mardi 21 mai 2019

Trail Catllaras


Le Crocodile, l'Anchois et le Pac




Catllaras. J'en avais un excellent souvenir. Couru et terminé en 2014 sur un format de 55km et 4000m+, un monument comme je l'avais écrit. En 2015 j'explosais en vol et j'abandonnais avant de trop puiser.
Cette année le format est plus abordable 42km pour 2700m+ annoncés, et la course se fait en mai au lieu de juillet, évitant les grosses chaleurs.

Tout commence d'ailleurs par une traversée des Pyrénées par zéro degré, avec la neige qui tombe du côté de Font Romeu. De l'autre côté des Pyrénées ce samedi sera aussi très pluvieux.


Sur place je retrouve Manu, Daniel et une première bière, à l'abri dans un café.





On va ensuite récupérer les dossards avant de remonter au campement puis revenir en ville déguster une pizza, alors que par hasard Renaud débarque au même endroit. Discussions, rigolades, puis dodo dans nos véhicules respectifs. 




Une pensée pour la famille qui avait planté sa tente à l'endroit où un projecteur est resté allumé toute la nuit...

Cinq heures le réveil sonne. Une choco, du café en thermos, et les derniers préparatifs.


Sept heures le départ, avancé d'une heure en raison de la météo prévue capricieuse et orageuse. Je me suis bien échauffé, je pars avec l'intention de ne pas trop faire le touriste.


Rapidement la première montée arrive et je déplie mes bâtons. Les sensations sont bonnes, j'avance bien. Le parcours est joli et je le redécouvre avec plaisir.












Ravito en vol, un peu de barre pistache Meltonic. Ca passe tout seul.


Prat Gespador, premier ravito, km9, 1h23. Tout va bien, je suis 76ème.
Un bout de truita (omelette), un peu de Pepsi et ça repart.


Sur les hauteurs quelques traces de la neige tombée la veille.



Au loin les sommets frontière sont bien blancs.




Je me régale toujours à courir dans les bois quand tout à coup...


...arrive une crête que je ne connaissais pas. Très technique par endroits, elle a des airs de sentier cheminant vers la croix de Millet (pour les connaisseurs des Citadelles).




Par contre elle est à plusieurs reprises un peu exposée au vide et évidemment ça me bloque complètement. Rien de mortel, le sentier est bien tracé entre les rochers, il y a des prises pour les mains, mais l'appréhension fait son travail et je n'avance plus. Renaud me rejoint et me dépasse, comme beaucoup d'autres coureurs.




La descente qui suit est encore technique et je ne suis pas remis de mes émotions, ma vitesse de progression a bien chuté.


Arrive le passage que je connaissais et appréhendais, mais c'est de la rigolade après ce que je viens de passer.






Le parcours redevient ensuite agréable et je reprends du plaisir à le parcourir. Pour la perf le mal est fait, j'ai perdu au moins vingt places et peut-être bien une demi heure. J'étais sur des bases de six heures en début de course, mais là c'est foutu.







Arrive Malanyeu et le ravito du km20 où j'arrive en environ trois heures. Manu est là un peu avant et fait un petit bout avec moi.
Je remplis mon bidon, j'ai peu bu. Un bout de truita, un pepsi, et c'est reparti.





La partie qui suit est très jolie et sans doute le point le plus remarquable de la course : la montée où il faut s'accrocher à la chaîne, la vieille échelle métallique, le point d'eau et le petit passage où il faut poser les mains.
Je suis un peu gêné par mes bâtons et la fille derrière moi me propose de les prendre le temps de franchir le passage. Sympa.







Ensuite c'est quasiment un KV qui nous attend, environ 850m+ sur 4km. Le début passe bien, puis je cale un peu, il fait chaud.

Je monte mais le rythme n'est pas fabuleux. Les souvenirs reviennent, je me souviens qu'après trois heures de course j'ai toujours un peu de mal. Il faut attendre que ça passe.




Je philosophe aussi tout en progressant. Rien de neuf, je sais déjà qu'en montagne ou en trail comme dans la vie se succèdent des moments heureux, faciles, agréables à vivre, des passages difficiles où la volonté doit être là pour se battre et avancer, et parfois des épreuves trop dangereuses où il est raisonnable de renoncer, à moins d'être bien accompagné.







