'arrive sur la place du village où un ravito liquide est installé. Je prends le temps de boire un coca en grignotant un peu et en remplissant mes deux bouteilles de Nutraperf. Je repars en marchant tout en finissant mon verre, en direction d'une montée vers les cols que je découvre.


C'est assez roulant au début puis ça finit par monter pas mal, mais je suis toujours en mode sortie longue.


Le ravito des Cols est copieux, j'ai même du mal à choisir parmi tout ce qu'il y a. Un peu de coca, quelques bouts de fromage et de saucisson, en bouche mais aussi dans une poche en vue de la suite. J'en repars motivé pour une montée vers la crête de la Quille où je commence à me défoncer.


Je sais que sur la partie technique qui va suivre je serai lent et je pourrai récupérer, donc je me fais plaisir dans cette montée.


On a de la chance, la météo est de notre côté et les paysages sont superbes sur toute cette partie en crête.




Comme prévu, je n'avance pas sur les rochers qui suivent et je me fais rejoindre par le petit groupe que j'avais distancé en montée.
Je me fais ensuite plaisir dans le début de la descente à travers buis, avant de lever le pied en plongeant dans la "piste de ski" qui est vraiment très raide et casse gueule. J'arrive en bas entier, je bois un coup au ravito et je m'engage sur la suite.


Cette partie sur piste de 3 ou 4 km est  longue mais je commence à bien la connaitre. J'avance bien mais pas de risque que je me fasse flasher en passant devant le radar installé là.
Les positions sont stabilisées et la course va bientôt commencer, comme prévu dans ma stratégie.



Avant d'aborder l'énorme montée du Sentier Cathare un bénévole m'annonce 38ème. Bien, objectif fixé, rentrer dans les 30 premiers.
J'aborde le sentier sur un gros rythme et je commence à reprendre et à compter les coureurs. Je double Thierry qui a des problèmes gastriques, Daniel qui a l'air vidé, puis d'autres. En tout j'en passerai une bonne dizaine avant le château. Sur le parking, j'effectue un stop rapide au ravito pour remplir une bouteille en Nutraperf et l'autre en eau claire.



La bonne surprise c'est que cette année on monte dans le donjon. L'occasion à nouveau de croiser des copains et de  mesurer des écarts. Gaëtan n'est plus qu'à une minute devant moi.
Comme en d'autres lieux, il faut ici aussi zigzaguer un peu entre les touristes dans la descente, mais ça passe bien.


Je passe la crête très technique qui suit à nouveau tranquillement, essayant ensuite de ne pas perdre trop de temps dans la descente.
Arrivé en bas et jusqu'à Padern, ça va être beaucoup plus compliqué : il fait maintenant très chaud et le parcours qui zigzague dans la végétation devient de plus en plus pénible.



Je bois mais en économisant car j'ai peur d'arriver trop vite à la fin de ma boisson. Je vais de moins en moins vite, je me fais reprendre par des coureurs régulièrement et la tête commence à lâcher. De toute façon, pour le résultat au Défi Sud Trail's les points sont les mêmes de la 30ème à la 50ème place. Alors...



J'avance mais à mon rythme, ne courant même plus dans toutes les descentes. Cette partie Quéribus - Padern sera aux dires de beaucoup interminable et à mon avis non indispensable pour les coureurs du 48km.
Il y a les deux très jolis passages auprès du Prieuré et du château, mais dans l'état où on est on les apprécie moyennement.






Cette partie sera donc très très longue, difficile, et comme je commence à avoir du mal à m'alimenter la course devient compliquée.



A Padern j'ai le plaisir de retrouver Yvan en reportage, mais je suis déjà très marqué et les coureurs présents là ne sont pas beaucoup mieux. Je passe là de longues minutes, à boire eau gazeuse et coca, mais sans vraiment manger. Le tuc qui est posé devant moi y restera après mon départ.
Il reste 7km qui je le sais vont être difficiles et l'idée de l'abandon m'effleure un instant, sans vraiment me séduire.




