mercredi 13 mars 2013

Trail de Fontfroide




Retour à Fontfroide pour la troisième manche du Challenge. J'ai attendu avant de m'inscrire de voir comment je récupérais des 58km du Trail aux Etoiles.
Comme la distance parcourue en touriste de m'a pas fatigué, je m'engage ici pour batailler et aller chercher des points.

Après une bonne pizza (Plancha del Sol à Narbonne, pour le guide des pizzerias) et une nuit moyenne en 306 camping car, me voici au départ, bien échauffé.

J'ai toujours fini ici vers la trentième place et j'espère la même chose aujourd'hui. Je pars vite, environ dans les vingt premiers avec, grosse surprise, une fille à côté. Toute la longue première montée se fait en courant, à un bon rythme, et la féminine ne lâche pas. Surprenant.



 Les têtes connues, Benoit, Gaëtan, François me distancent rapidement. Mais je ne traîne pas, aujourd'hui c'est à fond. Les petites descentes à travers bois, un peu piégeuses, se passent bien et mon rythme est bon sur les pistes roulantes.




 Chose rare à Fontfroide, on rencontre quelques flaques et parties boueuses. Par contre , une fois de plus il fait très bon et je suis parti en version ERREA légère, cuissard et TShirt.




A l'attaque du sentier Ruiz, la première féminine est toujours très près derrière moi. Cette partie, déjà technique en temps normal, est aujourd'hui très délicate en raison des rochers mouillés. Nous marchons tous, nous accrochant aux cordes dans les portions sécurisées.




 Après cette partie rocheuse, nous terminons le sentier par une forte montée, en marche rapide. Dans ma tête, je me dis qu'arrivé sur la piste je vais relancer et distancer la féminine.

En haut de la pente, je me remets donc à courir mais c'est elle qui me distance, comme les autres gars qui m'entourent. Je ne la rejoindrais plus et j'apprendrais après la course que c'est une championne de marathon, ce que laissait deviner sa foulée rapide.




Dépassé par François et Gaëtan, je m'accroche à un petit groupe pour envoyer sur la belle partie roulante qui nous attend, avec une vue splendide sur le massif du Canigou.

Mais je ressens une douleur dans le ventre, comme une barre en travers (problème de diaphragme ?) qui m'handicape et m'oblige à ralentir un peu. Alors qu'on m'avait un moment annoncé 24ème, je perds ici quelques places et cela va durer jusqu'aux abords de l'abbaye.





Je passe rapidement auprès du joli édifice, encouragé par quelques spectateurs. La douleur a disparu, je peux à nouveau courir normalement.
J'aborde la montée et m'arrête dans la première épingle au ravito. Un stop rapide, le temps de remplir le bidon d'une nouvelle dose de Nutratlétic. Evidemment, les bénévoles suspectent là que ce soit de l'EPO. Plaisantant aussi, je leur propose de leur laisser ma fiole afin qu'ils puissent l'analyser. Rires échangés et je reprends l'ascension en direction de la croix.





Je monte principalement en marche rapide, croisant quelques uns de ceux qui me précèdent. J'arrive en haut et bascule en sens inverse dans la descente technique, courue avec prudence.




Ca va, je suis toujours en forme et je dépasse quelques gars avant d'attaquer l'énorme mur de la piste coupe feu. Je monte bien, en marche rapide et un seul coureur me dépasse. Arrivé en haut, je jette un oeil en arrière, quatre ou cinq coureurs me suivent, pas très loin.
Je n'ai pas tenu les comptes, mais s'ils me rattrapent, je vais frôler la quarantième place.

La courte descente passée, j'essaie donc de courir vite sur tout le retour, principalement composé de pistes roulantes. Mon rythme doit être bon, en tous cas personne ne revient. Il reste une petite portion de sentier bien raide que j'aborde avec des coureurs en visu à l'arrière.

J'arrive à creuser un trou avec eux, un seul me rejoint et me dépasse, m'encourageant car on se connait un peu. J'essaye de le suivre sur une nouvelle partie de pistes très roulantes. Je passe l'endroit où je m'étais ouvert la main, le mini ravito où j'avale un verre d'eau, impatient d'arriver à la dernière montée du poste à gaz.





