Avant d'aborder le récit de la course, je vous invite à visionner le diaporama ci-dessous pour découvrir les paysages enchanteurs des alentours d'Oukaïmeden.
Mettre en pause la musique sur le lecteur à droite pour profiter de la bande son du diaporama.
J'ai cru, pendant un moment, que je pourrais revenir de
cette deuxième participation à l'Ultra Trail Atlas Toubkal bien moins
marqué qu'en 2011 mais finalement,
quelques heures à peine après mon retour en France, j'ai ressenti comme tant d'autres ce que l'on pourrait appeler le "blues
de l'UTAT".
Tout a commencé pour moi en ce lundi où j'atteins la station
d'Oukaïmeden, au pied de l'Atlas, après un court voyage en avion et une longue
correspondance ennuyeuse à Casablanca. C'est le début de soirée et dans la
chaleur du refuge du Club Alpin Français je retrouve avec plaisir quelques membres
de l'organisation ou coureurs déjà sur place. Comme Oscar Perez Lopez qui
avait prévu de séjourner à Marrakech et a fui la ville bruyante au bout d'une demi-journée
pour retrouver la montagne où il se sent si bien.
C'est d'ailleurs avec lui que le mardi matin je pars explorer quelques sentiers au départ
d'Oukaïmeden. Nous séjournons à 2600m d'altitude et rapidement, même si dans
l'effort le manque d'oxygène se fait ressentir, nous gagnons à 3100m le col de Tizzy'n Addi. La
vue est belle sur la chaîne de l'Atlas toute proche et après une pause je
laisse filer Oscar vers un sommet à 3600m pendant que je redescends sur le refuge.
Avec quelques amis c'est l'occasion d'aller manger un tajine, le premier d'une longue série. La journée
s'étire ensuite entre balades, repos et retrait du dossard, avant un premier repas
du soir où il convient d'être bien couvert pour affronter le froid sous les
grandes tentes berbères.
Le mercredi, la journée est à nouveau très belle et même si
ce n'est pas raisonnable une veille de course, je pars avec quelques autres
gravir le sommet de l'Oukaïmedene à 3262m. Une vue magnifique sur le Toubkal,
une belle descente technique et encore de chaleureux moments partagés. Après le
traditionnel tajine viennent du repos, des retrouvailles avec les nouveaux
arrivants et la préparation du sac pour le lendemain.
Jeudi matin à l'aube, l'heure est venue de prendre le départ. Ludo le
speaker présent cette année met à ce moment-là comme durant tout le séjour une
belle ambiance qui nous détend quelques
minutes avant de nous élancer. Pour ma part la stratégie est assez simple,
partir très vite jusqu'au premier col et à partir de là me poser à l'envie dans
les endroits qui m'inspireront de belles photos.
C'est ainsi que j'effectue mes premiers pas de courses en compagnie du futur
podium du 105km, à savoir Dawa Sherpa, Oscar Perez et Sébastien Nain. Mais même
si la distance qu'ils ont à parcourir est largement supérieure à la mienne, ils
me laisseront sur place très rapidement.
Sur les 11km de pistes montantes et roulantes de ce Marathon de l'Atlas,
je prends un très bon rythme, alternant course et marche dynamique. J'arrive
ainsi au col de Tizi Agouns à près de 3000m, approximativement dans les dix
premiers.
La descente qui suit est d'abord facile sur piste, puis devient plus technique sur les sentiers qui surplombent la vallée verdoyante,
traversant plusieurs petits villages berbères. Les paysages sont somptueux et à
présent en mode photographe, je me fais régulièrement doubler.
Après avoir longé ruisseaux d'irrigation et autre rivière, je parviens
au premier ravitaillement situé dans l'enceinte du gîte de Timicchi. J'y
déguste Coca, cacahuètes et biscuits salés, délaissant les fruits secs, tout en
remplissant mes réserves d'eau pour la longue montée qui nous attend jusqu'au Tizi n'Taccheddirt.
Les deux premières filles m'ayant passé dans la descente, c'est à la
suite d'Aurélie et Séverine que j'aborde ces 1300m d'ascension. Jusqu'au petit village
de Iabassene, qui a perdu un peu de son charme mais a reçu la fée électricité
grâce à quelques fils et poteaux, j'effectue une belle montée régulière.
Pour la suite, il serait facile d'évoquer les pauses photos réalisées, mais la réalité est que je commence
à marquer le coup, regardant les filles s'éloigner peu à peu. Les sentiers ont
rudes, montant régulièrement et le manque d'oxygène à l'approche des 3000m ne
facilite pas ma progression. Je partage durant un moment les pas de Thomas mais
lui aussi finit par me déposer. Le ciel, lumineux ce matin, s'est peu à peu
rempli de nuages, alors que de violentes rafales de vent nous poussent en
arrière.
La température a fortement baissé, j'hésite à sortir les gants de mon
sac pour protéger mes mains alors que j'ai entièrement recouvert ma tête d'un
buff, de lunettes contre vent et poussière ainsi que d'un tour de cou qui remonte
sur mon nez. C'est le passage le plus dur de la course pour moi et c'est avec
ces sévères conditions de montagne que j'atteins enfin le Tizi n' Tacchedirt à 3230m.
Je salue les bénévoles installés là avec une petite tente pour seul abri et je
me dirige rapidement vers la grande descente où comme anticipé je retrouve des conditions
météo plus accueillantes.