Je finis par me relever et repartir, tout doucement, en marchant. Le ciel s'est légèrement voilé, il fait un peu de vent et la chaleur est un peu plus supportable. Je ne prends que de l'eau, la boisson énergétique ne passe plus.


Je vais marcher la plupart du temps, affaibli car n'arrivant pas à manger. J'essaye par moments de trottiner mais je sens aussitôt mon ventre bizarre et je préfère marcher pour éviter d'être malade.
J'arriverais juste à avaler un gel caramel salé, mais ils sont tellement bons que ça tient plus du bonbon qu'autre chose.
Le fait est que tout le monde doit être aussi mal que moi car durant ces longs kilomètres parcourus en marche rapide je ne serais doublé que par deux ou trois coureurs.


Je finis par arriver au pied de l'énorme mur final, partie que d'habitude j'adore, mais que je n'avais jamais faite aussi lentement. Je m'arrête plusieurs fois et je m'aide même d'un petit bâton pour  monter, pas après pas.



Je finis par arriver au petit col qui surplombe Cucugnan, la libération est proche. Je descends la piste, trottinant à mon petit rythme. Alors que l'on n'est plus très loin de l'arrivée, il reste une dernière difficulté qui ne s'imposait pas : contourner le village par de jolis sentiers (mais on ne les apprécie plus), aborder une dernière rue montante pour traverser des ruelles quasiment vides. L'arrivée par le cimetière avait l'avantage d'être attrayante pour les spectateurs qui se postaient pour de derniers encouragements.
Là il n'y a que sur la place d'arrivée qu'il y avait du monde.




Je suis évidemment heureux d'en terminer, soulagé, et dans un grand état de faiblesse. Cela fait des heures que je ne mange pas grand chose. Je n'ai pas envie de la bière offerte à l'arrivée, je n'ai pas envie de manger, et ça va durer des heures.




Après avoir récupéré un peu, j'essaierais bien de m'attaquer au très bon repas d'après course mais je ne pourrai qu'avaler un peu de riz, délaissant le poulet. Un peu plus tard, changé mais toujours faible, je ne retrouverai pas non plus l'appétit attablé au resto avec les copains.
Il n'y aura que le lendemain, après une grosse nuit de sommeil, que l'appétit reviendra, en force. J'ai depuis dévoré comme un ogre et la fatigue encore présente le lundi a disparu.

***

Et voila, la Course des Seigneurs est passée, un parcours magnifique sur toute la première partie, épuisant et moins intéressant sur la boucle Padern. J'avais préféré le final d'il y a deux ans, on était à environ 42km, aux environs de 5/6 heures de course, et les efforts ne sont pas les mêmes. Il est sûr que la forte chaleur a aussi joué dans l'épuisement ressenti.

Enfin, ça reste une superbe course à faire et, quelque soit le parcours futur, à ne pas aborder à la légère.

49km, 3000md, 42ème en 8h17

mercredi 7 mai 2014

Trail Cap de Creus 2014




Deux ans plus tard me voici de retour sur le Trail du Cap de Creus que j'avais trouvé magnifique, même sous un ciel gris. En ce jour c'est Toulouse que je quitte sous la pluie pour me retrouver quelques heures plus tard en bord de plage sous le soleil de la Catalogne. Un faux air de vacances qui fait un bien fou au moral. 
Si Rosas est trop proche de la frontière et trop envahie de Français pour que le dépaysement soit total, le Parc naturel du Cap de Creus est vraiment un territoire à connaître et à parcourir. Montagneux en son centre, ce bout de terre qui s'enfonce dans la Méditerranée est bordé de superbes petites criques aux eaux bleutées et parcouru de sentiers qui s'avèrent le plus souvent assez techniques.












Le vent qui souffle très fort le samedi n'empêche pas la journée d'être belle et pour se mettre dans l'ambiance nous sommes nombreux à aller voir passer les coureurs du 24km entre plages et bords de falaises. Demain ce sera à nous, mais nous prendrons tout d'abord le temps de profiter des terrasses de café ensoleillées avant une soirée placée sous le signe des sucres lents.
 







