mercredi 27 juillet 2016

Buff Epic Trail KV



"Notre route est droite, mais la pente est forte."
Raffarin lors du KV de Matignon


 
Fin d'année 2015, je repère au calendrier espagnol les championnats du monde qui se dérouleront pas très loin de Vielha. La date est cochée, il reste à s'y inscrire. Le Kilomètre Vertical est limité à 250 personnes, dont les sélections nationales. J'ai peur que ce soit vite plein et je réalise les inscriptions dès l'ouverture, courant janvier. Mais finalement la liste mettra du temps à se remplir.
Il ne reste plus qu'à s'entrainer, ce qui est fait puisque cette année est principalement composée d'épreuves courtes. Arrivé à la date, je sais que j'aurais pu être mieux entraîné, un peu plus léger, mais je ne suis pas pro et je prends aussi le temps de vivre. De toute façon je ne viens pas là pour être champion du monde, mais plutôt pour éviter d'être dernier et faire un bon chrono sur ce format de 2,8km pour 1033m+


Le jeudi soir nous voilà sur place. Nous arrivons trop tard pour retirer le dossard, mais nous baignons déjà un peu dans l'ambiance.


Le matin nous sommes sur place tôt. Nous récupérons nos dossards et apprécions la majesté des installations et le professionnalisme de l'orga. Buff est le partenaire principal et nous récupérons de jolis bandeaux et t-shirts.


C'est un vrai championnat du monde, et il y a des coureurs d'un peu partout. J'en profite pour distribuer massivement des flyers du Trail des Citadelles, ici à la sélection japonaise, dans une ambiance sympa, à part du côté de quelques filles scandinaves qui regardent avec dédain les flyers et refusent de les prendre. Seule fausse note.


Le départ est assez tardif, 10h03 pour Marion, 11h20 pour moi, et l'on en profite pour reconnaitre le début du parcours. Tout d'abord une ruelle puis un joli petit sentier, et même si ça monte déjà cela sera la partie roulante, et ici il faudra courir.


Puis on revient à la voiture et pendant que Marion s'échauffe je continue à distribuer des flyers.






Dix heures, les premières filles s'élancent et je suis en place pour encourager Marion. Elle monte bien et je vois que dans celles qui suivent il y en a déjà à la peine.





Sa course se passera bien, doublée sur le final par la future gagnante Christel Dewale, et sur la fin de mon échauffement je peux voir au tableau d'affichage qu'elle a réalisé un très beau chrono de 53'15", soit moins que mon temps sur le récent KV Plum.




Après un inévitable passage aux toilettes et une mise aux abris durant une grosse averse, je suis fin prêt à prendre le départ. Jusque là je prenais cela à la légère, n'ayant pas de vrai enjeu en vue, mais l'attente dans le sas avant le départ me met la pression.
Nous partons toutes les trente secondes, dans l'ordre alphabétique inversé, avec les sélectionnés nationaux tout en fin de liste.




Le site de départ en impose, avec un petit podium d'où s'élancer. Le speaker, sympathique animateur des grosses épreuves espagnoles, me met à l'aise en me complimentant sur mon maillot puis en me disant en français de m'amuser, que je suis ici chez moi.


11h20 je m'élance sur un bon rythme, claquant au passage la main des enfants qui encouragent.


Le temps de traverser la route et me voici déjà dans la ruelle principale. Elle s'achève vite pour laisser la place au joli petit sentier. Je cours, et je trouve la pente déjà raide. J'aimerais marcher, mais le public est nombreux et il n'est pas question de déjà faiblir.


Alors je tiens le coup et je continue à courir.


Dans un tournant, au milieu du public, la championne Nuria Picas est là. Comme les autres elle crie pour encourager et voyant mon buff tricolore elle prend la peine de m'adresser quelques mots en français. Très sympa.

Je continue à m'élever, le public est toujours là mais plus rare, juste de points en points. De toute façon la pente est déjà trop raide et je ferai la majorité du parcours en marche, au mieux rapide. Même sur les rares portions de piste j'essaie de relancer, mais je ne tiens que quelques mètres.




