Jeudi 21 Août, je passe sur la remise des dossards, l'ambiance toujours sympathique à Vielle Aure et la traditionnelle pizza entre amis.
Un détail cependant, je retire ses trois étoiles au guide Trail et Pizza à la pizzéria Pic à St Lary qui n'avait aucune trace de notre réservation et ne nous a pas acceptés. Nous avons donc testé la pizzéria Luigi. Bon service, bonne qualité, quantité un peu insuffisante surtout pour les pâtes, mais adresse validée.
La Course
En ce mois d'août 2014, il est des gens qui courent dans les
montagnes sans sourire. Ce sont les Chrétiens d'Irak pourchassés par les
barbares de l'Etat Islamique. Penser à eux et à leurs souffrances aura suffit à
faire disparaître instantanément les doutes et les douleurs qui seront venus me
visiter durant les 120km de ce Tour des Cirques.
Ce fut le principal pilier de
ma détermination pour aller au bout de cette aventure.
Vendredi,
5h du matin, les coureurs du 160km s'élancent sous une pluie dense, ce qui
promet le pire pour nous aussi. J'en termine avec mes préparatifs et découvre
avec plaisir que la pluie a cessé quand je rejoins les bus à 7h. La navette
nous amène à Piau dans une ambiance détendue et nous attendons l'heure réfugiés
au chaud dans une grande salle, devant le défilé des stressés en direction des
toilettes.
9h, le
ciel est couvert mais il ne pleut pas quand on s'élance sur les pistes en
direction du haut de la station. Cette boucle au-dessus de Piau a peu
d'intérêt, si ce n'est celui d'étirer le peloton tout en s'échauffant sur un
parcours sans difficulté, hormis le dénivelé. Au bout d'une heure trente je
suis de retour à la station au milieu des chaleureux applaudissements de tous les
proches restés encourager leur champion. J'effectue une halte rapide au premier
ravitaillement, le temps de réajuster le niveau de mes bidons. Cette fois,
c'est vraiment parti, on quitte le confort de la station pour aller affronter
la haute montagne.
On monte progressivement vers le fond de la vallée, alors
que les premières gouttes de pluie commencent à tomber. Les sommets alentours
sont bien bouchés et c'est maintenant le tonnerre qui gronde, très proche,
semblant affoler ma voisine du moment.
Les coureurs commencent à s'arrêter pour enfiler leur
coupe-vent, pour ma part je me contente de me coiffer d'un bonnet polaire qui
sera un allié précieux durant de longues heures.
Les
minutes passent, la pente s'accentue maintenant et la pluie tombe de plus en
plus en plus fort. Mes deux couches suffisent à me protéger et je préfère
garder mon coupe-vent pour plus tard, comme un ultime secours si la météo
devient vraiment mauvaise. Nous enchaînons les lacets au milieu des éboulis et
seules mes mains deviennent un problème, gagnées par le froid. Je finis par
m'arrêter, un peu tard, pour enfiler les gants qui sont d'un secours immédiat.
L'ascension se poursuit et l'on finit par franchir le Port de Campbiel à 2596m.
En plus du froid et de la pluie, c'est un vent fort qui nous accueille sur
l'autre versant. Ceux qui avaient résisté s'arrêtent là pour enfiler leur
coupe-vent, je préfère parier sur une météo qui va s'améliorer sous le col et
je file en courant dans la descente.
Effectivement,
quelques mètres plus bas le vent se calme, tout comme la pluie, et même sous ce
ciel gris c'est l'été en comparaison de
ce que l'on vient de vivre sur l'autre versant. Mes mains glacées se
réchauffent progressivement alors que le sentier se faufile dans les pâturages
d'altitude. La descente est facile et après avoir croisé les granges de
Campbiel nous plongeons vers Gèdre au travers d'une belle forêt, gagnée par
quelques brumes.
Au-dessus du village le sentier pavé et très glissant
occasionne quelques chutes autour de moi, mais je rejoins sans encombre le
ravitaillement où déjà se comptent les premiers abandons.
J'y suis en environ 5h pour 25km parcourus, conformément à
mes prévisions. Je prends le temps de bien boire et manger, dans l'ambiance
chaleureuse de ce lieu tenu par mes collègues de l'organisation des Citadelles.
Mais il est temps de repartir pour affronter la très belle section qui va nous
mener à Gavarnie.
En
effet j'ai eu la chance de reconnaître cette sublime partie en début de mois,
sous un beau soleil, et ainsi j'ai pu apprécier la beauté sauvage du Cirque
d'Estaubé puis la majesté du Cirque de Gavarnie qui se découvre sitôt la
Hourquette d'Alans passée. Mais aujourd'hui le ciel ne veut pas s'ouvrir et
c'est majoritairement à un mur de brouillard que nous aurons à faire.
