KV du Belmaig, finale de notre année sur le challenge national des kilomètres verticaux.
Je laisse la plume à Marion qui jouait là le titre.
C'était le Kv du Belmaig.....
......
Le temps heureux passe vite..... Samedi 12 novembre est déjà là...
Au retour d'Ecosse,
forts de notre reconnaissance du parcours lors de la première heure de
la Traversée, Michel et moi reprenons
l'entraînement. Le parcours devrait être roulant et courable en majorité. Il reste peu de temps. Il s'agit d'être efficaces. L'occasion
d'exploiter nos " terrains de jeu"....
A une semaine de la course grande nouvelle: le parcours est
modifié .... Ce sera beaucoup plus
pentu... Deux derniers entraînements de choc en tenant compte du changement de
programme inattendu ..... On verra bien.
Dernier repas d'avant course clôturé par un délice: des
Granolas trempés dans du café....
Direction Arles sur Tech, comme il y a 5 semaines. Je suis
stressée: je me suis prise au jeu de ce challenge, et maintenant j'aimerais bien le gagner.
Nous avons mis au point une stratégie: Michel partira 30
secondes après moi.... J'essaierai de ne pas me faire rattraper trop tôt, puis quand l'inévitable arrivera, il sera un lièvre de luxe!
.......
Cela fait longtemps que je ne m'étais pas mis une telle
pression avant une course.
Derrière moi partiront des coureuses rapides qui
m'impressionnent. Elles m'auront en
point de mire et se tireront la bourre entre elles, ce qui augmente la vitesse ascensionnelle !
Et Safia s'élancera
dans la pente 1'30 après moi.
Je dois faire un meilleur chrono qu'elle si je veux
conserver ma place.
Devant moi il y a quelques filles que je ne connais pas.
Dont deux espagnoles.
Feu! Pas le temps de réfléchir: on prend d'entrée un mur
terrible qui grimpe dans les châtaigniers.
C'est tout droit dans la pente et ça pique. Je ne me sens pas top au départ, j'ai du mal à accélérer et je ne vois
toujours pas la fille partie seulement 15 secondes devant moi. Petit coup d'oeil par dessus mon épaule:
Michel lui, est déjà là ! Ça me donne un sacré coup de fouet: même si c'est
compliqué, il va falloir se battre. Le travail mental commence alors: dans ma
tête défilent tous les entraînements éprouvants, les séances au pic de Brau, à St Salvayre. Je vais me battre.
D'ailleurs les cuissots répondent bien, je commence à
doubler plein de coureurs. Je reprends
même la grimpeuse espagnole au prix d'un gros effort.
Michel est à portée de voix et ne cesse de
m'encourager.... ça y est il me
passe.... Je m'efforce de prendre son rythme.
On doit être à 400 mètres de D+, le ravitaillement de mi parcours n'est
pas loin.
Chaque fois que Michel me sent faiblir, il m'encourage. Comme sur la Traversée, je l'écoute. Heureusement.... Pâte de fruit
coincée dans le short vite avalée, top là le Migou, un peu d'eau. Je repasse devant Michel qui s'arrête plus
longtemps au ravitaillement.
La coureuse espagnole revient sur moi, me double.... "On s'en fout"....
Après c'est horrible,
je me sens dans le dur, mais dès que je ralentis, Michel, qui doit avoir des yeux derrière la
tête me crie: " c'est courable,
accélère "
Ok, je réfléchirai demain,
on doit être à 40 minutes de course quand une volée de grimpeurs nous
reprend. Pas de fille parmi eux. Je m'oblige à ne pas me retourner, jamais. On est sur la ligne de crête finale,
pas d'arbres pour se cacher aux yeux de mes poursuivantes.
Michel m'achève: il me montre le sommet où sont groupés
quelques coureurs. La fin toute
proche. " Maintenant c'est à fond
jusqu'à l'arrivée ".
Et on court..... Même si ce n'est plus courable......
Le ruban d'arrivée franchi, je ne sais plus. On s'est pris
dans les bras, puis je me suis effondrée dans l'herbe. Ou l'inverse.
.......
C'est la première fois que je repousse aussi loin violemment
mes limites. Seule je ne serais jamais allée aussi loin. Je réalise à quel point
sur ce genre d'épreuve le mental est prépondérant. Ce jour là Michel ne m'a pas portée mais sa
présence, ses mots ont été un moteur
puissant.
Marion : 51'28"
Moi : 50'53"
Je reprends la plume pour retranscrire ma course en quelques lignes.
Retour rapide sur le dernier Kilomètre Vertical
de la saison, sur un format qui piquait bien, 3,6km pour 1000m+.