 Le coureur qui m'a doublé garde son avance et moi je progresse, avec deux coureurs qui marchent en point de mire. Je parcours toute la montée en courant, rejoignant et dépassant les deux "marcheurs" juste avant d'arriver sur le plat. Le premier ne suit pas mais celui qui m'avait doublé dans le mur coupe feu s'accroche.




 Il doit rester un gros kilomètre, avec un bon sentier roulant où je dois courir vite pour ne pas me faire dépasser.




 J'aborde la dernière descente, un peu technique, avec ce coureur toujours collé derrière moi. J'essaie de descendre vite, sans aller chercher la chute. Il suit toujours mais n'essaie pas de doubler.




Au bas de la descente, il est toujours là pour aborder la dernière partie très roulante.





Je pense que ça va se terminer au sprint,  mais alors que je maintiens un bon rythme, je ne l'entends plus derrière moi. Il a dû exploser.






Je peux donc relâcher à peine un peu avant de sauter la dernière flaque et franchir la ligne d'arrivée. Je termine 33ème, satisfait de ma place et de mon temps, 2h06. Les années passent mais je maintiens à peu près le même classement ici.

Je repars aussitôt en sens inverse pour encourager les coureurs et prendre quelques photos.




 L'après course est sympa ici, avec les coureurs qui pique niquent sur l'herbe grâce au sac repas que l'on nous remet à l'arrivée. Seul point négatif, le buff laid et bas de gamme remis à l'inscription, alors qu'il y a toujours eu de bons cadeaux ici par le passé.

Ce détail mis à part, ça reste une course rapide et agréable, avec un parcours joli et varié. Et un lieu chaleureux où l'on retrouve toujours plein de têtes connues.




 Une fois tout le monde parti et après une petite sieste, j'ai repris mon trajet touristique, évitant comme à l'aller l'autoroute pour profiter du printemps (avant le retour de la neige) en flânant un peu au bord du canal.



Merci à Damien, Cyril et Patrick pour les photos empruntées.

vendredi 8 mars 2013

Trail aux Etoiles


Un trailer qui marche ira toujours plus loin qu'un critique assis.


S'il est des courses où je m'inscris pour essayer d'y être performant, et ce sera le cas en 2013 sur les épreuves du Challenge des Trails du Sud-ouest, il m'arrive aussi d'aborder les longues avec pour seul objectif la découverte d'un territoire et de ses sentiers, sur un rythme touristique, n'en déplaise aux critiques obtus et autres intégristes du chrono qui ne voient dans le coureur d'ultra qu'un randonneur un peu rapide. Nulle loi n'impose d'aborder un trail avec pour seule quête la performance. Que ceux qui ne connaissent pas le plaisir de la contemplation des paysages et des ravitos où l'on prend le temps de déguster et d'échanger avec les bénévoles sachent qu'ils perdent quelque chose.
 

Nuit fraîche avant la course.

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Toute cette introduction pour présenter mon état d'esprit lorsque je m'aligne au départ de ce Trail aux Etoiles, d'un format raisonnable de 58km pour 2800md, à l'heure où l'on joue à celui qui a le plus gros ultra. En manque de vraies sorties longues, je ne peux qu'être humble et aborder la distance  en espérant qu'une allure tranquille m'évitera les problèmes. La chance est avec nous et après une vraie période hivernale et enneigée, c'est un magnifique soleil printanier qui nous attend pour ce départ prévu à midi.


Tenue ERREA version printemps.




Comme beaucoup d'autres, je pars donc léger en short et t-shirt, mais avec tout le matériel obligatoire (que certains semblent avoir omis de prendre) et même plus en vue d'une arrivée nocturne qui sera sans doute fraîche. Après avoir marché à la suite d'une joyeuse troupe musicale dans les rues du Vigan, le départ réel est donc donné à midi. Je pars sur un rythme léger, à peu près au milieu du peloton de 300 coureurs. Nous serons plus de 600 sur les trois distances proposées.












Un passage plat en bord de rivière permet de s'échauffer un peu avant d'attaquer un très raide sentier où tout le monde se met à marcher. Au-dessus, c'est sur une large piste que nous allons évoluer un petit moment, alternant trot et marche selon le degré de la pente.






Un joli sentier de crête nous offre de belles vues sur les villages et vallées déjà bien en dessous de nous. Puis nous plongeons sur le hameau de l'Arboux par un sentier qui s'avère technique puis joueur à travers bois. Je l'aborde doucement, pour éviter  de fatiguer mes jambes prématurément mais aussi pour éviter une chute telle que celle que j'ai connue quinze jours auparavant sur la Sauta Roc.











