vendredi 29 août 2014

Tour des Cirques partie 1 : Piau - Gavarnie


Jeudi 21 Août, je passe sur la remise des dossards, l'ambiance toujours sympathique à Vielle Aure et la traditionnelle pizza entre amis.
Un détail cependant, je retire ses trois étoiles au guide Trail et Pizza à la pizzéria Pic à St Lary qui n'avait aucune trace de notre réservation et ne nous a pas acceptés. Nous avons donc testé la pizzéria Luigi. Bon service, bonne qualité, quantité un peu insuffisante surtout pour les pâtes, mais adresse validée.



La Course

En ce mois d'août 2014, il est des gens qui courent dans les montagnes sans sourire. Ce sont les Chrétiens d'Irak pourchassés par les barbares de l'Etat Islamique. Penser à eux et à leurs souffrances aura suffit à faire disparaître instantanément les doutes et les douleurs qui seront venus me visiter durant les 120km de ce Tour des Cirques. 
Ce fut le principal pilier de ma détermination pour aller au bout de cette aventure.




 


Vendredi, 5h du matin, les coureurs du 160km s'élancent sous une pluie dense, ce qui promet le pire pour nous aussi. J'en termine avec mes préparatifs et découvre avec plaisir que la pluie a cessé quand je rejoins les bus à 7h. La navette nous amène à Piau dans une ambiance détendue et nous attendons l'heure réfugiés au chaud dans une grande salle, devant le défilé des stressés en direction des toilettes.











9h, le ciel est couvert mais il ne pleut pas quand on s'élance sur les pistes en direction du haut de la station. Cette boucle au-dessus de Piau a peu d'intérêt, si ce n'est celui d'étirer le peloton tout en s'échauffant sur un parcours sans difficulté, hormis le dénivelé. Au bout d'une heure trente je suis de retour à la station au milieu des chaleureux applaudissements de tous les proches restés encourager leur champion. J'effectue une halte rapide au premier ravitaillement, le temps de réajuster le niveau de mes bidons. Cette fois, c'est vraiment parti, on quitte le confort de la station pour aller affronter la haute montagne. 









On monte progressivement vers le fond de la vallée, alors que les premières gouttes de pluie commencent à tomber. Les sommets alentours sont bien bouchés et c'est maintenant le tonnerre qui gronde, très proche, semblant affoler ma voisine du moment.
Les coureurs commencent à s'arrêter pour enfiler leur coupe-vent, pour ma part je me contente de me coiffer d'un bonnet polaire qui sera un allié précieux durant de longues heures.
 





Les minutes passent, la pente s'accentue maintenant et la pluie tombe de plus en plus en plus fort. Mes deux couches suffisent à me protéger et je préfère garder mon coupe-vent pour plus tard, comme un ultime secours si la météo devient vraiment mauvaise. Nous enchaînons les lacets au milieu des éboulis et seules mes mains deviennent un problème, gagnées par le froid. Je finis par m'arrêter, un peu tard, pour enfiler les gants qui sont d'un secours immédiat. 
L'ascension se poursuit et l'on finit par franchir le Port de Campbiel à 2596m. En plus du froid et de la pluie, c'est un vent fort qui nous accueille sur l'autre versant. Ceux qui avaient résisté s'arrêtent là pour enfiler leur coupe-vent, je préfère parier sur une météo qui va s'améliorer sous le col et je file en courant dans la descente. 









Effectivement, quelques mètres plus bas le vent se calme, tout comme la pluie, et même sous ce ciel  gris c'est l'été en comparaison de ce que l'on vient de vivre sur l'autre versant. Mes mains glacées se réchauffent progressivement alors que le sentier se faufile dans les pâturages d'altitude. La descente est facile et après avoir croisé les granges de Campbiel nous plongeons vers Gèdre au travers d'une belle forêt, gagnée par quelques brumes. 
Au-dessus du village le sentier pavé et très glissant occasionne quelques chutes autour de moi, mais je rejoins sans encombre le ravitaillement où déjà se comptent les premiers abandons.
 


J'y suis en environ 5h pour 25km parcourus, conformément à mes prévisions. Je prends le temps de bien boire et manger, dans l'ambiance chaleureuse de ce lieu tenu par mes collègues de l'organisation des Citadelles. Mais il est temps de repartir pour affronter la très belle section qui va nous mener à Gavarnie.
 







En effet j'ai eu la chance de reconnaître cette sublime partie en début de mois, sous un beau soleil, et ainsi j'ai pu apprécier la beauté sauvage du Cirque d'Estaubé puis la majesté du Cirque de Gavarnie qui se découvre sitôt la Hourquette d'Alans passée. Mais aujourd'hui le ciel ne veut pas s'ouvrir et c'est majoritairement à un mur de brouillard que nous aurons à faire. 
Cela commence dès la très raide montée dans les bois, au départ de Gèdre. J'y croise Cédric qui redescend, le ventre en vrac, et ne désirant pas s'engager dans cette partie sauvage et sans porte de sortie. Pour ma part je monte bien, tout en ayant l'économie comme mot d'ordre. Il ne pleut pas vraiment mais l'atmosphère au cœur du brouillard est très humide. 









