jeudi 19 juin 2014

Trail de la Haute Bigorre 2014





A environ deux mois du Tour des Cirques, tout mon entrainement est maintenant axé sur cet objectif et c'est dans cet esprit que je me présente au départ de ce Trail de la Haute Bigorre. Après la Course des Seigneurs que j'ai terminée vaincu à la fois par la chaleur et ma recherche de la performance, je viens ici pour découvrir un joli coin des Pyrénées et valider les réglages du matériel, de l'alimentation et de mon allure lente.
Invité par un des membres de l'organisation, j'ai partagé la veille au soir un sympathique repas avec les bénévoles qui m'a permis d'appréhender au mieux les difficultés du parcours.
 








A 7h30, le départ se fait dans la bonne humeur depuis le cœur du village de Campan. Devant les lièvres s'enfuient déjà  et c'est Guillaume Beauxis qui dans plus de six heures sera le premier à franchir la ligne d'arrivée. Mais c'est une autre histoire. La mienne se déroule au ralenti, confortablement calé dans la dernière partie du peloton. Les pistes à fort pourcentage du début de course se vivent en marchant et nous mènent peu à peu sur les hauteurs, à la découverte des montagnes alentours partiellement masquées par des nuages bas.












Après le Pas de la Crabe, mini cheminée parfaitement sécurisée par une corde et deux bénévoles, nous atteignons peu à peu les premières parties enneigées.  Les décors sont sublimes avec le ciel bleu, le Pic du Midi qui refuse la plupart du temps de se montrer et de grandes langues de neige qui porte bien et que nous remontons sans souci. Ainsi nous arrivons au col d'Arizes après 1500m de montée, avant de basculer dans une grande descente facile à courir au milieu de verts pâturages. 























On aborde ensuite en sens inverse quelques parties communes avec le Grand Raid des Pyrénées, comme les deux très jolies cascades d'Arizes et du Garet. Entre les deux et après 3h30 de course, une halte s'impose au ravito solide placé à Artigues, km15. J'y refais le plein de liquide, tout en ingurgitant un classique mélange Tuc, saucisson, Coca.







La montée qui suit s'avère très raide, tracée plus ou moins droit dans la pente, en prairie. Depuis le début je partage ma course avec Phil et toujours à notre allure économe on commence à reprendre ici quelques coureurs. Nous atteignons assez vite la crête qui est envahie par un brouillard épais. Le balisage est heureusement bon et resserré et nous permet de progresser sans trop se poser de questions.





Au sommet nous croisons deux charmantes bénévoles avant de plonger dans la descente et sortir de la brume. Ce n'est que de l'herbe mais comme pour la montée c'est tracé tout droit et nous préférons être prudents. Malheureusement, un peu plus bas, nous arrivons sur les gendarmes de montagne en train de secourir une coureuse qui s'est blessée avec un bâton en tombant. Avec d'autres, nous les aidons à la placer sur une civière avant de poursuivre la descente pendant qu'un hélicoptère vient la récupérer.

En fond de vallée, nous arrivons sur une piste plane et assez monotone qui va nous amener jusqu'au deuxième ravitaillement du km28, à Payolle après 6h sur les sentiers. Je prends à nouveau le temps de faire les niveaux tout en dégustant quelques salaisons.

Je me sens toujours frais, et il vaut mieux l'être pour appréhender la suite sans problème.






En effet, on retrouve assez vite de jolis sentiers qui montent très fort au milieu de parties boisées. De discussion en discussion, le temps s'écoule tranquillement en compagnie de Phil et même si je le sens plus rapide que moi, il préfère poursuivre la course en ma compagnie. C'est aussi un avantage car sur les pistes moins intéressantes qui suivent j'aurais pu me démotiver alors que là je me force à tenir son rythme.







On arrive ainsi au point d'eau de Beyrède, un des quatre situés sur le parcours et qui en alternance avec les ravitos solides permettaient  de se charger raisonnablement. On se restaure un peu tout en discutant avec les deux jeunes bénévoles qui apparemment révisent leur Bac entre les passages de coureurs. Il s'agit de repartir de là en bonnes conditions car la montée qui s'annonce va être terrible : sur environ 2km nous allons monter près de 500m de dénivelé par un sentier très raide où nous doublons quelques trailers qui semblent marquer le coup. Le ciel alterne entre nuages et éclaircies, mais malheureusement et comme tout le long de la journée il ne nous permettra pas d'apercevoir vraiment les sommets alentours.








Sur la fin de l'ascension, nous retrouvons d'épaisses nappes de brouillard dans lesquelles nous devons un peu chercher pour retrouver le balisage de la course. La crête qui nous mène vers le Signal de Bassia à 1921m s'avère technique, mais elle reste large et jamais dangereuse. Je me souviens de l'avoir parcourue lors du très joli Trail du Pacte des Loups avec de belles vues sur le Pic du Midi, mais aujourd'hui on ne voit qu'à quelques mètres devant nous. Au sommet d'autres bénévoles nous indiquent la voie à suivre pour ne pas s'égarer. Mais rapidement, nous retrouvons des paysages dégagés et une large et superbe ligne de crête que nous allons suivre durant plusieurs kilomètres.











Après le dernier petit sommet, nous plongeons dans une première descente et je sens rapidement que je ne vais pas pouvoir suivre : les muscles des cuisses ont déjà souffert et j'ai du mal à tenir l'allure de Phil. La solution s'impose assez rapidement à moi, trouver dans les bois environnants deux branches mortes assez solides pour me servir de bâtons. Après deux ou trois essais, je tiens mes deux bouts de bois, plutôt lourds, pas très conventionnels, mais qui vont bien m'aider jusqu'au bout.













Car l'arrivée n'est pas encore pour tout de suite : nous allons encore durant quelques kilomètres parcourir des prairies, de très jolis sentiers à travers bois, avant de passer au pied du Casque de Lhéris et aborder enfin l'ultime descente.













Le sentier est technique et mes bâtons de fortune sont encore d'une grande aide pour descendre à un bon rythme, en soulageant mes cuisses et en m'apportant un équilibre supplémentaire. Le pas est franchi et la décision prise, j'affronterai avec des bâtons les 120km du Tour des Cirques pour ce qui, dans mon cas, s'apparentera à une longue randonnée rapide.
Mais pour l'instant  et après 11h20 de course, nous voici arrivés au bout de ces 52km et 3600md avec pour ma part l'objectif pleinement atteint : j'ai pu manger et boire sans souci tout le long de la journée comme après la course, tout mon matériel semble être au point et ma stratégie de course lente a été payante, même si j'ai bien été aidé par l'absence de grosses chaleurs.




Il me reste maintenant à poursuivre entrainements divers et longues sorties en montagne pour être prêt à affronter les Cirques fin août. 
Pour ce qui est du Trail de la Haute Bigorre, c'est une belle réussite : de superbes paysages, des sentiers très agréables à parcourir avec très peu de parties techniques et une organisation sympathique et bien rodée, un ensemble qui donne évidemment envie d'y revenir pour la prochaine édition.