Au niveau du classement de ce challenge national
je n'avais rien à gagner (peut-être un podium Master 2 mais non récompensé)
alors que Marion en tête du classement avait le titre en vue. Pour cela une
seule option, arriver devant Safia Lise Saighi afin de marquer assez de points.
Après quelques entraînements épiques où nous
nous sommes bien dépouillés, nous décidons donc d'appliquer notre stratégie :
je prendrai le départ du contre la montre trente secondes derrière Marion, la
rejoindrai et à partir de là je l'encouragerai pour la mener à la meilleure
perf. possible.
Sur le papier c'est limpide, mais je ne sais pas
trop où j'en suis et si j'arriverai à faire le lièvre correctement.
15h15 le départ est donné et je pars comme une balle. Rapidement je suis
derrière Marion, très près, mais il me faudra du temps pour arriver à la
dépasser. Mais je suis à portée de voix et je peux l'encourager.
Les pentes sont très raides mais on monte bien.
Je suis passé devant, j'en chie bien sans être à fond et Marion suit. Rapide
halte au ravito, encore plus brève pour elle qui se tire la bourre avec une
espagnole. Je refais l'effort pour la rejoindre et repasser devant.
Après les parties dans les bois, le sentier est
maintenant à découvert mais pas le temps d'apprécier le paysage.
Avec ma montre qui a déconné au départ, aucune
idée du chrono, de la distance ou du d+, juste monter, foncer, marcher vite et
relancer dès que possible.
On tire la langue, mais on est toujours bons.
Et puis on arrive en vue du sommet. Il reste peu
et je relance franchement, tout en me retournant et en criant pour que Marion
donne absolument tout maintenant.
Elle franchit la ligne en 51'28", superbe
chrono preuve d'une belle progression depuis le premier KV de juin. Elle est
quasi morte, mais elle l'a fait.
Safia Lise arrive ensuite, mais impossible
d'être sûrs des chronos respectifs et de qui est devant.
Après une belle descente, en prenant le temps
d'admirer le Canigou en face, il faudra attendre longtemps pour avoir les
résultats définitifs et sauter partout juste avant la remise des prix.
Marion l'a fait, elle a remporté le Vertical Skyrunner France Séries
2016. Bravo à elle, car si j'ai joué de la voix pour cette finale ce sont quand
même ses jambes qui l'ont porté tout en haut.
Marion seconde de la course.
Making of.
Et première du challenge national.
Et pour terminer, l'article que j'ai écrit sur cette belle saison et qui a paru sur Génération Trail :
VERTICAL SKYRUNNER FRANCE SERIES !
Le Titre National pour Marion ROUVIER...
C'est sur les pentes du Belmaig, dans les Pyrénées Orientales, que Marion
Rouvier a remporté en ce mois de novembre le titre national des Vertical
Skyrunner France Séries 2016. Une sorte de championnat de France des kilomètres
verticaux, organisé par la Fédération Française de Skyrunning, qui amène les
coureurs à découvrir quelques beaux parcours des Alpes aux Pyrénées.
Marion
Rouvier, qui consacre sa vie a soigner les animaux au sein de la clinique
vétérinaire qu'elle co-dirige à Limoux, a construit son titre sur les rudes
pentes du Pibeste, de Courchevel et du Montcalm avant de livrer une ultime
bataille lors de la finale du Belmaig sur un parcours de 1000m de dénivelé à
grimper en 3,6km. Une course qu'elle a terminé une nouvelle fois sur le podium
en à peine plus de 51 minutes, là où parfois plusieurs heures sont nécessaires
à un randonneur pour atteindre le sommet.
Un exploit remarquable pour celle qui à peine un mois avant terminait la
Traversée, un ultra trail de 75km et 3500m de dénivelé qui se finissait à
Argelès sur Mer après un beau parcours sur les sentiers des Albères. Une
récupération nécessaire suivie d'une préparation bien menée lui aura donc
permis de briller sur cette ultime épreuve afin de remporter le titre national
qui était le but affiché de cette saison.
L'heure est maintenant au repos pour la coureuse catalane installée dans
l'Aude, avant d'aborder sereinement l'année 2017 et de nouveaux objectifs
essaimés entre trails, kilomètres verticaux et 10km route. Nous lui souhaitons
autant de succès qu'en 2016 sur ces diverses disciplines.
2 commentaires:
Tu es sans pitié Michel! Quelle course. Bravo à la championne de France!
mille bravos à la championne ! quel courage, quelle volonté, et, surtout,
quelles jambes !
bonne fin d'année en attendant, of course, celles de 2017.-
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