La descente est très longue dans ce vallon et peu propice aux photos en raison du ciel
toujours couvert. Je déroule sur les sentiers, parfois techniques, mais sur
lesquels j'étais bien plus rapide un an auparavant. Une section, sur un sentier
taillé à flanc, me parait bien dangereuse et ne me rappelle rien, il me parait
même impossible que j'ai pu courir là un
jour. Et en effet, un peu plus loin, une descente droit dans la pente me ramène
sur le vrai sentier, celui parcouru en 2011. Le baliseur version 2012 semble
s'être un peu égaré en cet endroit.
Christian, lèvre ouverte après une chute.
Par contre, la modification suivante est une vraie réussite, car elle
nous invite à effectuer toute la traversée de Tacchedirt à travers de petites
ruelles où de nombreux enfants nous accompagnent, nous encouragent et mendient
aussi parfois il est vrai. Mais c'est une vraie plongée dans ce pays berbère
authentique qui ne laissera aucun de nous indifférent. A la fin
de ce passage dans Tacchedirt, me voici arrivé au deuxième ravitaillement.
Les bénévoles y sont ici aussi sympathiques et ils nous trouvent plutôt
frais alors que nous avons déjà parcouru 34km. Je prends le temps de déguster
cacahuètes et gâteaux d'apéro tout en m'hydratant,
pendant que je refais le niveau de boisson. J'en repars regonflé par la nourriture
et la bonne humeur qui y régnait, pour affronter une dernière grosse montée en
direction du Tizi n'Addi, soit 600m en moins de 5km.
Pas d'excès de zèle ici, je vais tout monter en marche, lente ou rapide quand
je le peux. Mais je vais bien, pas de période difficile comme dans le col
précédent et je progresse régulièrement en compagnie de deux ou trois coureurs,
dont un qui doit momentanément stopper, saisi par de violentes crampes. Le vent
froid se manifeste à nouveau au passage du col et je plains tout en la saluant
la bénévole postée là pour nous pointer.
Je connais l'ultime descente pour l'avoir parcourue il y a deux jours et
je l'aborde une nouvelle fois en mode tranquille, me faisant rapidement
distancer par mes compagnons du moment. Mais je vais savourer chaque mètre de
ce sentier qui serpente en fond de vallée, longeant les vieilles demeures ocre,
alors que de brefs sanglots me gagnent en vue de l'arrivée, animée par de bons
vieux morceaux de rock.
Je connais peu de monde parmi le public qui m'accueille mais mes presque
larmes se transforment rapidement en un grand sourire et c'est d'une voix quand
même fatiguée que je réponds à quelques questions du speaker.
Ce parcours fut
un vrai plaisir, une grande (re)découverte des territoires reculés de l'Atlas
mais il se mérite et ses sentiers techniques perchés en altitude exigent
beaucoup d'efforts pour en venir à bout. Au terme de ces 42km, on imagine les
capacités qu'il faut pour affronter les 105km du grand parcours, avec des
passages à près de 3500m d'altitude, des sentiers escarpés et une descente de
plus de 1000m droit dans les éboulis, parcourue par beaucoup au cœur de la nuit.
Comme beaucoup j'aurais regretté l'absence d'un
ravitaillement solide à l'arrivée, qui aurait été d'un grand réconfort après tous
les efforts accomplis. C'est donc une fois de plus auprès d'un tajine que
j'aurais été avec quelques amis reprendre quelques forces.
***
Fin du récit, à venir d'autres photos des courses du lendemain, des bons moments passés et sans doute une conclusion bien écrite.
Pour le moment, je ne peux que dire comme l'an dernier qu'il me reste des dirhams et que l'envie d'aller les dépenser là bas dans un an est bien présente.
Retourner sur l'UTAT est en fait je pense dans l'esprit de tous ceux qui ont eu le bonheur de partager ces quelques jours dans cet ailleurs.
11 commentaires:
Vivement le récit de cette course!! Les premières photos sont magnifiques!!Tu vas encore nous faire rêver!!
Salut Mich,
Tu as fait le 42 ou le 105?
J'ai hâte que tu publies photos et commentaires.
A+
Rodolphe
Je n'ai fait "que" le 42km mais c'est déjà un gros morceau.
@+
salut Michel,
que de belles images, çà donne + qu'envie, les montagnes, les tajines, vivement le c.r.!!!!!!!
j'en salive d'avance..!!!!
à bientôt
Attends, c'est énoooorme ce que t'as fait!
Tu as vu le reportage sur FR3 (tout le sport) il y a 20 minutes? J'ai espéré t'y voir mais non. Les images étaient fabuleuses, malgré la souffrance tu as dû prendre ton pied :-)
À+
Rodolphe
Je m'y suis vu, mais c était fugitif.
Récit bientôt !
Super reportage, comme d'hab..
Salut Michel,
Génial ton réçit avec les photos en plus!!!
J'ai un peu souri quand tu as dit que tu as du lâché Thomas à un certain moment car moi, je vous avais laissé partir bien avant...lol C'est vrai que cette montée est très dure...
@ bientôt sur un trail ou à Oukaimeden l'année prochaine... ;)
Chérif
Merci Michel pour ton (toujours) superbe récit. Attirant en effet ce coin d'Atlas.....
Encore une belle aventure sportive et humaine à ton actif et toujours de belles photos qui donnent bien envie de partir immédiatement là bas...
Bravo pour ta course, ton récit et tes très chouettes photos !
Contente de s'être croisés la bas.
Au plaisir sur d'autres sentiers :-)
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