Dans la vallée, je croise quelques spectateurs qui nous encouragent, comme Christian l'organisateur de l'excellent Trail de Quillan. Un courte montée où je passe des coureurs qui peinent un peu m'emmène ensuite au premier ravitaillement. Quinze kilomètres parcourus en un peu moins de deux heures, je suis dans une moyenne raisonnable pour la distance. Je refais le plein du bidon, mange un peu de salé tout en buvant du coca et repars pour une courte montée qui m'amène sur un joli sentier en balcon.








Au loin, j'aperçois le sommet de la Toureille, point haut de la course à 1200m d'altitude. Je profite toujours du grand ciel bleu et des paysages des Cévennes, joli coin de France que je ne connaissais qu'en tant que spectateur du mythique rallye qui s'y déroule début novembre. Organisateurs ou coureurs, nous sommes nombreux à avoir connu ici de grandes heures de fêtes arrosées, pas que par la pluie, dans l'attente du passage des bolides. Mais aujourd'hui je ne suis plus spectateur mais acteur de la course et c'est ainsi que malgré mon rythme tranquille, je passe la première barrière horaire avec une large avance.














Nous sommes maintenant au pied de la très raide montée en direction de la Serre de la Toureille : 500md à grimper en moins de deux kilomètres, on est sur un format de Km vertical. Courant jusque là à l'économie, je monte facilement, dépassant de nombreux coureurs qui semblent être dans le dur.




C'est ainsi que je rejoins Cyril, que j'ai déjà croisé sur les sentiers de l'Ultra Trail Atlas Toubkal. C'est même lui qui est en photo sur le cliché qui a eu l'honneur de la double page dans Esprit Trail. Nous sommes heureux de nous revoir et nous discutons un peu avant que je poursuive mon ascension.








Sur le haut du relief, la neige est encore présente et c'est un intermède amusant sur les sentiers cévenols, même si tout le monde ne semble pas très à l'aise sur cette surface. Je perds trois bonnes minutes à attendre qu'un coureur arrive  dans le décor que j'ai choisi pour une de mes photos.





J'arrive en haut toujours frais, échange quelques mots avec un des organisateurs avant de me lancer dans la descente et rejoindre le deuxième ravito, auprès d'une superbe bâtisse en pierres. Je refais le niveau du bidon en appréciant Coca, petits bouts de fromage et tartine de pâté. 






J'en repars en forme pour la partie du tracé qui va s'avérer la moins intéressante : une descente progressive, d'abord sur route puis sur larges pistes, entrecoupée de rares parties sur sentier. A chaque chose malheur est bon et je convertis cette partie pénible en entrainement pour l'épreuve de 24h qui m'attend dans un mois. L'occasion de s'habituer à une allure lente, une foulée régulière et économe, car je n'ai pas prévu de préparation spécifique, juste des sorties longues comme aujourd'hui mais pas sur des terrains rébarbatifs.






J'ai la chance de n'avoir aucun problème digestif aujourd'hui mais à l'approche des 5h de course, je décide d'arrêter préventivement la boisson énergétique pour la remplacer par un mélange eau/coca dès le prochain ravito. Ma stratégie alimentaire est donc prête, mais s'effondre à mon arrivée au ravito d'Aulas au km30, car il n'y a ici plus de Coca. Les bénévoles nous annonçant un renouvellement du stock sous peu, je prends le temps de manger un peu en buvant de l'eau. Mais les minutes s'écoulent et malgré la proximité du centre nerveux de la course, aucune livraison de Coca n'est en vue. J'en repars donc après dix minutes d'attente, chargé en eau et assez énervé.





J'essaie de gérer cette contrariété et de la transformer en énergie pour avancer. Je double d'ailleurs une nouvelle fois deux coureurs que je distance régulièrement en montée, alors qu'ils me repassent tout aussi régulièrement dans les descentes qui suivent. Ce sont les "yoyos" du jour.