Cela
commence dès la très raide montée dans les bois, au départ de Gèdre. J'y croise
Cédric qui redescend, le ventre en vrac, et ne désirant pas s'engager dans
cette partie sauvage et sans porte de sortie. Pour ma part je monte bien, tout
en ayant l'économie comme mot d'ordre. Il ne pleut pas vraiment mais
l'atmosphère au cœur du brouillard est très humide.
Arrivés sur le plateau de Coumély, nous avons droit à une
légère éclaircie qui réchauffe et fait croire en des heures meilleures. Mais la
météo sera changeante tout au long de la journée, alternant brefs paysages
dégagés et purée de pois la plupart du temps. J'ai heureusement bien chargé en
boisson car comme tous les autres je ne verrai pas le point d'eau qui était
annoncé par là. C'était en fait un robinet sans bénévole présent, qui aurait dû
être convenablement signalé. Une des rares erreurs de l'organisation, qui aura
valu à certains de se retrouver à sec ou bien de se servir dans les ruisseaux
croisés.
Le Cirque d'Estaubé lors de mes reconnaissances
Je
continue donc ma route sous une petite pluie, partageant les sentiers de temps
en temps avec quelques connaissances, au gré des rencontres. Je contourne le
lac des Gloriettes, baigné dans l'atmosphère particulière de la brume qui
l'entoure, avant de m'avancer vers le fond du Cirque d'Estaubé.
La progression
est lente, la pente devient de plus en plus en plus raide et j'ai la chance
d'apercevoir les hautes parois du cirque et quelques bribes de ciel bleu durant
les quelques minutes où la brume veut bien se déchirer. Un spectacle bref mais
magnifique sur un des plus beaux endroits du circuit que malheureusement
beaucoup n'auront pas vu.
Je n'oublie pas non plus de boire et manger
régulièrement car enchaîner les lacets en direction du col demande un gros
effort. Je finis par atteindre la Hourquette d'Alans à 2430m, perdue dans un
épais brouillard et gardée par deux sympathiques gendarmes du PGHM. Une photo
souvenir et je m'engage dans la descente vers Gavarnie, au cœur d'une brume qui
ne laisse rien apparaître.
Le Cirque de Gavarnie vu sous la Hourquette d'Alans, lors des reconnaissances
En
dessous du col je retrouve Steve et Philippe et c'est ensemble que nous
arrivons au refuge des Espuguettes où une excellente soupe surprise nous est
servie. Le genre d'attention que l'on apprécie grandement au cœur de cette
humidité ambiante. On en repart regonflés pour terminer la descente sur le
sentier technique qui nous mène au pont de Nadau et de là en direction de
l'hôtellerie du Cirque.
Cette partie se fait en aller retour et l'on croise
Romain qui avait pris de l'avance. La nuit approche et nous décidons de la
passer ensemble, par plaisir avant tout mais aussi parce que c'est une des
recommandations de l'organisation. Philippe de son côté a décidé de s'arrêter à
Gavarnie, une décision qu'il murissait sans le montrer depuis de nombreux
kilomètres.
L'aller
retour vers le fond du cirque de Gavarnie est relativement rapide et comme nous
le disent ceux que l'on croise, ça vaut le coup. On aperçoit très peu les
grandes parois, perdues dans la brume, mais le spectacle de la grande cascade
est toujours un enchantement. Tout le monde y fait sa photo souvenir avant de
rejoindre la ravitaillement situé à l'entrée du village.
Il est installé dans
un bar restaurant, mais malheureusement c'est un tout petit périmètre qui est
réservé pour les coureurs. J'arrive à trouver une chaise pour me restaurer et
me reposer un peu alors que d'autres sont obligés d'aller sur la terrasse
extérieure. Dommage, car nous sommes ici à un point clef d'où il convient de
repartir gonflé à bloc avant d'affronter une nuit que l'on imagine difficile.
Avec Steve et Romain nous passons là une demi-heure à apprécier le ravito bien
garni, les bols de pâtes ou de soupe, et puis une fois chaudement habillés nous
nous élançons dans la nuit tombée depuis peu.
Il est 21h, voila douze heures
que nous sommes sur les sentiers pour 52km parcourus.
9 commentaires:
obligé de retourner du coté du cirque d'estaubé pour pouvoir profiter de la vue. merci pour les photos avec soleil!
Vivement la suite ^^
Franck L.
Ça donne envie de lire la suite. Connaissant tes exploits sportifs je me dis que ça doit être vraiment très très difficile et inaccessible aux tortues comme moi :)
Salut Michel, ton CR vaut bien plus que le suivi de l'UTMB, je te rassure
A+
Pile dans les temps en tout cas pour cette première partie! Vivement la suite!!!!
Comment ça partie 1, ça se fait d'un trait le tour des cirques !
Merci pour les photos au soleil. J'attends la suite nocturne...
Tout est bien résumé, merci pour le Cr
Gregory dossard 2062
Toujours un plaisir de te lire ...
Sympas la 1ere partie ,mais que d'humidité !!!
il me faut un ravito pour attaquer la seconde journée ...a plus tard
Enregistrer un commentaire