Le lendemain à 8h, nous voilà sur la ligne de départ, prêts à profiter d'une belle journée sans le vent violent qui est enfin tombé. Les quelques mots que j'arrive à saisir dans le briefing en catalan nous avertissent d'ailleurs de la chaleur à venir et de l'hydratation à ne pas négliger : "Fara molt calor !".
 










Bien compris, mais je ne compte pas m'affoler, prenant cette course comme un très agréable entraînement long dans un cadre superbe. Et puis les ravitos seront assez fréquents, environ tous les 5km, et il n'est pas utile de se charger beaucoup en boisson. 
Après une courte traversée des environs de Rosas, nous attaquons rapidement la première difficulté du jour soit un passage du niveau de la mer au Puig de Queralb situé à 621m en très peu de distance. Une montée très rude qui pour la plupart se fait en marchant et où il est indispensable de se retourner fréquemment pour admirer la vue sur le golfe de Rosas.  









Puis la pente s'atténue peu à peu et c'est une longue crête technique qui nous attend jusqu'au promontoire où trônent les ruines du château de Sant Salvador. Il faut parfois poser les mains, être attentif à chaque pose de pied entre les rochers, mais il ne faut pas oublier d'admirer la vue sur la baie du Port de la Selva que nous atteindrons après une belle descente. 
Mais il faut d'abord passer auprès du monastère de San Père de Rodes où j'effectue un arrêt rapide au premier ravito avant de  dévaler prudemment un sentier tout en lacets, technique comme la plupart de ceux que nous rencontrerons. Suivent ensuite une paire de kilomètres plats qui nous amènent au second ravito, km14.  


















Même menu pour moi, un verre de Pepsi et quelques graines style cacahuètes et maïs grillé. Le temps de remonter une petite butte, je plonge ensuite sur une superbe première crique. Le cadre est très beau, la plage que l'on traverse, la végétation verdoyante, et au loin la chaîne des Albères qui s'enfonce dans le bleu profond de la mer. Encore une fois, durant la rude montée que l'on doit maintenant affronter je ne manque pas de me retourner pour admirer ces très beaux paysages. Arrivé sur les hauteurs, à 126m d'altitude (!), le tracé devient plus roulant et la chaleur commence à se faire sentir. Je profite du ravitaillement de San Baldiri au km19 pour refaire le plein de boisson énergétique, retirer ma première couche à manches longues et sortir la casquette. 









Me voici en version été, prêt à affronter la suite. Après de longs kilomètres de pistes et chemins, j'arrive enfin à Puig Bufadors, superbe belvédère sur la baie de Cadaqués. Il n'y a plus qu'à se laisser glisser une nouvelle fois vers la mer, par un vieux sentier empierré qui demande à nouveau pas mal d'attention. 
L'arrivée dans Cadaqués est très prenante, beaucoup de public chaleureux dans les petites ruelles, les enfants qui tendent les mains en attendant une petite tape et puis un copain qui est venu là à contre sens de la course pour nous encourager. La mi course est passée, je suis au km26 en 3h43 et il est temps de se ravitailler plus sérieusement pour aborder la suite. Je prends le temps de boire plusieurs verres tout en piochant dans le mélange de graines et en admirant ce magnifique petit village de maisons blanches planté au raz des flots bleus.











Le niveau de mes bidons refait, je repars tranquillement en longeant la plage où s'étalent de nombreux touristes. Mais dès la sortie du village, c'est une nouvelle montée qui m'attend, 320m à prendre en deux ou trois kilomètres. On nous avait avertis, "Fara molt calor", et le soleil est bien présent pour nous rendre la tâche plus difficile. Autour de moi personne ne s'affole, on marche plus ou moins vite et mètre après mètre on s'élève vers le sommet du Puig de Sa Cruïlla. 
Mais le panorama que l'on découvre là haut valait bien la peine que l'on s'est donnés pour l'atteindre : la mer devant et derrière nous, les montagnes au loin et partout de petites criques, dont celles qui nous attendent 300m plus bas. Au premier plan, un tas de pierres où flotte le drapeau catalan frappé de son étoile, symbole de l'indépendance désirée par toute cette province. Un symbole et une unité autour d'un territoire et d'une identité que l'on a du mal à percevoir de l'autre côté de la frontière, où la dernière union me semble remonter au soutien à l'équipe de France lors de la coupe du monde de foot en 98.
 