Nous passons les petits villages de Serres et Mars et même si le soleil est caché derrière le relief il fait toujours bon,  mon t-shirt ERREA suffisant pour le moment. Depuis longtemps je n'ai plus envie de sucré et je croque de temps en temps dans une barre énergétique à la pizza. Je suis maintenant parti depuis plus de 6h et je ressens un net coup de fatigue. J'avance cependant mais lentement, sur des sentiers toujours agréables. Le doute a décidé de me rendre visite  et en ces instants de sombres réflexions, je n'envisage plus de faire le trail de 60km prévu début mai, ni même de me présenter à Fontfroide dans une semaine. Je trottine rarement et marche beaucoup, mais c'est aussi là que me vient l'idée géniale de paraphraser une célèbre citation d'Audiard : 
"Un trailer qui marche ira toujours plus loin qu'un critique assis".





Et c'est sur cette belle pensée que j’arrive au col de Mouzoulès, environ au 40ème km. Les "yoyos" y arrivent avant moi, signe que je n'étais pas bien puisqu'ils m'ont passé en montée. Un sympathique bénévole me propose de l'eau. J'hésite car il ne reste que 6km, supposés en descente, jusqu'au prochain ravito mais finalement je refais le plein du bidon, ce qui me sera bien utile. J'assiste ici à un magnifique coucher de soleil sur fond de menhir dressé au col. Un beau moment.






Plus que 18km...




La fraîcheur commençant à tomber, je mets une couche manche longue sous mon t-shirt, me couvre la gorge et reprend la montée en direction de la Fageole. Arrivé au sommet, je pense basculer définitivement dans la descente mais il n'en est rien. Je vais naviguer encore un moment sur un sentier de crête, enchainant courtes montées et descentes. La nuit tombe, mais je recule au maximum le moment d'allumer ma frontale, me fondant dans la nature, au milieu des sous-bois qui composent le début de la véritable descente.



Le sentier est superbe, mais il devient risqué de deviner les pièges qui s'y cachent même si je descends tranquillement. Je me décide donc à allumer. Mais la nuit n'est pas venue seule et elle m'apporte un regain de forme inattendu. Je me surprends à tenir à nouveau une belle allure sur ces petits sentiers et c'est dans un état satisfaisant que j'arrive au ravito du Bez, km46, après 7h30 de course.


Alors que j'avale une soupe chaude, je me force à ne pas entendre les sirènes d'un bénévole qui demande s'il peut ramener quelqu'un vers l'arrivée. Il ne reste que 12km, mais sur un ultra rien n'est jamais gagné. Je mange encore un peu de pâté, prend en réserve un peu de fromage et repars, le bidon enfin rempli d'un mélange eau/coca. A la sortie de la salle, le froid me saisit mais je ne sors pas le coupe vent, sachant qu'en courant je vais me réchauffer.








Car oui, je cours à nouveau et trottine même dans les montées. Mais c'est quand même en marchant que je gravis le raide sentier qui s'élève en direction d'Esparon. La nuit est noire, les paysages absents mais ce chemin a du charme et je le parcours à un bon rythme, suivi d'un autre coureur. On échange peu de mots mais sa compagnie est agréable. On rigole même de cette pente que l'on croyait finie et qui se poursuit encore après Esparon. On finit quand même par basculer dans une belle descente, très technique et c'est un plaisir de naviguer entre les rochers à la lueur de la frontale. Mon compagnon du moment semble manquer de jambes et je le distance rapidement.







Je rejoins ensuite la partie plane qui compose la fin du parcours. Je cours toujours, entrainant un moment un coureur dans mon sillage, en doublant d'autres qui ne peuvent que marcher.


Tout va bien !




J'avale la dernière petite bosse sans mal et j'arrive enfin au Vigan, bouclant mon périple en 9h39. Aucune larme ne me vient mais je suis heureux d'avoir parcouru de très beaux sentiers et paysages, comme d'avoir géré correctement la distance et d'en terminer fatigué, sans être épuisé. Je reçois un joli manches longues de Finisher, discute avec Christian tout en me ravitaillant, avant d'aller prendre une douche réparatrice suivie d'un repas qui aurait pu être plus copieux. Mais l'impression générale est très bonne, le balisage était sans faille et j'ai partagé avec d'autres coureurs une grande satisfaction quant à ce beau parcours, très varié, mais qu'il ne faut pas aborder à la légère. Une course que je recommande et sur laquelle je reviendrai avec plaisir.










Après une bonne nuit de sommeil, fuyant les autoroutes et profitant du soleil, j'ai effectué un retour aussi touristique que ma course, traversant de beaux paysages pour rejoindre Lodève puis les alentours du Caroux. Un très très beau weekend en terre cévenole.