Arrivés sur le plateau de Coumély, nous avons droit à une légère éclaircie qui réchauffe et fait croire en des heures meilleures. Mais la météo sera changeante tout au long de la journée, alternant brefs paysages dégagés et purée de pois la plupart du temps. J'ai heureusement bien chargé en boisson car comme tous les autres je ne verrai pas le point d'eau qui était annoncé par là. C'était en fait un robinet sans bénévole présent, qui aurait dû être convenablement signalé. Une des rares erreurs de l'organisation, qui aura valu à certains de se retrouver à sec ou bien de se servir dans les ruisseaux croisés.
 


 Le Cirque d'Estaubé lors de mes reconnaissances
















Je continue donc ma route sous une petite pluie, partageant les sentiers de temps en temps avec quelques connaissances, au gré des rencontres. Je contourne le lac des Gloriettes, baigné dans l'atmosphère particulière de la brume qui l'entoure, avant de m'avancer vers le fond du Cirque d'Estaubé. 
La progression est lente, la pente devient de plus en plus en plus raide et j'ai la chance d'apercevoir les hautes parois du cirque et quelques bribes de ciel bleu durant les quelques minutes où la brume veut bien se déchirer. Un spectacle bref mais magnifique sur un des plus beaux endroits du circuit que malheureusement beaucoup n'auront pas vu. 
Je n'oublie pas non plus de boire et manger régulièrement car enchaîner les lacets en direction du col demande un gros effort. Je finis par atteindre la Hourquette d'Alans à 2430m, perdue dans un épais brouillard et gardée par deux sympathiques gendarmes du PGHM. Une photo souvenir et je m'engage dans la descente vers Gavarnie, au cœur d'une brume qui ne laisse rien apparaître. 

 Le Cirque de Gavarnie vu sous la Hourquette d'Alans, lors des reconnaissances














En dessous du col je retrouve Steve et Philippe et c'est ensemble que nous arrivons au refuge des Espuguettes où une excellente soupe surprise nous est servie. Le genre d'attention que l'on apprécie grandement au cœur de cette humidité ambiante. On en repart regonflés pour terminer la descente sur le sentier technique qui nous mène au pont de Nadau et de là en direction de l'hôtellerie du Cirque. 
Cette partie se fait en aller retour et l'on croise Romain qui avait pris de l'avance. La nuit approche et nous décidons de la passer ensemble, par plaisir avant tout mais aussi parce que c'est une des recommandations de l'organisation. Philippe de son côté a décidé de s'arrêter à Gavarnie, une décision qu'il murissait sans le montrer depuis de nombreux kilomètres.
 










L'aller retour vers le fond du cirque de Gavarnie est relativement rapide et comme nous le disent ceux que l'on croise, ça vaut le coup. On aperçoit très peu les grandes parois, perdues dans la brume, mais le spectacle de la grande cascade est toujours un enchantement. Tout le monde y fait sa photo souvenir avant de rejoindre la ravitaillement situé à l'entrée du village.

 Il est installé dans un bar restaurant, mais malheureusement c'est un tout petit périmètre qui est réservé pour les coureurs. J'arrive à trouver une chaise pour me restaurer et me reposer un peu alors que d'autres sont obligés d'aller sur la terrasse extérieure. Dommage, car nous sommes ici à un point clef d'où il convient de repartir gonflé à bloc avant d'affronter une nuit que l'on imagine difficile. Avec Steve et Romain nous passons là une demi-heure à apprécier le ravito bien garni, les bols de pâtes ou de soupe, et puis une fois chaudement habillés nous nous élançons dans la nuit tombée depuis peu. 
Il est 21h, voila douze heures que nous sommes sur les sentiers pour 52km parcourus.



9 commentaires:

romain a dit…

obligé de retourner du coté du cirque d'estaubé pour pouvoir profiter de la vue. merci pour les photos avec soleil!

Anonyme a dit…

Vivement la suite ^^
Franck L.

Anonyme a dit…

Ça donne envie de lire la suite. Connaissant tes exploits sportifs je me dis que ça doit être vraiment très très difficile et inaccessible aux tortues comme moi :)

Manu81 a dit…

Salut Michel, ton CR vaut bien plus que le suivi de l'UTMB, je te rassure
A+

Christophe a dit…

Pile dans les temps en tout cas pour cette première partie! Vivement la suite!!!!

Steve a dit…

Comment ça partie 1, ça se fait d'un trait le tour des cirques !
Merci pour les photos au soleil. J'attends la suite nocturne...

Unknown a dit…

Tout est bien résumé, merci pour le Cr
Gregory dossard 2062

alex a dit…

Toujours un plaisir de te lire ...

JM2CJC a dit…

Sympas la 1ere partie ,mais que d'humidité !!!
il me faut un ravito pour attaquer la seconde journée ...a plus tard