Mais l'heure n'est pas à ces réflexions mais plutôt à aborder une nouvelle descente en direction d'une succession de criques, toutes plus belles les unes que les autres. Je retrouve là les sentiers où la veille j'étais venu voir passer les coureurs du 24km et j'ai une excellente surprise en arrivant au ravito de la Calla Joncols : il y a du salé, du vrai, avec de l'omelette et du saucisson. Je prends le temps de faire un petit festin en arrosant le tout de coca. Ma boisson énergétique ne passe plus trop et je repars avec le bidon rempli d'eau fraîche.













Sur le sentier côtier qui offre de superbes vues (encore une fois, mais c'est quasiment tout le long du parcours), je rencontre un petit problème technique : alors que je pense avoir tapé une branche avec la main, et la douleur étant persistante, je m'aperçois qu'en fait j'ai une épine de cactus plantée dans le doigt. Je m'arrête donc pour essayer de l'enlever avec les dents, mais elle se coupe et reste plantée. J'ai peur que mon doigt enfle et surtout j'ai mal dès que j'essaie de le tendre. L'effet bénéfique c'est que cette petite douleur me fait oublier mes jambes lourdes, un début d'ampoule sous le pied et que je retrouve momentanément une belle énergie. 








Arrivé au ravito de la Calla Montjoi, je demande à un bénévole de m'aider à enlever l'épine mais il s'abstient, n'ayant pas de pinces (comme sur toute la course il faut imaginer un dialogue mixé entre catalan, espagnol, français et anglais…). C'est donc une coureuse qui m'aide à retirer l'épine et le soulagement est immédiat, je retrouve aussitôt l'usage de mon doigt.










Me voici reparti du ravito pour l'ultime montée, encore 300m à prendre en 3km. La chaleur est bien là, écrasante, et autour de moi personne n'a l'air bien fringant. Je prends un gel, le seul de la course, pour essayer de retrouver un peu d'énergie et gérer au mieux ce dernier obstacle. Je ne ressens pas d'effet miracle mais j'avance pas après pas vers le sommet du Pla de les Gates. Je finis par l'atteindre et prends le temps de boire auprès du dernier ravitaillement. Il me reste maintenant à dérouler sur un dernier sentier, long et encore une fois technique. Les positions sont à peu près figées et placé au-delà des 200 en début de course j'ai repris quelques morts pour finir 180ème, en mode "je gère".
 










L'arrivée dans Rosas est chaleureuse, des spectateurs nous encouragent le long du chemin, le bénévole qui fait la circulation fait preuve d'une exubérance qui aide à terminer avec un grand sourire dans la salle où finalement mon arrivée fera partie d'un des films officiels, poing levé et bonheur éclairant mon visage.
Je termine ces 43km pour 2400m+ en 6h38, quelques heures de plénitude au cœur de sentiers et de paysages grandioses, où chaque pas nous amène vers un nouveau magnifique paysage. C'est assurément un trail à vivre au moins une fois, à quelques heures à peine de nos sentiers habituels et du ciel qui est parfois trop gris.
 








Le temps de récupérer mon t-shirt finisher en dévorant une paire de sandwiches parmi ceux offerts à l'arrivée, je retrouverais tous les amics de ce grand weekend pour poursuivre la fête autour de quelques boissons et autres mets bien agréables. Fin d'un séjour au paradis du trailer, à priori vous saurez où me chercher début mai 2015.

Merci particulier à "Allegador" pour son accueil toujours chaleureux.

La vidéo qui rend bien compte de la course, avec mon arrivée tout sourire à la fin :