Je passe les 400m+ en 20 minutes, comme lors du KV Plum, toujours sur une base de 50' finales. Je suis donc sur un bon rythme, même si j'ai l'impression de ne pas avancer, d'autant plus avec tous les coureurs partis après moi qui me doublent avec des allures impressionnantes.



Le GPS affiche 2km alors que 500m+ ont été montés. Ce qui veut dire que les 500m+ restant seront grimpés en moins d'un kilomètre. Les pentes annoncées à 50% seront bien là...

Je passe au ravito de mi course où du public est massé. J'avale un verre d'eau vite fait, j'ai avec moi ce qu'il faut en boisson. Et je poursuis sur une pente qui devient de plus en plus raide.


Si certains arrivent encore à courir ici, je ne fais qu'avancer comme je peux, allant chercher péniblement chaque pas après l'autre.
Le public est rare par là, mais je croise les coureurs qui ont terminé et qui redescendent en nous encourageant. Mon buff comme mon drapeau dans le dos me donnent souvent droit à quelques mots de français, et même si je peine j'essaie toujours de sourire un peu ou de glisser un merci.


Un peu plus haut je croise Marion qui m'observe et m'encourage. Elle m'annonce que je suis en train de faire un super temps, je la félicite pour celui qu'elle a réalisé.
Puis je poursuis, toujours vers le haut, sur des pentes extrêmement raides.




Mon chrono semble pas mal et l'arrivée se rapprochant les 50' paraissent envisageables.






Alors j'accélère comme je peux, je sais qu'il ne reste que quelques minutes de course et que c'est le moment de tout donner.
Je pousse sur mes cuisses, je me hisse à chaque pas un peu plus haut, vers ce chrono qui reste à atteindre.
Un coureur me rejoint, un de plus, j'essaie de batailler mais il me passe, manquant de peu de m'embrocher avec ses bâtons.




Je suis quelques mètres à peine sous l'arche, je sais que c'est foutu pour les 50' mais je peux arriver à terminer en moins de 51.
Un autre coureur me rejoint, j'essaie de sprinter avec lui, me servant de sa présence pour forcer encore. Il me passe, facilement, et j'apprendrai plus tard qu'il est le second de l'épreuve en 34'40".
Je franchis l'arche dans son sillage et je reste bloqué là, immobile et tentant de reprendre ma respiration pendant de longues secondes. Puis le cœur se calme et je peux me diriger vers le petit ravito pour boire de l'eau en croquant quelques quartiers d'orange.
Mon objectif est atteint, j'ai réussi un chrono de 50'44" qui me satisfait pleinement. Je ne serai finalement pas dernier non plus puisque classé 90ème sur 120 coureurs, avec quelques étrangers derrière moi dont le sélectionné hollandais (le plat pays, il a des excuses).




Après avoir récupéré, il ne me restait plus qu'à redescendre ces 1000m, ce qui ne se fera pas sans quelques glissades vu la pente et le terrain un peu humide.




Il ne restait plus ensuite qu'à se restaurer et profiter un peu du village de Barruera et des diverses boutiques installées là pour la course. Se reposer aussi un peu, mais j'y arriverai mal durant la sieste, restant dans l'excitation de la course et me repassant en boucle ces beaux moments.
Il en restera assurément de beaux souvenirs avec une très bonne organisation, un parcours énorme et l'ambiance particulière d'un championnat du monde.



Le lendemain, reposés, il était temps de faire une excursion dans le joli parc d'Aygues Tortes, du côté de l'Estany Negre et du refuge Joan Ventosa y Calvell.




















4 commentaires:

Michel a dit…

BRAVO ! BELLE PERFORMANCE POUR TOUS LES DEUX !

CE COIN EST TRES JOLI, BELLES PHOTOS COMME TOUJOURS.











Steve a dit…

SUPER !!
Bravo à vous 2. Il faut la cuisse solide pour ça !

Phil Auch a dit…

Très sympa ces ambiances de contre la montre.
Sacré récit pour même pas 3km de course, chapeau, on s'y croit.
Un grand bravo à vous deux pour cette belle représentation française.

Christophe a dit…

Bravo à vous 2! Mais te connaissant un peu comment font ils pour mettre 34 min les premiers????