Fin du KV, point haut de la course à 1770m, il reste à redescendre. Je fais le yoyo avec un français, un coureur de Portet, je partage de temps en temps un bout de chemin avec d'autres, mais je suis souvent seul. Mais ce n'est pas un souci, progresser sur ce parcours est vraiment agréable.






Me voici au ravito de Sant Roma de Clusa km28 où je retrouve Renaud. Plaisanteries, truita, saucisson, pepsi, et c'est reparti.

Presque 5h de course, 118ème.




La météo annoncée semble être en approche. Le ciel se couvre un peu, le tonnerre gronde au loin, par endroits on se retrouve dans les nuages.

Je ne vais pas mal mais j'ai une gêne au niveau du ventre. Est ce de la faim, une envie d'aller aux toilettes ou autre, je n'arriverai pas à le déterminer.

Avec du recul je n'ai certainement pas assez bu, ce qui se voyait en course à la couleur des urines. A corriger.





Le moment solidarité de la course : après une nouvelle montée, je suivais un coureur qui n'avançait plus. Marche sur le plat, marche aussi en descente. A mon petit rythme je le rejoins et le dépasse. J'aurais pu passer sans rien dire ou tenter un "Venga !", mais je le fais en version française avec un "Allez !".
Je pensais que ça n'aurait pas d'effet mais  en fait il m'a emboité le pas et s'est remis à courir, sur le plat, en descente et même en légère montée.


On aura fait comme ça un bon bout ensemble, jusqu'au km35, ravito du Refugi Arderico.
Même menu pour moi avant de prendre la tête d'un petit groupe pour ce que je sais être la dernière grosse montée.


Je tiens comme ça un moment avant de me ranger et de laisser passer, peut-être un peu en surrégime.


Le soleil est de retour et il fait un peu chaud. Parcours toujours superbe, mais vous le savez déjà. De jolis sentiers, souvent en sous bois, agréables à courir, et le plaisir de retrouver de jolis buis, encore intacts par ici.




Je me fais encore dépasser de temps en temps, et ça durera jusqu'à l'arrivée.




Après analyse de mes photos de l'époque, le chalet Catllaras qui semble toujours hanté est en rénovation. Ce grand escalier extérieur n'y était pas en 2014.

Comme le ravito qui arrive et qui est le bienvenu, km38.
Bénévoles souriants et sympathiques, avec parfois un petit mot de français à mon attention. Ici ils font réchauffer la truita sur un feu de bois, mais je me contente de la version froide.


Plus que 4km, mais ils vont être un peu longs. Il faut par endroits remonter un peu ou cheminer le long de gorges.
C'est toujours joli, mais il me tarde l'arrivée. Le chrono a tourné et j ene serai pas sous les sept heures.






Puis enfin la Pobla de Lillet est en vue. J'entends même des percussions, ça sent l'arrivée.
Ah non, finalement pas de percussions, ce sont juste les cloches de nombreuses vaches qui résonnent...


Une dernière descente où je me fais encore doubler et cette fois c'est bien l'arrivée. Encouragements de policiers et bénévoles, de quelques personnes attablées en terrasse et j'en termine en 7h38, 125ème, heureux de cette belle sortie. Pas de performance extraordinaire, un peu de galère, mais beaucoup de plaisir.


Manu est sur la ligne d'arrivée, Renaud déjà au ravito d'arrivée, et Daniel ne tardera pas.


Tout le monde se retrouve pour grignoter un bout avec pour moi le classique Kas Limon qui m'attend sur chaque course Klassmark. Jérôme le coureur de Portet est aussi là.


Ensuite plus de photo mais une douche quasiment froide aux vestiaires du campo de futbol, quelques heures de route pour le retour entrecoupées d'une mini sieste, et bien sûr de menues courbatures.



Vraiment heureux d'être retourné là bas, d'y avoir retrouvé ces jolis sentiers, une organisation au top, et Gerard le sympathique organisateur que j'ai toujours plaisir à croiser de l'autre côté des Pyrénées.

A venir le prochain gros morceau avec les 75km de Sobrarbe, toujours en Espagne. Fin juin la gestion de la chaleur sera sans doute la clef  pour aller au bout.